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Côté Beurre
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28 octobre 2009

Everything's so fucking green !

Le 23 mai 2006, un billet sur la glace verte. Et NON, il ne s’agit pas de glace à la pistache.

Cela fait bien longtemps que je n'ai pas proposé de petit exposé didactique dans ce Blog. Je suis certain que mes lecteurs (du moins ceux que j'aime bien) ne sont pas hommes (ou femmes) à refuser d'apprendre quelque chose, et ils me pardonneront si le sujet ne les passionne pas ou s'ils en savent déjà plus que moi. Et puis j'aime bien faire mon intéressant, et il est bon de faire de temps à autre une petite leçon de choses.

Aujourd'hui, dans la série "Le professeur Elromanozo a toujours quelque chose à dire", notre causerie traitera de la couleur des icebergs. Les icebergs (littéralement "montagnes de glace") se détachent des calottes glacières lorsque l'érosion des vagues et des vents les arrache, les calottes glacières regelant progressivement de façon (ordinairement) constante. Leur taille est colossale, mais seul 12% de leur volume environ dépasse de l'eau.

La plupart des icebergs reflètent la couleur de l'eau, du ciel et de la lumière alentours en des nuances de bleu, de blanc, et parfois même de rose ou de jaune. La plupart des scientifiques pensent depuis longtemps que certaines couleurs, notamment les couleurs chaudes, sont dues à la présence de traces d'éléments chimiques dans la glace (cuivre, zinc, fer...). On sait aussi qu'une glace très bleue est en fait très dense, et renvoie simplement la lumière.

On a vu des icebergs gris très sombres, parfois bruns ou presque noirs, contenant des graviers entiers et des morceaux de terre ou de roche. En toute logique, il devrait y avoir peu de glace verte, et cette glace devrait être assez claire, si l'on se fie à ces théories. Toutefois, nombre de marins et de scientifiques rapportent avoir vu des icebergs allant jusqu'à un joli vert bouteille translucide, surtout issus du glacier Amery en antarctique.

Il semble que ce soit là leur couleur propre, puisqu'ils restent verts alors que les conditions de lumière et de climat changent et que les autres icebergs alentours reflètent ces changements. Pour découvrir pourquoi ces blocs de glace gardaient une telle couleur, il a fallu faire des carottages dans ces icebergs ainsi que dans plusieurs endroits de la calotte glaciaire antarctique, et dans la banquise (glace sans terre en dessous).

La banquise est constituée de plusieurs couches : la plus basse est constituée de glace compacte et sans bulles d'air (donc très translucide). Il s'agit de glace formée à partir d'eau de mer, désalinisée par le processus de glaciation. La couche supérieure de la banquise est constituée de glace faite de neige compactée, emprisonnant des bulles d'air et parfois des sédiments, plus épaisse et plus lourde.

En forant les icebergs verts, on a découvert que leur partie émergée (au dessus) était de la même composition que la partie inférieure de la banquise, et présentait en outre des traces d'érosion par la mer, alors qu'il s'agit de la partie émergée de l'iceberg. L'explication est simple : lorsque l'iceberg est arraché à la banquise, il n'est pas rare qu'il se retourne sur lui même, du fait des densités différentes des couches de glace.

Mais pourquoi sont-ils verts ? C'est bien simple. La glace sous la banquise, celle qui apparaît au dessus chez ces icebergs, est formée en couches successives d'eau de mer qui gèle au contact de la glace. Ces plaquettes s'agglomèrent et emprisonnent entre elles des couches de microorganismes, de phytoplancton (plancton végétal) plus ou moins en décomposition, ou qui meurent en se faisant congeler.

Ces créatures microscopiques sont, dans cette région, chlorophylliennes, et contiennent donc des pigments verts. Ce sont ces sédiments, et non pas du phytoplancton vivant ou de grandes concentrations de minéraux ni un jeu de lumière, qui donnent leur jolie couleur à ces icebergs... Du moins c'est ce que suggèrent les observations, mais tout ceci est encore sujet à controverse. Si ça se trouve on découvrira autre chose bientôt.

A ceux que cela intéresserait, renseignez-vous en lisant les travaux de J. Kipfstuhl, notamment, effectués dans les années 90, mais aussi ceux de G. Dieckmann. Vous n'aurez aucun mal à trouver des informations sur Internet en ce qui concerne la glaciologie, la biologie polaire et les calottes glaciaires, c'est un sujet très à la mode depuis qu'on a réalisé qu'elles étaient en train de fondre et que c'était mal.

Iceberg_vert

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