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2 mai 2009

Voyage en Homophobie XX : L'Auto-Homophobe...

Nous l’avons vu, notre culture populaire est inondée de stéréotypes homophobes, de messages anti-gays, de croyances erronées sur les homosexuels (religieuses ou non), d’attaques politiques contre les gays, de préjugés populaires, voire de mensonges haineux. Et il arrive hélas qu’un homosexuel y croie. C’est le cas général avant le coming-out, et cela arrive même des années après, chez des gays assumés !

Bien sûr, ceux qui se haïssent ainsi sont plus souvent des gens qui se croient isolés dans leur placard, mais parfois, face à l’homophobie ambiante, même le plus militant et le plus fier des gays peut, à cause d’un passage à vide ou d’une détresse émotionnelle, jeter l’éponge… La pauvre victime finit par prendre trop à cœur les mensonges des bigots, et s’imaginer qu’il y a un peu (ou beaucoup) de vrai dedans.

L’auto-homophobe se reconnaît comme homosexuel, mais voit son orientation comme une maladie, une malédiction, quelque chose d’anormal. Plutôt que de dire que, comme cela n’est pas un choix, nul ne peut le juger, le pauvre s’auto-apitoie : « Je n’ai pas choisi ! Pourquoi qui que ce soit choisirait ça ? »… Comme s’il avait besoin de s’excuser. C’est une pente glissante…

Ces pauvres victimes sont les proies faciles de ceux qui promeuvent les groupes de Gays Réformés : si on leur en donne l’opportunité, ne changeraient-ils pas leur orientation sexuelle ? Un tel homosexuel ne s’accepte pas, et ne se défendra pas, prisonnier qu’il est de la honte, la peur et la culpabilité issues de la propagande homophobe. C’est à cause de cela qu’il se déteste, lui, ce qu’il est, et pas seulement ses pulsions.

Presque toujours, ce formatage, ce véritable lavage de cerveau commence jeune, avec une éducation religieuse ou des parents homophobes, des quolibets à l’école, voire même des violences. Tout ceci empêche la victime de s’épanouir, de vivre pleinement, fièrement sa vie ; réparer les dégâts peut prendre des années, voire même ne jamais être vraiment fini… La plus terrible homophobie est celle qu’on s’inflige soi-même.

Il ne s’agit pas d’un cas extrême ou d’un étranger que l’on doit plaindre : ce gay qui s’auto-apitoie est une partie intégrante de tous les homosexuels dans notre société. Nous vivons dans un monde où l’homophobie est institutionnelle, normative, intrinsèque. Comme le racisme, le sexisme, le snobisme de classe et les autres inégalités sociales, nous sommes TOUS élevés dedans. Sans exception.

Je ne parle pas seulement des homosexuels, mais de TOUT LE MONDE. Même les parents non homophobes s’attendent à ce que leur enfant soit hétérosexuel, et sont tristes « de ne pas avoir de petits enfants »… Imaginez une seconde ce que cela fait de devoir lutter sans cesse contre quelque chose que tout le monde éprouve, y compris soi-même, quand on est né gay ?

Que nous le voulions ou non, cela fait partie de notre vie. Cela nous retient d’une façon ou d’une autre, même lorsque nous refusons de l’admettre, bien que certains combattent l’ignorance, la honte et la haine par de multiples professions de foi d’égalité. A chaque fois que nous cédons à ce sentiment, même par auto-apitoiement, c’est l’intolérance qui triomphe, et les erreurs, les idéologies néfastes de nos ancêtres.

Les gauchers, au moyen-âge, étaient considérés comme démoniaques… Ce trait est-il si différent de l’orientation sexuelle ? Il appartient à chacun, gay ou non, dans une société qui se dit libre, de défier par des questions légitimes toutes les valeurs et les traditions qui circulent. Et cela doit commencer très tôt. L’égalité ne doit pas être un vain mot, l’éducation non plus ! Et ce combat doit être mené à chaque génération…

Sans quoi, aucun pays ne sera jamais vraiment la « grande nation éprise de justice et de liberté » qu’il croit être.

homophobie_20

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