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Côté Beurre
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18 mai 2008

L'idéologie du "mais oui t'es beau"...

Pour des tas de raisons, il me plait de développer le sujet abordé sur l’éducation… Je persiste et signe.

Il y a une idée particulière, transformée en idéologie, qui, je pense, a été extrêmement dommageable au système scolaire tout entier (et elle n’a pas eu cours qu’en France)… Il s’agit de l’idée que chaque enfant est particulier. Au passage, je tiens à dire que cette idée est parfaitement exacte : chaque enfant a des besoins particuliers et est une personne à part entière, qu’il faut respecter comme telle.

Là où on tombe dans la connerie, c’est lorsqu’on mélange ça à la citoyenneté… La notion d’égalité républicaine veut que tous les citoyens soient égaux… Tous ont des besoins différents, mais il faut que tous aient la même éducation… Pour être égaux, il faut qu’ils aient tous la même éducation, donc le Bac. Donc il faut modeler le Bac de manière à tous le leur donner.

Comme toujours quand on mélange la politique et l’éducation, ça donne un joyeux bordel : Les élèves ne sont plus mauvais, ils sont difficiles. Ce qui signifie qu’il est plus difficile à l’enseignant de leur enseigner les choses. En clair, c’est de la faute du prof si le gamin ne fiche rien… Oh, mais ma bonne dame, ça ne peut pas être de la faute de l’enfant : il est spécial !

Il ne faudrait pas vexer les parents, ni heurter la sensibilité de leurs chers petits monstres.

Ben oui, il est spécial, comme tous les enfants… L’enfant est sacré, l’enfant est unique, l’enfant est innocent, l’enfant est bô… Les mauvais élèves « ont juste besoin de plus d’attention que les autres », ou « ont des besoins différents ». Ben voyons ! Evidemment qu’ils ont des besoins différents, tous les enfants ont des besoins différents… Mais c’est rare que ça ait un rapport avec leurs résultats scolaires !

Ceci étant dit, un bon professeur, ou au moins un qui n’est pas trop mauvais, saura qu’il faut effectivement expliquer les choses aux enfants de plusieurs manières différentes… Non seulement pour qu’un maximum d’enfants comprennent, mais aussi pour les exposer à des tas de choses différentes. Et les parents doivent aussi s’y mettre ! Tout ça tombe sous le sens.

Les enfants sont aussi spéciaux et différents que les adultes, voilà tout. Cela ne veut pas dire qu’ils peuvent tous avoir la bac, ou qu’ils sont tous bons, ou au même niveau, physiquement ou intellectuellement parlant ! C’est une erreur flagrante de croire que, si le prof s’applique plus, il va pouvoir faire entrer un abruti complet en prépa, à l’ENA, ou à HEC ! (Quoique, pour l’ENA, j’ai un doute…)

Prenez un groupe d’enfants. Mettons, pour simplifier, qu’il s’agit d’une classe. Eh bien, c’est comme pour n’importe quel autre groupe social : Il y a 90% de cons et 10% de winners (faute d’un meilleur terme… et ce ne sont pas toujours ceux qui ont les bonnes notes qui réussiront dans la vie). Il y en a un bon paquet qui seront limités et n’arriveront pas à grand-chose… Sans pour autant que ça soit une honte !

Vous avez déjà vu des gosses en groupe ? Travaillé avec ? En ce qui concerne les concepteurs des théories fumeuses de la propédeutique encore en vogue un peu partout, j’en doute. Il est évident que, dans tout panel représentatif d’enfants, il en a des petits, des grands, des calmes, des turbulents, des meneurs, des suiveurs, des sportifs, des binoclards…

Et, au risque de paraître politiquement incorrect, appelons un chat un chat : Il y en a des cruels, des sensibles, des polis, des mal dégrossis, des brutaux, des autoritaires, des lavettes, des beaux, des moches, des stupides, des intelligents, des agressifs, des rêveurs, des originaux, des forts, des faibles, des chiants, des mûrs, des pourris, des lèche-culs, et que sais-je encore…

Une miniature de la société. Et c’est normal.

On leur pardonne leurs défauts parfois excessifs parce que ce ne sont que des enfants : des adultes pas encore tout à fait finis, ni plus bêtes, ni meilleurs, qui n’ont tout simplement pas encore l’expérience nécessaire pour être pleinement responsables de leurs actes. Mais il est inutile de sacraliser cet état de fait ! Croire que tous sont merveilleux, ça tient de la superstition !

Et, bien souvent, quand ils ont de mauvais résultat à l’école, c’est DE LEUR FAUTE. Je ne pense pas qu’il faille croire le contraire. Mon avis, si humble soit-il, est qu’il faut leur faire comprendre quand ils font quelque chose de mal, ou pas assez bien. Je ne pense pas non plus qu’il faille les punir à la moindre faute, mais on n’a pas à récompenser leurs échecs… Comment voulez-vous apprendre, sinon ?

Oh, mais il ne faut pas les brusquer, les pôvres chéris… C’est pour ça qu’on ne donne plus trop de prix d’excellence, et qu’on ne cesse d’inventer de nouvelles cérémonies, de nouveaux diplômes, de nouvelles certifications… La mention, autrefois réservée aux meilleurs, a été étendue à tous les diplômés grâce à l’invention de la mention « passable », entre 10 et 12 !

Toutes les épreuves, tous les concours, tous les jeux et toutes les compétitions destinées aux enfants offrent à présent des lots de consolation, et des prix pour tous les participants… Déjà, dans le cadre d’un jeu, je n’ai jamais compris pourquoi, mais quand c’est scolaire, c’est pire ! Tout ça pour que les enfants aient une meilleure estime d’eux-mêmes, soi-disant.

L’estime de soi n’a de raison d’être que si on a conscience qu’on aurait pu moins bien faire : à vaincre sans péril, on triomphe sans gloire, disait l’autre… On en revient d’ailleurs au problème de l’enfant spécial : lorsque tout le monde est spécial, personne ne l’est. Et puis il ne faut pas confondre l’estime de soi et la compétence réelle, ou la force de travail…

Je n’ai rien contre le fait de gâter ses gosses, tout en sachant que l’estime de soi seule ne rend pas meilleur, ou même intelligent.

C’est une évidence, et de nombreuses études le montrent : On en est revenu, de cette idée soixante-huitarde. L’estime de soi seule n’améliore pas les notes, ne permet pas d’avoir un meilleur boulot, et ne change rien au problème des violences si prégnant de nos jours… au contraire : la plupart des gens bêtes, violents, odieux, voire psychopathes, ont une haute opinion d’eux-mêmes !

Les enfants ont donc BESOIN qu’on leur dise que ce sont des gros loosers, qu’ils ont perdu et qu’ils l’ont dans le cul… Quand c’est le cas ! Ils ont BESOIN de ce genre de structure pour pouvoir se corriger, n’en déplaisent aux imbéciles qui, assis dans leur bureau à l’éducation nationale, se sont dit que leur éducation aurait été meilleure si tout le monde avait été premier de la classe !

Les enfants ont besoin d’estime de soi, cela est entendu, et c’est le boulot des parents, pas de l’école… A l’école, ils ont surtout besoin qu’on leur apprenne des trucs. Peu importent les horaires, les profs, les vitamines, la ritaline, la cantine, les besoins spéciaux et les programmes, il y a des choses que tout enfant doit et peut savoir s’il n’est pas trisomique : lire, écrire, compter, apprendre...

Et, si possible, se poser des questions. Pas besoin de psy pour ça.

Estime_de_soi

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