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Côté Beurre
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4 juin 2012

Cinquante-deux raisons de te larguer :

Aujourd'hui, un petit "conte moral", comme disent les critiques cinéma...

Il était une fois, il n'y a pas si longtemps, un gentil garçon. Bien dans sa tête, pas de complexes particuliers a priori... Sainement agnostique, pas de fantasmes autodestructeurs ni de trips étranges. Un peu bébête quand même, mais gentil... Vous allez voir à quel point il est gentil, et surtout à quel point il est bébête.

Au début de notre histoire, le voilà qui fréquente une femme au demeurant charmante, elle aussi relativement normale et bien dans sa peau, qui a eu un enfant d'un premier lit. Elle ne souhaite pas s'engager de trop, ou alors progressivement, et lui c'est pareil. Elle est indépendante financièrement, pas moche, pas bête, et elle aime bien venir chez notre héros parce que cela leur permet de s'ébattre dans une joyeuse luxure qui leur va bien au teint.

Idéal pour un gars qui, comme lui, n'a qu'un quart de siècle : le beurre, l'argent du beurre, et le cul de la crémière...

Mais bon, toutes les bonnes choses ont une fin... Distrait par une autre jeune fille (plus jeune, plus jolie, sans enfants, plus rebelle, artiste et tatouée comme lui) notre héros décide qu'il s'ennuie avec sa "bobonne" et que le sexe n'est pas si bien que ça, et part rejoindre l'autre. Bon, rien de trop grave, ils n'étaient pas ensemble depuis longtemps. Il fait tout cela contre les conseils de ses amis, mais bon, il a ses raisons, et il fait ce qu'il veut...

Sa nouvelle copine le présente à son groupe d'amis artistes. Elle, elle est étudiante, elle peint, elle fait des collages, et gagne très peu d'argent. Ce n'est pas honteux, c'est un constat. Lui, il a un salaire. Ses amis remarquent que la fille en question n'est libre de le voir que lorsqu'il est payé en fin de mois, et ils le lui disent... Mais c'est "sûrement une coïncidence", non ? Hein ? Dites ? Bref...

Toujours est-il que notre héros remarque chez l'hétaïre de faculté un collage étrange, au plafond de sa chambrette, entièrement fait à partir de la page cinquante-deux de nombreux livres. Si, si, c'est de l'art.

Il avait déjà remarqué sur elle un petit tatouage du même chiffre, très discret... Et certains de ses amis portent aussi un tout petit 52 quelque part sur leur peau. Intrigué, il lui demande ce que ça signifie... Et elle lui répond que si il se le fait faire, elle le lui dira. Bien sûr il est absurde, stupide et inconscient de se faire faire un tatouage dont on ne connait pas la signification, sous la pression d'un proche, et encore plus sous celle d'un groupe... Bien sûr, bien sûr...

Mais, vous allez rire, notre héros au sourire si doux obtempère !

Chantage affectif et/ou sexuel ? Jeu sur sa virilité et son courage de la part de la jeunette ? Oui, sans aucun doute. Mais je pense que notre héros avait une réelle volonté de savoir, d'appartenir à un groupe "cool", et de donner une preuve d'amour, ou au moins de dévotion. Cette volonté a hélas surmonté son sens commun... Ce n'est pas la première fois, d'ailleurs, qu'il se fait faire un mauvais tatouage.

Petite digression : Notre héros voulait se faire tatouer sur le bras. Il avait fait faire le dessin spécialement par un ami... L'aurait-il fait tatouer par un artiste de bonne réputation dans des conditions saines ? Non, il l'a fait faire à l'occasion d'une "tattoo party" dans l'appartement d'un pote. La tatoueuse, cette imbécile, lui a dit "Ah, il y a trop de détails, je ne vais pas pouvoir le faire exactement". Aurait-il répondu "Eh bien dans ce cas ne me tatouez pas, j'irai voir quelqu'un de compétent" ?

Non. Il a répondu "Oh, ce n'est pas grave !". Il porte aujourd'hui sur le bras une version "gamin de douze ans" du dessin qu'il voulait, et c'est bien fait pour lui. Mais il dit évidemment qu'il aime bien, et que ce n'est pas grave... Fin de la digression, qui en dit tout de même long sur le rapport de cet homme au tatouage et à son corps, et sur sa façon d'envisager la vie et la permanence en général...

Tout ça pour dire que, cette fois encore, il est tombé dans l'excès pour son tatouage "preuve d'amour".

Plutôt qu'un petit chiffre discret tatoué à un endroit peu visible et aisément recouvert en cas de déception sentimentale ou autre, le voilà à présent avec un énorme 52 rouge et noir bien visible sur la nuque, tout sauf discret, à la différence de ceux des autres membres du "groupe" ! Et le voilà tout fier qui montre l'œuvre à sa dulcinée le soir même. Elle ne pensait pas qu'il le ferait, même si elle est flattée, et elle lui révèle la signification du tatouage... A condition qu'il ne la révèle pas lui-même.

Fort de cette information, fier et excité, il promet. Et, le lendemain même, elle décide de rompre avec lui.

Ben oui, vous vous attendiez à quoi ?

Faisant contre mauvaise fortune bon cœur, croyant être grand prince, il décide de tenir sa promesse et de en pas révéler la fameuse information... Il clame à qui veut l'entendre que ça valait le coup, bien sûr, mais chacun sait reconnaître un tel mécanisme (par ailleurs pathétique) de protection affective.

Cela valait-il le coup ?

Certes, vous criez, vous hurlez "Quel con !", je vous ai ouï d'ici... Vous vous dites, très normalement, qu'aucune fille ne mérite qu'on se fasse tatouer pour elle (et j'ai déjà mis en garde dans mon billet sur le tatouage contre ce genre de chose bien trop courante)... Surtout pour une relation qui n'a duré que quelques semaines, un groupe de faux amis qui ont coupé les ponts, et une histoire qui a mis fin à son aventure précédente, bien plus saine et positive.

Comme moi, vous vous dites que même si un conjoint m'implorait à genoux, je ne me ferai pas faire de tatouage pour lui sans en connaître la signification, et même alors je réfléchirai à deux fois et resterais sagement sur ma position, pour des raisons évidentes : L'amour se passe de preuves, l'amour ne donne pas dans le chantage. On aime l'autre tel qu'il est, avec ce corps et cet esprit, et on n'a pas besoin de le recouvrir de gribouillis !

Vous vous dites aussi qu'aucune explication a posteriori ne mérite qu'on fasse un tatouage juste pour voir... Ou que l'explication a vraiment intérêt à être hyper bonne.

Vous voulez l'explication ? Vous voulez vraiment savoir ?

Moi oui. Bon, ça m'intriguait, et l'individu en question m'avait dit qu'il me révélerait la vérité si jamais je trouvais la signification du tatouage... Ou, bien sûr, si je me le faisais tatouer moi-même.

Je ne suis pas assez con pour cette dernière option, alors j'ai demandé.

Est-ce que c'est une d'installation artistique vivante faisant partie de son collage ?

Est-ce en rapport avec le nombre de semaines dans une année ?

Le nombre de jours de leur relation ?

La somme des jours de naissance de X ou Y ?

L'année de naissance ou de mort d'un proche ?

Son matricule en prison ou à l'armée ?

Une explication magico-numérologico-ésotérique à la con ?

Les mecs qu'elle a eu ? Ceux qu'elle a eu en même temps ?

Le nombre de ses victimes ?

Le nombre de façons qu'elle connait de tuer quelqu'un ?

Le département de la Haute-Marne ?

Son bus préféré ?

Le nombre de pilules que cette salope sociopathe (n'ayons pas peur des mots) doit prendre chaque jour ?

J'ai demandé tout cela, et plus encore... Rien n'y a fait.

En fin de compte, il a suffi que je demande à un de nos amis communs de l'emmener faire la tournée des bars et de le faire suffisamment boire pour qu'il révèle, comme un con, la vraie raison...

La seule signification de ce tatouage, ce que cet ex psychotique et délétère lui a dit, c'est : "Tu l'as fait parce que tu me fais confiance, ça n'a pas d'autre signification..."

Autrement dit, ça ne veut rien dire... Si ce n'est "Ha ha, pauvre crétin, je t'ai fait te scarifier visiblement et douloureusement juste pour voir si tu le ferais !"

Bien sûr, il va démentir et nier à toute force si on lui demande, mais nous savons tous que c'est vrai dans notre groupe d'amis.

C'est donc juste une blague cruelle à ses dépens. Ce tatouage servira au moins à lui rappeler toute sa vie d'être moins stupide, pourrait-on se dire... Si ce n'est qu'il ne le prend absolument pas de cette manière et est loin de se repentir.

Question connerie, je trouve que ça se pose là.

Quelle conclusion apporter à cette triste histoire ? Je pense que cela se passera de tout autre commentaire, parce que si vous ne savez pas dégager au moins deux morales à cette fable, c'est que vous avez un problème au cerveau... J'aimerais juste ajouter, juré, craché, que cette histoire est vraie. Oui, ces faits sont authentiques à 100% et sont arrivés récemment à un de mes amis.

Je n'ai absolument rien changé, pas même la teneur dudit tatouage, et c'est pour ça que je n'ai pas cité de noms... Cela ne serait pas chic pour cet ami. Il ne risque pas de lire ce blog, mais s'il en a connaissance, il se reconnaitra... Et, là encore, ça sera bien fait pour sa gueule.

Comme disait Benjamin Franklin, la vie est un professeur terrible, mais c'est parfois le seul que les gens écoutent !

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