Z'y va dans le métro
Doukipudonktant ? C’est la question que je me pose. Autant les odeurs agressives du métropolitain m’incommodent parfois (dans le métro, tout ne pue pas toujours), autant l’on trouve sur les quais de RER des miasmes infects de toutes provenances, lesquels forment une véritable brume visible semblant se dégager des quais, des tunnels, des bouches d’aération…
J’ai eu l’obligation de faire hier, une fois n’est pas coutume (je remercie le ciel de ne pas habiter en banlieue), un trajet aller-retour en RER. Aux heures ouvrées, quelle misère, il y a de quoi faire peur aux petites vieilles. Oh, la plupart des usagers sont inoffensifs, mais je connais plus d’une rombière parisienne qui, rien qu’à les voir en survêtement, aurait la peur de sa vie.
A ce propos, au retour, j’ai croisé deux jeunes… Comment dire ? Des Djeuns. Je n’aime pas employer le terme racaille, parce que beaucoup s’en offusquent avec raison, mais c’est ainsi que cette communauté d’habitants des cités (pardon, des técis…) se fait appeler… Ou caillera, ce qui est la même chose. Il était tard, il n’y avait presque personne dans la rame.
Ils étaient bruns, rasés et en survêtement, la peau mate et l’accent ô combien typé, mais plus pour se donner un genre qu’à cause d’origines maghrébines. Ils parlaient fort. La musique des écouteurs de mon bidule à musique (l’appareil miniature à lire les fichiers sonores) me coulait dans les oreilles, pourtant je n’ai pas pu ne pas entendre des bribes de leur conversation, à l’autre bout de la rangée de sièges.
T’sais, mais elle me dit comme ça, mets une capote ! mets une capote ! Là, elle criait et tout…
Pis moi j’dis je t’aime, t’sais, elle aime bien, mais elle, elle continue de faire genre non, non, tout ça…
Mais j’ai pas de capote, moi j’étais parti pour la pécho et tout !
Alors moi j’dis comme ça t’sais, c’est toujours quand j’ai pas de capotes que j’taime !…
C’est avec une certaine pudeur que je censure le passage suivant, dans lequel l’amante cède enfin aux attentions si subtiles du jeune homme pour s’adonner, selon les dires du fanfaron, à un coït brutal.
… Et t’sais, après, elle voulait que j’reste, tu vois comment elles sont…
Moi j’l’ai serrée c’est bon, j’ai niqué, j’ai niqué, après c’pas la peine ! Alors j’dis que j’dois y aller, tout ça…
Et le lendemain, t’sais, elle m’appelle ! E’m’dit faut qu’on parle, tout ça… J’lui dis non, j’ai pas envie d’parler !
Elle commence a crier, tout ça, et t’sais c’que j’lui ai dit ?
Attends, attends, trop fort, j’lui ai dit ça sert à rien d’crier le lendemain ! T’as bien crié pendant, salope !
Ou t’as vu ça ? Là, t’sais, j’y ai mis la h’chouma… T’sais j’ai trop envie de niquer !
Là on va au strip tease mais j’te jure j’ai trop envie d’niquer ! Sa mère… Cinquante euros !
Juste pour voir les femmes qui s’trémoussent ! On d’vrait aller à Vincennes, 50 euros, une pute elle suce…
C’est la misère.
Ouais. Je suis d’accord, c’est la misère.