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Côté Beurre
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12 janvier 2009

Vert galant...

Le billet du 31 janvier 2006, faisant la suite des précédents, parlait de Hulk… le film, pas le Comic. Bien sûr, je n’aime pas trop ce héros (c’est épidermique, je n’y peux rien) mais ça m’avait plus de décrypter ce film… Je n’ai pas non plus vu la suite, le second long métrage avec Edward Norton, bien que j’adore cet acteur. Il y a sans doute beaucoup de choses à dire dessus, mais la motivation me manque…

Puisque je suis dans le sujet depuis deux jours, je vais vous parler d'un troisième film qu'on peut revoir sous l'angle homosexuel, alors qu'on ne le soupçonnerait pas au départ. Plus qu'un film, il s'agit d'un genre : le film de Superhéros. Plus particulièrement, il s'agit du film de superhéros ou le héros n'a pas particulièrement envie d'avoir des pouvoirs et ou il est persécuté.

La série des X-Men a ouvert le genre, et tout le monde sait que le réalisateur de ces films-là est gay comme un pinson. Oh, la gaytitude n'est qu'un mince filigrane de cette œuvre, mais les gays adolescents se reconnaissent obligatoirement dans cette minorité de mutants incompris qui découvre sa différence... Surtout qu'ils ont des faciès Hollywoodiens, des costumes kitsch moulants et des pouvoirs que tout le monde aimerait bien avoir.

Il est vrai que les superhéros sont un repère pour toute une génération de gays, costumes, histoires, héros... Ce n'est pas pour rien qu'un des protagonistes de Queer as Folk devient vendeur de comics. Mais revenons à nos moutons filmés : Hulk. Voilà un film qui a vraiment le coming-out comme trame générale. A la limite, il préfigure même le film suivant de Ang Lee, Brokeback Mountain, lui carrément gay jusqu'à l'os (et ouvertement, cette fois).

Hulk, ce n'est pas que l'histoire d'un type qui a de grosses colères, même si ce qui touche tout le monde chez-lui c'est que, quelque part, nous avons tous notre petit bonhomme vert intérieur. C'est aussi (du moins dans le film) une histoire de rébellion contre un père autoritaire. Reprenons si vous le voulez bien l'intrigue point par point...

Bruce Banner est un scientifique émérite, fils de scientifique émérite. A son insu, toutefois, il est le fruit des tentatives très narcissiques de son père pour former un super-militaire xénophobe (oui, Hulk est sensé défendre l'Amérique contre les invasions étrangères... D'où la couleur verte, sans doute) à partir de son propre ADN, manipulé depuis l'enfance et même avant : Bref, c'est le classique "tu seras un homme mon fils"...

Ce que personne en sait c'est que l'ADN tordu, bizarre, anormal, bref queer mais refoulé du Papa est passé au fils, et qu'il n'attend qu'une bonne excuse pour refaire surface, comme par exemple des radiations et autres nanomédicaments suractivés. Et ces radiations rendent Bruce Banner plus fort : en un instant, son Hulk est lâché, métaphore printanière d'une rage réprimée, d'une frustration sexuelle au torse nu, viril et musculeux.

Au cas ou vous ne le sauriez pas, le culturisme est un gros (c'est le cas de le dire) fantasme de la communauté gay, le culte du corps y étant très répandu (ce qu'on appelle le "body fascism") et ce depuis avant même la mode des "clones" dans les années 70 et les dessins de Tom of Finland. Il existe aujourd'hui plein de site de cul (n'ayons pas peur des mots) consacrés au fantasme de l'hypertrophie musculaire...

Dés ce moment, à chaque fois que Bruce est brusqué, ces pouvoirs et ces appétits bestiaux qu'il n'a pourtant jamais voulu font surface et sèment la terreur, leur rage décuplée par le fait qu'ils aient été si longtemps et si expertement réprimés... Par qui, me direz-vous ? La société en général, la minorité morale, mais aussi l'armée, et surtout ce cher Papa qui est la cause de tout : ces appétits, le mode de vie répressif et les débordements.

Il est à noter au passage que Hulk, les forces de l'individu dans le film, se bat contre son père, le caméléon moléculaire, donc quelqu'un qui fait comme les autres, qui représente l'establishment et la conformité dans tout ce qu'il fait et ce qu'il est, et même dans son boulot. Le reste, la vérité, la justice, la liberté et le Modèle Américain, c'est optionnel... Tout comme les scènes d'action et les gros effets spéciaux qui tachent.

Ce n'est qu'à la fin, lorsque Bruce Banner s'émancipe de son père pour ne faire qu'un avec son Hulk intérieur, qu'il peut contrôler ses pulsions et devenir le super-soldat héroïque (un homme, un vrai, malgré ce qu'en pensent les autres) que sa nature commande qu'il soit. Le message est clair : Si vous avez peur d'ouvrir la cage du gorille, souvenez-vous que ce qui fait votre force est souvent ce dont, en vous, vous avez peur.

Et ça, c'est vraiment une moralité style gay-pride : Si vous avez peur de vos pulsions (sous-entendu homosexuelles...) et que vous en avez honte le lendemain ou vous les avez assouvies dans des ébats particulièrement inavouables, acceptez-vous vous-même pour ce que vous êtes, c'est votre fierté qui fera votre force : Ainsi, Hulk devient non une bête incomprise mais un héros de et dans la société.

Bon, moi je dis ça parce que c'est dans le film, hein, maintenant je suis gay, je le revendique, mais je n'ai jamais fait aucune Gay-Pride et c'est pas cette année que ça va commencer. Je n'ai jamais aimé non plus le personnage de Hulk, qu'il soit grisâtre ou vert printemps, même pas quand c'était Lou Ferrigno (qui a un grand fan club gay bien qu'il ne soit qu'un bodybuilder moche de plus) qui le "jouait".

Mais le message est là, je trouve qu'il est un tant soit peu positif... Faites-en ce que vous voudrez !

Oh__un_kiwi_g_ant__

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