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Côté Beurre
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13 octobre 2006

Four Fantastique

Tiens, cela fait longtemps que je n'ai pas parlé de l'interprétation sexuelle d'un succès d'Hollywood. Vous auriez pu le deviner au titre, nous allons nous pencher sur l'étrange cas du Dr Richards et de Mr Grimm, c'est à dire des quatre fantastiques. Ces héros des années 60 ont fait l'objet de bandes dessinées sans cesse remaniées, de nombreux dessins animés, et de deux longs métrages filmés.
Le premier long métrage, nous n'en parlerons pas... Ou alors très brièvement. Il a été fait en 1994, et il est tellement mauvais qu'on ne l'a jamais sorti. Il circule piraté ici et là. Mais pas seulement. Marvel a cru bien faire en réunissant une équipe et en faisant un film sans leur dire qu'ils ne comptaient JAMAIS le sortir en salles. Parce qu'ils devaient faire un film dans les dix ans après l'achat de la licence.
La Marvel ne voulait pas faire une version à gros budget, ils n'étaient pas encore prêts, les effets spéciaux n'étaient pas ce qu'ils sont... Bref, le film a été produit par Roger Corman pour VRAIMENT pas cher, et on n'a dit qu'à très peu de personnes la supercherie. Ce film, même mauvais, le bébé de son réalisateur, a été enterré pour que d'autres puissent faire plus d'argent plus tard. Sympa, non ? Passons.
Entrons dans le vif du sujet, le film de 2005. Mais avant, une courte présentation, pour ceux qui habiteraient sur une autre planète : la famille de Reed Richards va dans l'espace avec le docteur Von Fatalis sous un prétexte de recherches quelconques, un accident les irradie et les transforme en mutants, un pour chaque élément. Fatalis, le méchant, hérite des pouvoirs du métal, de l'électricité, et tout ça.
Ceci est d'ailleurs le résumé de l'histoire des deux films, si l'on enlève le temps passé à "développer" les personnages et à montrer leurs pouvoirs. Von Fatalis (Von Doom en anglais) est celui par qui tout arrive. C'est lui qui fait que tout le monde se retrouve avec des super pouvoirs. Il devrait être plutôt content (d'ailleurs il est très content d'avoir des pouvoirs), pourtant il en veut à tout le monde.
Allez savoir pourquoi. C'est peut-être parce que "Von Doom" n'est pas spécialement facile à porter, comme nom. Je veux dire, étant petit, que pouvait-il faire d'autre que de se faire maltraiter par les autres enfants et tenter de conquérir le monde ? Vous avez quelqu'un qui s'appelle Dupont, vous le soupçonnez moins d'être un ignoble savant fou que quelqu'un qui s'appelle "Baron Von Fatalis"...
Tout ça, on ne peut que le supposer en réfléchissant trente secondes, mais le film ne se penche absolument pas sur les origines de la psychopathologie du méchant. Il est juste méchant. Et sexuellement frustré. Oui, parce qu'il voudrait bien se taper l'ex-femme de Reed Richards, Sue Storm, mais qu'il ne peut pas parce qu'elle ne l'aime pas. Alors que c'est quand même une grosse salope allumeuse.
Oui, la femme invisible est une exhibitionniste. Pourquoi les hommes n'ont-ils pas de combinaison spatiale avec le même genre de décolleté ? Et vous n'allez pas me dire que les scènes ou elle se met à poils et ou l'on voit son soutien-gorge vide qui vole ne sont pas complètement gratuites ! Le côté "je suis une scientifique surdiplômée et froide, mais qui se dénude pour un rien", c'est un peu gros.
Donc, première morale de l'histoire, la seule fille du lot est une salope, une allumeuse qui ne sait pas ce qu'elle veut (traduction, quel mec elle veut). Le méchant le devient parce qu'il se sent devenir moche, et qu'il ne baise pas assez, et que malgré tout ce qu'il fait, vu que c'est un gros capitaliste mandarin royaliste (c'est le baron Von Doom, vieille famille de Latvérie, qui deviendra Roi, bla bla bla...).
Les autres personnages ne sont pas en reste. La Chose, vous savez, le caillou orange avec une couche pampers dans la BD, se défoule en frappant tout et tout le monde parce qu'il devient moche. Alors qu'il n'était pas particulièrement violent avant. Et il finit par se mettre avec une aveugle. Morale numéro deux : Si vous êtes moche, tant pis pour vous, vous n'avez qu'à baiser des aveugles. Sympa.
Si ça n'est pas accréditer, approuver et même prôner le fait que les moches n'ont droit à rien dans notre société plus qu'à moitié porno et body-fachisante, qu'est-ce que c'est ? Ben Grimm aussi est d'ailleurs frustré, car l'histoire ne dit pas s'il a un caillou à la place de la bite, ni s'il a gardé une certaine sensibilité à cet endroit... Ni si les aspérités et le côté froid sont particulièrement agréables à ses partenaires.
Ben Grimm se livre en tout cas à des destructions passablement irréalistes mais aussi ultra dangereuses. Par exemple, il effraie un type qui va se suicider. Plutôt que de le laisser mourir (ce qu'il voulait de toutes façons), il stoppe net un gros camion, causant ainsi un carambolage sur le pont de Brooklyn. Et pas seulement un petit accident, hein, un énorme putain de truc sur la moitié du pont !
Tous ceux qui sont ne serait-ce qu'un peu familiers des accidents de voiture savent que, logiquement, TOUS ces gens sont morts. Morts, morts et re-morts. Même avec tous les airbags et ceintures du monde. A commencer par le conducteur du camion : on ne passe pas de 90 à 0km/h instantanément sans une égratignure. Mais bon, c'est une BD adaptée, alors on le voit sain et sauf par la suite.
Et si tous ces gens ne sont pas morts comme ça, ils meurent dans l'explosion soi-disant "contenue" qui s'ensuit, et crame quand même pas mal de voitures. Et il y a d'autres morts, encore, lorsque la torche humaine chauffe comme une "supernova". Ou quand il met le feu à un bateau pour attirer un missile dessus : même si c'est une barge sans passagers, que fait l'équipage ? Et ou va-t-il s'échouer ?
Et dans la scène ou Ben Grimm "emprunte" la voiture des deux vieilles pour la lancer inutilement sur le Docteur Fatalis, vous croyez qu'elles sont contentes de la faire détruire par un super héros inconscient dont la technique c'est cogner jusqu'à ce que ça bouge plus ? Imaginez qu'une des vieilles dise "non, arrêtez, ma petite fille est sur le siège arrière !"... Ben Grimm ne vérifie pas, n'attend pas.
Alors voilà, en admettant qu'ils sauvent des gens (ce qui paraît discutable, vu que les incidents DONT ils les sauvent sont souvent crées par eux, par inadvertance !), ils détruisent la moitié de la ville, doivent sans doute rembourser des millions en dommages à tiers... Et ils sont quand même considérés comme des héros ! C'est ça qui est fantastique. Mais revenons au bouillant Johnny Storm.
Est-ce qu'il donne des brûlures au troisième degré aux filles avec qui il baise ? Il faut espérer que non. Moi aussi je peux m'enflammer, avec de l'essence et le secours de l'aile des grands brûlés d'un hôpital bien équipé. Et apparemment, on lui pose vraiment les questions les moins réalistes lorsqu'il donne la toute première interview au nom des quatre Fantastiques. Vous ne me croyez pas ?
LA question qui tue de la journaliste blondasse : "Est-ce que c'est vrai que Reed Richards peut étirer N'IMPORTE quelle partie de son anatomie ?"... Et la voilà qui glousse en faisant la potiche. Je rappelle que le monde vient d'apprendre qu'il y a quatre super héros de destruction massive parmi eux qui ont causé un carambolage. C'est une question qui dénote que ces héros sont déjà acceptés...
C'est comme si le président annonçait la création d'une grande unité anti-terroriste, et qu'une journaliste pose la question "Oh lala, on m'a dit que le chef avait un très gros calibre... C'est vrai ça ?"... En plus, Mr Fantastique, comme nom, ça fait vraiment vibromasseur. Les fantasmes de milliers d'ados boutonneux ont été nourris, sans doute, par les ébats des deux super héros mariés : Mr & Mrs Fantastic.
Je ne parlerai pas de l'humour pipi-caca de la scène de Mr Fantastique aux toilettes. Je ne parlerai pas du contenu sexuel évident dans tout ce que fait cet "homme latex" avec son costume moulant, à chaque fois qu'il enserre quelqu'un par derrière en poussant des gémissements, à chaque fois qu'il s'étend, à chaque fois qu'il drague Sue Storm... J'espère juste que "élastique" ne veut pas dire "mou".
Examinons pour finir les diverses morales possibles à ce film : "Fie toi à ton coeur pour trouver l'amour", un peu débile quand même, se transforme vite en "si tu es une jolie femme, t'as intérêt à savoir ce que tu veux et à bien choisir, sinon tu vas avoir un psychopathe à tes trousses"... "La beauté est intérieure" se transforme en "Si t'es défiguré, baise les aveugles, vu que nous, on veut pas de toi !".
A la limite, c'est "Les gens beaux épousent des gens beaux, les monstres épousent des handicapés ou des monstres". Enter parenthèses, signalons l'apparition dans les années 80 d'une version féminine de Ben Grimm. Celle-ci,  loin de se morfondre de sa laideur, la trouve bien pratique : enfin, se dit-elle, les mecs vont m'aimer pour autre chose que mes gros seins et ma beauté physique.
La morale de CETTE histoire éclaire le film d'un jour nouveau : Si vous êtes une jolie fille et que les mecs vous emmerdent, le seul moyen d'éviter la discrimination sexuelle c'est de vous défigurer. Eh oui, apparemment, ce n'est pas de la faute des mecs, c'est vous qui êtes trop jolie ! Et la femme qui se rend invisible est aussi une bonne alternative au port de la bourca. Et vive Hollywood...
Encore une autre morale : Etre riche est apparemment un crime. Le gentil Reed Richards fait plein de trucs très chers, mais il dépense uniquement le fric des autres pour vivre  en haut de son gigantesque et luxueux immeuble en plein Manhattan. Quand le méchant, ruiné, impopulaire, renvoyé et éconduit veut qu'on lui donne ce qui lui revient de droit, il se retrouve trucidé sous les applaudissements !
Alors qu'au départ, il n'a rien fait. Il ne veut tuer personne. Il n'a causé aucun accident. Il ne finit par vouloir tuer tout le monde que parce que tout le monde lui en veut et qu'il craque. Et encore ne tue-t-il pas grand monde avant de s'attaquer aux quatre fantastiques imbéciles qui détruisent tout sur leur passage. Morale : arrachez-vous le cul, on ne vous le rendra pas. On vous piquera même la fille.
Et tant qu'on y est, ajoutons-y la morale "baisez avec tout le monde et soyez un jeune con insolent qui fait des cascades au péril de sa vie et de celles des autres", en l'honneur de Johnny Storm. Ou encore "Etre niais paie toujours" si on se fie à Reed Richards. Ou "La violence résout tout, il vaut mieux être super fort, con et moche", en prenant le conte de Ben Grimm. Il y en a d'autres, cherchez bien.
En résumé, les quatre fantastiques est un film à grand spectacle, à grands effets spéciaux, distrayant, bien débile, à ne pas prendre au premier degré, mais qui hélas est pris au premier degré par beaucoup de monde. Tout à fait dans l'air du temps, il a plus de gras que de moelle, et, sexuellement ou non, il n'a qu'une mauvaise allitération en guise de morale. A bon entendeur, fans de comics, salut...

Chris_Evans__si_seulement_l_eau__tait_transparente

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