"Je sais pas..."

... C'est le cri de l'époque. Avec "Ah mais je savais pas", "on m'avait pas dit", "Je sais pas faire, ça, je peux pas", et, mon préféré, "On m' a pas appris à faire ça !"... Bande de moules. C'est à peine croyable : à côtoyer les gens d'à peu près mon âge (un petit peu plus vieux aussi, et les plus jeunes), on croirait que ces dernières générations ne sont pas des humains, mais des poules qui ont trouvé des couteaux.

Mais j'anticipe sur la conclusion...

Je l’ai déjà mentionné : les récents spots de pubs sponsorisés par l’état et nous sensibilisant à telle ou telle cause publique sont de plus en plus nombreux. Ne regardez pas tout de suite, mais je crois qu’on nous materne. Certains disent que la société se fait de plus en plus répressive… Ils ont raison, bien sûr. La loi contre le tabac, cette histoire d’éthylotests… Les campagnes de pubs ne sont que le haut de l’iceberg.

Avant de crier au fascisme et au totalitarisme (un gouvernement totalitaire étant, par définition, celui qui gère tous les aspects de la vie de ses citoyens, du berceau au tombeau, vie privée comprise…) j’aimerais que l’on rappelle un certain nombre de choses : Premièrement, la contestation est là, bien réelle, libre, et sans plus d’entraves que sous François Mitterrand ou Jacques Chirac…

Deuxièmement, la loi liberticide sur le tabac n’a pas fait baisser la consommation d’un poil… Elle n’a fait fleurir que les mauvaises odeurs dans les bars et discothèques, et les terrasses devant les cafés. Je ne me fais donc pas de souci quant à la liberté de nos concitoyens à s’autodétruire : comme je l’avais supposé, ce genre de lois n’est là que pour faire du bruit… Et peut-être pour une autre raison.

L’autre raison c’est que les générations actuelles aiment ça. Nous avons invité un pouvoir, élu une république de plus en plus ferme depuis Mitterrand. Peut-être est-ce à force d’entrer plus tard sur le marché du travail, peut-être est-ce la société de consommation, la société du spectacle ou l’attrait de la tyrannie douce, peut-être est-ce ce côté bobo ou trentenaire régressif de la génération Gloubiboulga… Allez savoir.

Personnellement, je pense qu’il s’agit de la faillite relative du modèle éducatif depuis les années 70… Nous n’en sommes pas au point où en sont les Etats-Unis (point dont nous parlions justement dans le dernier billet sur la bluette ségrégée que constitue Akeelah…), mais nous avons écouté les mêmes sirènes, les mêmes doctrines sociologiques.

Oh, je ne dis pas qu’il n’y a eu que du mauvais, loin de là : Je suis le premier à saluer l’apparition du Conseiller d’Education, qui, même lorsqu’il est con comme un balai, est toujours prêt à écouter les problèmes des adolescents et à prévenir qui de droit en cas de violences, de racisme, d’abus… Mais nous ferons un autre jour, ou jamais, le procès du système soixante-huitard.

Pourquoi fait-on des spots de pub pour ces petits gestes de sécurité évidents comme « ne pas donner des olives et du riz à manger aux bébés, ils peuvent d’étouffer », ou « ne pas aller près des câbles électrifiés » ? Parce que cette génération commet de plus en plus ce genre d’idioties. Parce qu’on ne le leur a pas appris. Ou pas bien, pas assez, de toute évidence.

Pourquoi les professeurs sont scandalisés par les sortants du bac, ceux qui entrent en première année de fac ? Pourquoi les étudiants ne savent plus chercher en bibliothèque, faire une dissertation, comprendre des mots de plus de trois syllabes dans le champ d’étude qu’ils se sont eux-mêmes choisis, faire autre chose que copier/coller sur Internet ? Parce qu’on ne leur a pas appris… Ni appris à l’apprendre.

Parce qu’on ne leur a pas appris les bons réflexes, parce que leurs parents ne les ont pas guidés correctement, parce que l’école s’est arrogé des prérogatives étrangères à ses attributions, on est obligé de tout leur dire arrivés à l’âge adulte… Ou, plus précisément, cela leur paraît plus normal d’aliéner leur responsabilité à quelqu’un d’autre si c’est "pour leur bien".

Je mets donc sur le dos de l’éducation le côté "pouponnière" totalement déresponsabilisant de la société d’aujourd’hui, qui interdit ou recommande des tas de choses "pour notre bien". On a formé quelques générations de gens qui, s’ils ne sont pas totalement incompétents (heureusement !), ne savent pas tous travailler... et sont clairement habitués à ce qu’on leur tienne la main.

Fort heureusement, tout le monde n'est pas comme ça, mais suffisamment pour que ça soit alarmant... ou simplement agaçant.

Toujours est-il que je pense qu’on a privilégié l’estime de soi au détriment de la compétence… Parce qu’on a confondu les deux.

Comments

[El Romanozo]

A partir du moment ou il y a une loi, ça change la vie des gens, ne serait-ce que parce qu'il y a un crime de plus...
Je n'ai jamais dit que la loi antitabac n'avait rien changé dans la vie des gens, au contraire... Mais je doute de son efficacité sur les poumons des gens, et elle n'a pas non plus empêché les gens de continuer à fumer.

[Pafzecat]

"Un trait : danger, deux traits : sécurité"

D'abord, je ne suis pas d'accord, la loi anti-tabac a changé le quotidien de tous les non-fumeurs qui mangent dans des restos le midi, comme c'était mon cas il y a peu. Sans déconner, je mangeais dans un bar-brasserie, dont je peux enfin voir le mur du fond.
Et il parait même que ça a donné naissance à une nouvelle technique de drague : le smirting (Vous googliserez vous même)

Bon, j'avais écrit un gros truc pour expliquer ce que je pensais sur le maternage, mais je me suis rendu compte qu'apres 5 paragraphes, je tombait d'accord avec toi et j'apportais pas grand chose de constructif, alors je résume :

Tout ça, c'est la faute aux cons, et a la société qui veux prendre soin de tout le monde. Du coup on dit aux gens comment manger. Alors les gens qui savent manger se disent "bah a quoi ca sert que j'apprenne, puisqu'ils font des spots télé ?"

Bref, nivellement par le bas. C'est moche.