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Côté Beurre
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14 février 2009

Les glands épris se rencontrent !

Voici mon billet du 15 février 2006 sur la Saint Valentin… Que je publie aujourd’hui, parce que j’ai autre chose à foutre que d’écrire un nouveau billet, et que c’est dans le sujet. Baisselettes amatrices de berquinades, godelureaux en mal d’offrandes,  apprenez à aimer cette fête même si vous êtes seul ! Moi, je n’ai pas attendu d’être en couple pour bien l’aimer. Tout est dans la façon dont on prend les choses, dont on jette sa gourme (ou son bonnet par-dessus les moulins à vent, pour les filles). Si vous êtes sages, je vous parlerai de la gourme, d’ailleurs.

Je voulais vous écrire un petit post moins dur que de coutume pour la saint Valentin (autant dire un billet doux...) mais j'étais pris. Pour ceux que ça intéresse, il est rare que ma vie sentimentale m'octroie la possibilité de passer cette fête des amoureux avec quelqu'un qui est effectivement amoureux de moi, et dont je suis moi aussi so in love, et encore plus rare que je n'ai rien d'autre à faire que m'adonner aux marivaudages...

Là, j'étais occupé. Occupé à quoi ? Ma foi, que ce soit ou non de la gaudriole, ça ne vous regarde pas. Toujours est-il que j'ai eu vent de nombre de choses très spéciales organisées pour la saint Valentin. Un couple que je connais va se saouler en boite de nuit, ce qui est sûrement très agréable pour eux sur le moment mais qui risque de dégénérer en gueule de bois assortie de triolisme... Mauvais pour les relations. Encore que...

Un autre couple ne fête pas vraiment la saint Valentin si ce n'est que l'un offre à l'autre un bouquet de violettes, loin des traditionnelles et pompeusement passionnelles roses rouges à la douzaine. Fleurs autrefois difficiles à trouver hors des bois, elles symbolisent un amour toujours renouvelé, frais comme au premier jour. En plus c'est délicat, même si ça ne dure pas longtemps. Mais combien de temps dure l'amour ? Pour eux ça fait plus de vingt ans.

Les inévitables couples tape-à-l’œil vont se couvrir de roses, de bijoux, de manteaux, de bons petits plats... Quelques millions de ménages vont envoyer les enfants au lit plus tôt, et quelques millions d'autres vont oublier... D'autres passionnés feront du sexe ou s'enverront des assiettes à la tête. Et au moins un milliard et demi d'asiatiques s'en foutront éperdument, évidemment, vu que ce n'est pas du tout dans leur culture.

J'en connais qui ne vont rien fêter, sécher leur cœur en disant que "de toutes façons c'est commercial", artificiel, que ça fait chier pour rien et que c'est kitsch. Rien de nouveau sous le soleil des bobos ! Qu'est-ce qui n'est pas commercial dans le monde, au juste ? A partir du moment ou vous envoyez une carte ou des fleurs, vous êtes bien obligé de les payer, non ? Et ça n'a pas besoin d'être kitsch, mais c'est un beau geste de se casser le cul pour son amoureux...

Un de mes amis a même été invité à une soirée "anti-saint-Valentin", organisée le soir même. Le paradoxe fait sourire : des couples qui n'aiment pas l'image "rose" de cette fête vont à ces soirées, qui ne sont autre qu'un moyen de fêter comme ils l'entendent la même occasion pour la même raison : leur amour... Et ils ne sont probablement pas au courant de cette ironie. Encore plus fort : des célibataires s'y rencontrent !

Il est vrai qu'à partir du moment où on fixe un jour, c'est "comme si les autres étaient moins importants". On peut arguer que si ce n'est pas comme la saint Valentin tous les jours, ce n'est pas de l'amour... De la merde, oui ! La saint Valentin est une occasion de marquer le coup, on n'en a jamais assez, et tous les prétextes devraient être bons. Et qu'on ne me fasse pas croire qu'un couple doit vivre sans cesse sous le mièvre diktat d'Eros.

Par ailleurs, cette fête est tout aussi respectable que Noël ou Pâques. Elle est assez ancienne (le haut Moyen-âge, ça vous suffit ?), et aussi sanglante que les autres. Ce n'est pas simplement le jour avant coureur du printemps, déjà symbolique de la sève qui monte, celui ou d'habitude les oiseaux (cui-cui...) commencent à faire leurs nids aux alentours de Rome... Saint Valentin est en effet un chrétien martyrisé en 270.

C'est le saint que prient les amoureux, certes, mais pas toujours pour des raisons avouables. Voyez-vous, c'est un de ces saints "guérisseurs" du moyen-âge. Autant Saint Sébastien s'occupait des pestes avec Saint Ignace, autant Saint Valentin s'occupait des maladies honteuses de l'époque. D'abord les maladies des reins, comme les calculs, mais aussi les divers ennuis à la prostate, les hernies, et jusqu'aux hémorroïdes !

Si on veut parler anthropologie, ces derniers, sortes de pertes suppurantes du "bas" de l'homme qui vieillit ou s'est fait enculer (donc qui a perdu de sa virilité d'une manière ou d'une autre), sont vus au Moyen-âge comme… des menstrues masculines ! L'anatomie en ce temps là n'est pas très connue du grand public, à tel point qu'on considère le vagin uniquement comme un pénis inversé. Bref, l'hémorroïde tient du siège... de l'amour.

On en appelait à saint Valentin, dans beaucoup de paroisses, pour bénir les jeunes amants... Romantique ? C'est possible, quand il ne s'agit pas d'un mariage forcé parce que quelqu'un a montré ses fesses a quelqu'un d'autre et qu'il en est résulté un petit accident : On en appelait aussi à lui pour faire passer les grossesses non désirées ou hors mariage, et pour guérir les maladies vénériennes (Vérole, chaude-pisse et compagnie, c'est assez immonde...)

Lors des grandes épidémies de peste, comme les pauvres gens ne savaient littéralement plus à quel saint se vouer, il fit partie de beaucoup de processions, avec d'autres, en sa qualité de guérisseur. Par ailleurs, si l'image du putti très Renaissance, bébé angelot aux ailes blanches et à l'arc doré, a fait surface au XIXe siècle, le "vrai" saint Valentin est un monsieur barbu à l'ample robe... De quoi effrayer les lycéennes.

Quant à Eros, le "vrai" dieu grec, ce n'est pas le bébé que l'on croit : comme sa fonction l'impose, c'est quelqu'un de nécessairement pubère, un éphèbe fin et musclé, digne fils d'Aphrodite, dont l'arc, une fois bandé, envoie toujours le coup au but (oui, la contrepèterie est voulue... qu'est-ce que vous croyez ?). C'est lui qui a enlevé Psyché, la raison, dans la fable mythologique, comme l'amour enlève la raison à ses victimes.

Je vous raconte tout ça non pas pour faire mon intéressant (enfin, un peu quand même...) mais surtout pour que vous puissiez, si vous le souhaitez, vous détacher de l'image standardisée, "marchandisée", critiquée et rose bonbon de cette fête. Voyez-y ce qui vous fait plaisir. Je suis résolument pour les fêtes, et pour les traditions, a condition de ne pas en oublier le vrai sens, de ne pas fêter mécaniquement : il faut que ça apporte quelque chose.

Ici, c'est un message (même si je n'aime pas le terme "message", surtout aujourd'hui, le jour des lettres d'amour, parce que ça fait un peu employé des postes...) qui ne varie pas selon les époques : que ce soit par les flèches d'Eros ou par le martyr de Saint Valentin (tué "pour l'amour du Christ"), malade ou en bonne santé, fou, forcé ou passionné, l'amour est une souffrance... Douce ou non. Sa couleur est d'ailleurs le rouge, celle du sang.

Le vrai sens de cette fête, ou l'on offre symboliquement son propre cœur à l'être cher, c'est le sang versé qui la "rend sacrée"... Et n'est-ce pas ce que tout le monde dit ? Dans un couple, il faut faire des sacrifices.

Sous_la_couette

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