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Côté Beurre
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16 mai 2008

Dame Tartine raconte Hollywood...

Salut les enfants ! Aujourd’hui, sur ma tartine, je vais vous raconter une zolie nistoire… Ou à peu de choses près. Elle doit forcément être très jolie, parce qu’il s’agit d’un film hollywoodien. Mieux que ça : pour que tout le monde puisse la partager, cette histoire a été vendue en DVD dans les cafés Starbucks partout aux Etats-Unis, dés sa sortie en 2006 !

Cette histoire s’appelle Akeelah and the bee, ou simplement Akeelah.

Il était une fois, dans un quartier noi… pardon, une banlieue résidentielle à dominante ethnique afro-américaine du sud de Los Angeles, une petite fille de couleur. Comme on ne va pas s’en sortir si on commence à utiliser des euphémismes politiquement corrects, mettons nous d’accord tout de suite : la petite fille est NOIRE. Là, ça y est, je l’ai dit. Elle n’est pas « foncée », ni « ethnique », elle est noire, et ce n’est pas péjoratif. Point.

Cette petite fille, comme la plupart des petites filles, a deux parents qui l’aiment, et elle va à l’école. Mais cette petite fille, dans le film, possède un don inhabituel : celui de l’épellation des mots ! En effet, lorsqu’on lui donne un mot, elle sait l’épeler sans erreur ! C’est en vérité un don merveilleux, car il va lui permettre de s’inscrire au « Spelling Bee », le concours d’épellation.

Oui, aux Etats-Unis, pays encore plus merveilleux que le don précité, il existe un concours dans toutes les écoles, avec des sélections et des finales régionales, puis par état, puis nationales, ou l’épreuve consiste à épeler des mots de plus en plus difficiles. C’est un événement éducatif que de nombreux élèves ne rateraient pour rien au monde, et c’est rigoureusement authentique.

La petite fille dont nous parlons s’appelle Akeelah (d’où le titre). Il s’agit de la transcription phonétique américaine de Aqila, un nom féminin arabe qui signifie « La Sage »… Ce n’est pas un hasard de la part des scénaristes (jusque là si inventifs…), la transcription phonétique de mots exotiques pour servir de nom est une pratique afro-américaine courante.

Shaneequa, Latifah, Keesha et autres Latoya sont apparemment monnaie courante, en dépit du fait que ces noms soient tous plus hideux les uns que les autres, et presque tous mal orthographiés ou mal transcrits… Mais revenons à notre petite Akeelah : elle est noire aux Etats-Unis, dans une école pour noirs, elle est donc forcément illettrée… Ou en tout cas mal partie.

Comme si ça ne suffisait pas, la maman d’Akeelah ne veut pas la voir concourir : elle ne veut pas que sa fille soit déçue et elle estime que c’est trop de boulot et de pression pour elle. Le Papa d’Akeelah, quant à lui, est mort. Son coach est obsédé par sa fille décédée et veut arrêter d’entraîner Akeelah parce qu’elle lui rappelle trop ladite fille… Que d’épreuves !

L’adversaire principal d’Akeelah pour ce concours est un petit américano-coréen que son père, doté d’allures de méchant dans James Bond, pousse à la réussite (un peu façon IIIe Reich)… A la fin, Akeelah et son jeune ami et petit fiancé hispanique (oui, ils ont 11 ans tous les deux, bref…), Javier, deviennent co-champions nationaux du Spelling Bee, et tout est bien qui finit bien !

Tout est bien qui finit bien dans le film, et aussi pour les critiques, qui ont encensé toute la production pour, je cite, « l’image positive des afro-américains présentés dans le film », et le côté « conventionnellement euphorisant » du film (littéralement : conventionally uplifting !). D’ailleurs ce film a reçu des douzaines de récompenses, dont plusieurs Black Movie Awards.

Tant mieux pour Lawrence Fishburne et Angela Bassett, les deux rôles adultes principaux… Le seul point noir (sans jeu de mots…) de ce film, pour la critique, semble être la vision négative du cliché du petit asiatique surdoué que son père mène à la baguette (sans jeux de mots, décidément…). Hou la la, ciel, que d’aventures et de bon sirop gluant.

Et quelle jolie morale… Il faut que les gens ils croivent dans eux-mêmes pour savoir écrire !

Tout ça me donne envie d’arracher les entrailles de toute l’équipe avec une CUILLER EN BOIS !

Pour que les gens sachent écrire, il faut qu’ils apprennent, c’est tout. Rien à voir avec une quelconque croyance.

Mais dans quel monde vivent ces gens ? Apparemment, l’épellation serait un « don » ?! Et moi qui croyais qu’il s’agissait de quelque chose qu’on apprend TOUS à faire PARFAITEMENT ? EH bien non, apparemment, l’état du système éducatif des Etats-Unis en est, et depuis longtemps, au point qu’il faille recourir à ces dérisoires concours empruntés au jeu du dictionnaire pour alphabétiser les gens.

La critique a littéralement fondu devant l’image positive qui est donnée des blacks ? Mais de quelle image s’agit-il ?! D’une image tronquée, taillée, hollywoodienne, d’une famille noire idéalisée, et qui ne reflète qu’une infime partie, fictionnelle, d’une communauté immense, variée, et dotée d’un héritage culturel propre et complexe dans tous les états américains !

Le cliché cloche autant que celui des hispaniques ou des asiatiques dans le film… Et apparemment, personne ne parle des blancs, parfois aussi peu alphabétisés que les minorités si bien « défendues » par hollywood. A mon sens, le pire cliché véhiculé par ce film (et qui reflète hélas une réalité, quant à lui) est qu’il semble MIRACULEUX qu’un américain de 11 ans sache épeler « prestidigitation » sans faute, sans coach spécial !

Et ça, c’est grave…

Fort heureusement, la morale est sauve : le film, malgré tout le marketing du monde, malgré les monceaux de fric qu’ils ont dû dépenser pour que les critiques l’encensent, malgré un partenariat avec Starbucks Coffee pour que les employés le voient avant et en fassent la promo, malgré les bandes annonces, le casting de star et les affiches nazes… Le film a fait un flop TOTAL.

Il y a une justice. C'est pas souvent, mais là, il y en a une : le public n'aime pas les gros navets trop bien-pensants. C'est déjà ça.

Akeelah

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