Et pour le traiteur, on peut prendre le vôtre ?
Cette Saint Valentin, comme l’an dernier, j’ai un amoureux.
C’est toujours le même, ce qui ne gâte rien… Sauf lui, bien sûr ! Lui comme moi aimons bien manger, aussi me suis-je creusé la tête pour tenter de prévoir quelque chose de sympa ce samedi… Comme l’une des pratiques païennes du jeu de l’amour est de préparer un gâteau magique à l’élu de son cœur, mais que je ne suis pas Peau d’Ane, j’ai songé à en acheter un pour deux.
Ce faisant, je suis allé chez Lenôtre pour voir ce qu’ils avaient de neuf.
Il faut vous dire que j’ai depuis longtemps perdu confiance en ce traiteur et pâtissier hors de prix qui vit sur sa réputation, avec du chocolat toujours moins bon et des gâteaux trop sucrés dans l’espoir que l’on ne remarque pas certains ingrédients au rabais ou produits en grande série plutôt que de façon artisanale, qui va jusqu’à apposer son nom à des produits vendus en supermarché…
Tout fout le camp... Pourtant, quelqu’un de ma connaissance m’avait assuré, tout récemment, une amélioration.
J’en sais assez sur leurs gâteaux habituels pour savoir qu’ils ne préparent plus du tout les classiques que j’aimais, ou alors dans une version parodiée : possédant le livre de recettes Lenôtre chez-moi, je vous assure qu’on peut faire largement mieux, et à vil prix, que ce qu’ils proposent. Et j’ai de nouveau goûté leur Opéra, une création qui fit la gloire de Gaston Lenôtre… S’il est meilleur qu’il y a quelques années, ce n’est pas encore ça !
Mais pour la St Valentin 2009, ils ont fait l’effort de proposer quelques pâtisseries spéciales.
Tout d’abord, leur classique mille-feuille… Mais ça n’est pas très original, puisqu’ils le font toute l’année, avec des fruits de saison. En plus, cette recette aux fruits rouges, on aime ou on n’aime pas… Les amateurs du VRAI mille-feuille, quasiment impossible à trouver même à Paris, comprendront mon point de vue. En bref, c’est un gâteau qui n’a rien de particulièrement valentinesque.
Le deuxième gâteau (et on me pardonnera de ne pas citer le nom, que je n’ai pas souhaité retenir) :
Création originale (peut-être un peu trop), un gâteau aux mousses de fruits… Mais avec en sus une « crème de barbe à papa ». Alors je ne sais pas si vous réalisez, mais la barbe à papa, c’est du sucre, du sucre et du sucre. Une crème sucrée au bonbon chimique, quoi. Et cette crème est à l’intérieur, en plus, on ne peut même pas essayer de s’en débarrasser. Certains apprécieront l’innovation… Moi pas.
J’aime les nouvelles recettes, mais pour quelques expériences succulentes, il y en a douze ratées.
Autre création à l’aspect appétissant, un genre de gros cœur rouge (dont el nom m’échappe) à la confiture de fraise, et dont tous les ingrédients cités avec diligence par la vendeuse font envie… Mais il est recouvert de quoi, au juste ? Des marshmallows. Sérieusement. Il faut vraiment arrêter de donner des sous à ces designers culinaires autoproclamés pour qu’ils se masturbent avec des fraises tagada !
Leurs petites émissions spermatiques au gloubiboulga polluent nos palais pourtant avides de sensations.
Pour les amateurs de gâteaux plus raisonnables, On a décidé de ressortir un grands succès… Un immonde tas de fromage blanc avec un cœur de fruits rouges au milieu (je déteste ça) qui s’appelle, je vous le donne en mille, le Schuss. Parce qu’il évoque une montagne enneigée. Non mais vous voyez un gars présenter le gâteau à sa fiancée en lui disant « Alors, pour la St Valentin, ce soir, tu Schuss ? »…
Amis du romantisme et de la poésie, bonsoir…
Et entre cette pathétique liste de spécialités et les gâteaux hors St Valentin, leur espèce de mélange bâtard entre le chocolat et le rhum, ou leur nouveauté de gâteau parfumé au whisky, ou encore leurs « nouveaux classiques » imbibés de liqueurs diverses, j’ai eu l’impression que la philosophie du moment c’est de saouler la fiancée pour qu’elle Schuss quand même.
Du coup, c’est la vendeuse et Lenôtre tout entier qui m’ont saoulés, et je suis parti sans gâteau.
J’irai me fournir ailleurs, après tout c’est la crise, autant éviter de se payer des produits de luxe… surtout si c’est pour manger de la merde. Je connais des tas d’autres adresses moins chères et qui, au lieu de péter plus haut que leur cul et de faire dans l’extravagant ou le dégueulasse comme c’est le cas ici, proposent des choix à la fois nouveaux, délicieux… et moins chers.
Evitez désormais cette nauséabonde adresse : pour ma part, ils m’ont décidément trop de fois déçu.
Mais c'est tout de même dommage... Perdre une bonne adresse comme ça, c'est comme perdre un ami, ça déprime.