Maybe the Butler did it ?

J’ai un ami qui a toujours voulu devenir acteur. Il est doué, d’ailleurs. Et il a le physique, même a son âge aussi avancé que le mien… Aujourd’hui il est prof de maths. Là aussi il est très doué. Je vais vous dire une bonne chose : acteur, c’est dur. Dur, dur, dur. Dur de démarrer, dur de faire de l’argent, dur quand on n’a pas le coup-de-chance-qui-va-bien ou les-relations-qui-font-que.

Et vu les infâmes sous-merdes qu’on a en ce moment comme acteurs français connus, les horribles laiderons qu’on a comme top-modèles, DJ et autres semi-célébrités, les raclures de bidet qu’on a en guise de présentateurs, vous n’allez tout de même pas me dire que vous n’avez pas au moins UNE personne dans votre entourage, ou que vous connaissez, qui ferait mieux si seulement, un jour, il était tombé dedans !

Et ce n’est pas mieux à l’étranger. Comparez Steevy Boulay et Paris Hilton, deux célébrités qui ne font STRICTEMENT rien, mais qui sont célèbres… Même les chanteuses RnB ou rap du moment selon les pays, pour la soupe innommable qu’elles pondent, avec des voix pas capables de sortir UNE note claire sans avoir été « remastérisée » par ordinateur… Vive autotune et photoshop !

Au fond, qu’est-ce qu’il faut, pour être une star Hollywoodienne, internationale, rich and famous ? Mettons que vous le vouliez, ou que vous vouliez au moins en avoir l’air. Pour être une star de film d’action hollywoodien rentable, il faut, selon toute apparence, remplir une série de critères objectifs… Oui, oui, objectifs. Déjà, l’adage veut qu’on couche pour réussir.

Je ne sais pas si c’est littéralement vrai, mais d’une certaine façon, oui, il faut coucher avec les bonnes personnes : La vraie star hollywoodienne incarne le mâle idéalisé dans lequel se projette l’homme hétérosexuel, mais aussi l’amant idéal fantasmé par les femmes et les gays. Rien que ça. Et, si possible, quelqu’un qui peut aussi massacrer sans pitié des douzaines d’ennemis anonymes tout en étant torse nu.

Pour ce faire, il vous faut derrière vous une véritable artillerie lourde en termes de relations publiques : une femme-outil. Blonde et sexy, OU bardée de relations, plus jeune et pouvant être larguée par la suite, ou plus âgée et accroc à la chirurgie esthétique. Exemples : Jennifer Anniston (larguée pour une meilleure, en l’occurrence), ou Arielle Dombasle (qui tente vainement de paraître jeune).

Mais plus encore que la femme-outil, ce qu’il vous faut en tant que star, c’est le physique. Un physique adaptable, mais toujours hyper masculin. Adaptable, parce qu’il y a souvent des rôles dramatiques dans lesquels vous aurez effectivement besoin de jouer la comédie (pendant moins d’une minute, rassurez-vous) pour obtenir un oscar. Et puis adaptable, parce que vous devez avoir l’air humain entre deux rôles.

Le corps de rêve ne va pas sans les bons gènes, certes, mais surtout sans une équipe qui comprend un coach, un nutritionniste, un agent et surtout un docteur (voire même plusieurs) qui vous fourniront de quoi hypertrophier vos muscles plus ou moins légalement. Eh oui, vous ne croyez tout de même pas que si Angelina est si Jolie et Brad si Pitre, c’est naturellement !

Jadis, il n’y avait que les filles qui étaient sculptées au lieu d’être sculpturales… Les starlettes, ces canons postopératoires, remodelés, retendus et « repulpés », comme dit la pub. A présent, les hommes ne sont pas en reste dans le domaine du préfabriqué. Et ça se voit, d’ailleurs, parce que ce genre de look artificiel demande aussi de l’entretien. Cela peut être dévastateur, de descendre en route du bus chirurgical…

Vous vous souvenez de Gerard Butler ? Mais si, allons, le barbu surbodybuildé, chef des spartiates dans le fameux et fachoïde 300… Ses abdos étaient à damner une sainte, ciselés à râper du fromage et trancher des oignons ! Aujourd’hui, adieu les pecs et le teint de bronze, le voilà flasque, ventripotent et vidé comme une outre. Ses muscles cinématiques n’étaient-ils, comme les décors, qu’une image de synthèse ?

Il est vrai que, ces derniers temps, Hollywood a de plus ne plus recours aux images de synthèses, jusqu’à faire des films entiers avec QUE ça dedans, comme le pathétique Episode II, ou le bien meilleur Avatar (oui, j’ai aimé Avatar, même si c’est un film au message simpliste et débilissime axé sur la culpabilité des américains quant à leurs minorités et l’écologie)… Et dans 300, il y avait aussi la dose. Mais bon.

Non, c’était du vrai, au moins à la base, d’après les photos du tournage. Mais cela n’est pas très différent, n’est-ce pas ? C’est aussi un truquage. C’est votre tour de taille qui vous met en haut de la liste. Gérard Butler, en ce moment, ne souffre pas, à mon avis, simplement d’un excès de bière et d’un défaut de sport. Il faut PLUS que juste du sport pour se maintenir dans une forme aussi… Statue grecque, quoi.

Non, m’est avis qu’il a craqué. Qu’il en a eu marre de marcher sur la corde raide dangereuse pour la santé du « look Hollywood », ce look aux proportions inhumaines, aux muscles secs comme emballés sous vide par une peau hypertendue, au régime déséquilibré du bodybuilder parfait, équivalent masculin de l’anorexie infamante de ces filles, ces squelettes humains que sont les mannequins de nos jours.

Pour nous, simples mortels, il s’agit d’un idéal inatteignable. Tous ces magazines féminins superficiels et dépourvus de contenu qui colportent cette image pourrie de la femme, voici venir leur équivalent masculin… Men’s Magazine, Men’s Health, et j’en passe. Vous les connaissez : des clones, même la couverture, bourrés d’échantillons d’anticerne et réécrivant sans cesse les mêmes articles sur « les abdos en béton » !

Oh oui, comme c’est croquignolet, de feuilleter un de ces torchons ! Les hétérosexuels mâles qui lisent ça disent que les femmes sont superficielles… Qu’est-ce que vous dites de ces titres édifiants : « 1293 Trucs et Astuces sexe, argent, fitness et nutrition »… « Sapez-vous mieux pour plus de sexe »… « Ce qu’aiment les femmes sexy »… « Brûlez les graisses, gagnez du muscle, votre arme secrète »…

Evidemment, il y a des trucs qui marchent. Mais honnêtement, pour avoir un corps de rêve, cela ne dépend que de deux choses : premièrement, c’est du boulot. Artificiellement ou non, il faut être au régime de façon permanente, prendre soin de son corps et de son visage constamment, et ne pas se relâcher… Et ça devient de plus en plus dur au fur et à mesure que vous vieillissez, bien sûr !

Deuxièmement, mais c’est le plus important, il faut avoir ce corps en germe, si l’on peut dire : La génétique, il n’y a que ça de vrai. Les variables comme un métabolisme naturellement efficace et qui mincit vite et bien, la disposition des muscles, la largeur de votre cage thoracique… C’est ce qui fait que certains hommes ont un corps de rêve après un régime, et que certains autres ressemblent à des tonneaux disproportionnés, même musclés.

Et puis, fondamentalement, ce dont vous aurez besoin pour être une star, en plus de tout ça, c’est la jeunesse. Pareillement aux filles cueillies en graine au tendre âge de seize ans (ou plus jeune) puis maquillées en femmes de vingt-neuf pour les publicités, c’est très jeune qu’on fait les stars de demain, comme Zac Efron (refait de partout, celui-là aussi… ça se voit, quand tout le monde finit par avoir le même nez).

L’argumentaire de base pour vendre le rêve Hollywoodien est le même que pour les cosmétiques, du reste : On vous fait acheter le miracle que vous voyez à l’écran, on vous fait croire que votre corps est aisément modelable à plaisir, comme de l’argile, alors que, clairement, c’est dangereux. Oui, parce que les fées qui se penchent sur le berceau des stars nouvelles nées ont pour nom Anabolisant, Purge et Chirurgie.

Un bon exemple : Les stars européennes recyclées par Hollywood. On voue de plus en plus de moyens à ce genre de choses. On ne sait que trop comment Antonio Banderas a laissé tomber Almodovar pour Hollywood, sa carrière partant vulgairement en couilles de film pour enfant en adaptation de jeu vidéo, et combien il a peiné pour se remettre à flot…

Rutger Hauer, de même, a gâché son potentiel en Amérique. A-t-il joué autre chose, dans cette deuxième carrière, que des méchants et des grands blonds vaguement psychopathes ? Gerard Butler, pour y revenir, qui était un écossais plutôt pas mal avant 300, a payé sa célébrité bien éphémère de quelques retouches spectaculaires vite parties à vau l’eau… A la même vitesse que sa carrière, d’ailleurs.

Les histoires de ce type sont nombreuses. Christian Bale a renoncé à son corps normal de jeune britannique quand Batman est venu frapper à la porte, Daniel Craig s’est transformé en bœuf aux hormones pour James Bond, et Hugh Jackman s’est marvellisé pour jouer Wolverine. Tobey Maguire (un autre Marvel-boy), Ryan Reynolds (Blade III), Stephen Dorff, Jake Gyllenhaal… Ils sont nombreux.

Et Taylor Lautner, vous connaissez ? C’était risible de el voir expliquer, sur le tapis rouge des Golden Globes, comment il a fait pour perdre 15 kilos de muscles depuis Twilight 2 avec cette réplique idiote : « Je suis tellement occupé. C’est difficile de maintenir son poids ! »… Tout ça sent le stéroïde à plein nez. Les gains musculaires acquis « normalement » partent beaucoup moins vite…

Rien que de très normal pour un acteur que de changer de look, me dites-vous ? Allons, on ne parle pas maquillage ou de garde-robe, ni même de prendre ou perdre vingt kilos pour un rôle ! Il s’agit de métamorphose chirurgicale, de changements drastiques que ces acteurs paieront plus tard en cicatrices et en mauvaise santé. Tous ont réussi d’étonnantes transformations, et certains n’ont pas tenu le coup après.

Comme pour tous les régimes « miracles », comme lorsqu’on ne mange plus que liquide pour perdre dix kilos en deux semaines, un tel programme, dans des circonstances aussi strictes et suivies, donne bel et bien des résultats. Mais le corps humain ne peut pas tenir le rythme bien longtemps, et, dés que le régime varie d’un micropoil, tout le travail effectué est à refaire !

Dans les interviews promotionnelles, exercice de style obligatoire des médias modernes, on nous abreuve de répliques toutes faites du style «  (insérez nom du réalisateur ici) est un génie, j’adore travailler avec lui… et (insérer co-star) est si professionnel(le), pas du tout diva… », et bien sûr la fameuse « Mais COMMENT faites-vous pour avoir ce corps de rêve ? – Mais c’est très simple, Sharon… ».

Suivent les conseils bateau inévitables qu’on retrouve chez les athlètes professionnels et dans le porno gay… « Je n’ai mangé que du blanc de poulet et de la salade, avec les suppléments naturels recommandés par mon coach »… « J’ai fait des centaines d’abdos par jour, mon personal trainer m’a vraiment martyrisé »… « Honnêtement, il suffit d’avoir de bons gènes et de persévérer… »

Bien sûr. Sans blague. J’ai connu un mec qui avait un métabolisme efficace. Ça ne fait pas tout. Non, il vous FAUT l’équipe médicale derrière pour avoir le look de la star Hollywoodienne. Sérieusement, vous l’avez vu, Gerard Butler post-300 ? Il n’a pas simplement arrêté la « persévérance » pour le week-end. Quand on a « de bons gènes », on ne passe pas du physique qu’il avait fin 2009 en couverture de ce magazine…

… au bide qu’il a en janvier 2010 pendant ses vacances à La Barbade !

Mais ne vous inquiétez pas… Même si vous, vous n’y arrivez pas, lui sera encore au top si on le lui demande. Avec un danger minimal (tu parles…) pour son système cardio-vasculaire, il rebondira, il reprendra son régime spartiate à tout point de vue, et vous retomberez amoureux de ses muscles d’acier dans quelque comédie romantique suivie d’un article passionnant dans votre magazine préféré…

Les films, c’est une illusion, bien entendu. Dans la vraie vie, ce sont les petites imperfections qui rendent l’autre attirant tout autant que ses qualités. Il ne fait pas bon comparer un homme ordinaire à une statue sur son piédestal… C’est toujours la statue qui gagne à la fin, et le corps de l’homme, lui, résiste mal à ce qu’il doit subir pour obtenir, temporairement, un pénible ex-aequo.

Alors, vous êtes sûr que vous voulez devenir une star, finalement ?