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Côté Beurre
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28 mai 2009

J'ai toujours la banane...

A la demande générale, après de nombreux messages de fans baveux (« Non ! Plus de bananes ! » « Pitié, le billet sur la banane était vraiment trop long ! » « On en a vraiment marre de tes sujets pourris » « NON JE TE DIS ! »… Et j’en passe), je vais vous parler à nouveau de ce fruit merveilleux et jaune qu’est la banane. Oui, je sais que vous aimez ça.

Je plonge donc à nouveau « à fond dans le subversif » d’un « sujet d’actualité », comme le dit un ami.

Après avoir abordé la banane dans ce qu’elle avait de plus nutritif, je vous avais laissé, si l’on peut dire, sur votre faim. Car la banane ne se mange pas simplement telle quelle, loin de là, même si peu de choses sont aussi délicieuses ! Le cake à la banane, la glace à la banane, la banane flambée, le beignet de banane, la plantain consommée en légume, ce n’est qu’un maigre échantillon de la cuisine bananière…

Il y a tant de recettes africaines ou tropicales qui emploient les feuilles de bananier pour faire cuire à l’étouffée viandes, poissons ou même desserts, qu’il serait impossible de toutes les citer… Parmi ces délices, il y a le flan thaïlandais, et le fameux poisson ou poulet au lait de coco. Enfin, en bonne place parmi les recettes avec de la banane, trône le suggestif et délicieux banana split !

Le banana split, ou « banane séparée », fut inventé par David Evans Strickler, apprenti pharmacien, en 1904.

Il s’agit, pour les ignorants, de trois boules de glace (fraise, vanille, chocolat, ou trois boules vanille chez les Belges, qui s’y connaissent décidément bien plus en gaufres qu’en glaces..) agrémentées d’une banane coupée en deux dans le sens de la longueur, le tout nappé de sauce au chocolat et de chantilly. On peut la garnir d’une cerise confite ou d’amandes effilées, ou d’autres fioritures. C’est délicieux.

Lio en a fait une chanson qui porte ce même nom, comme vous le savez sans doute déjà : C’est le dessert que sert l’abominable homme des neiges. Eh non, nous n’avions pas fait le tour de toutes les chansons bananières la dernière fois… J’avais charitablement omis de parler de la chanson de Philippe Risoli, celle de Carlos, et même de « la Banananana » de Bobby Lapointe (pas une de ses meilleures…).

Tournons cette page. J’insiste.

Mais on ne peut parler de la banane sans aborder les métaphores autour de celle-ci… Si nous avons déjà parlé de la métaphore phallique du style « touche la banane et mouds le café », sachez que la banane figure symboliquement le sourire radieux (en forme de banane, mais, espérons-le, moins jaune…) comme en atteste le titre de ce billet et du précédent sur le même sujet…

« Eh, banane ! » Est aussi une insulte, qui signifie à peu près la même chose que « eh, patate ! », probablement parce que ça sonne à peu près pareil. La banane est aussi un type de coiffure en rouleau, protubérance cylindrique évoquant souvent ce fruit, portée sur l’avant et gominée, à la Elvis Presley. Les premiers rockers portaient la banane, et encore aujourd’hui le grabataire Dick Rivers…

En anglais, on appelle ça le style « Pompadour », et ça n’a rien à voir avec la banane.

Le nom de la banane, d’ailleurs, est probablement d’origine bantoue, et nous vient après passage par le portugais, et n’a pas grand-chose à voir avec la banane elle-même, puisque le bananier est appelé en portugais « Figuera Banana », le figuier qui porte des bananes, sans doute par opposition au figuier qui porte des figues… Sachant qu’aux Antilles et à la Réunion, la banane est appelée « figue », en créole. Oui, c’est le bordel.

Il n’empêche qu’on en dit pas « république figuière » mais bien « bananière ». Cette expression est d’ailleurs utilisée à tort et à travers pour désigner diverses dictatures sinistres, alors qu’il ne s’agit pas de ça : Une république bananière est simplement un pays dirigé par un gouvernement corrompu, ou manipulé (et de ce fait corrompu) par une puissance extérieure ou de grands intérêts financiers.

On le voit, cette appellation souvent réservée aux dictatures sud-américaines s’applique à de nombreux états !

Dans la première moitié du XXe siècle, un grand producteur de bananes (la United Fruit Company, dite « la pieuvre ») finançait la plupart des états de l’Amérique Centrale pour mieux conduire ses activités. Depuis lors, cette expression sert à désigner un pays politiquement instable, au gouvernement corrompu et palatial, qui dépend d’une agriculture limitée, et qui tend parfois vers la dictature sous des dehors constitutionnels.

Juntes militaires autoproclamées républiques populaires, classes supérieures très riches dominant une classe inférieure de paysans sous-éduqués et sous-payés, économie primaire dépendante d’apports de grandes compagnies étrangères des pays plus développés (et servilité du gouvernement vis-à-vis de ces compagnies), révolutions et coups d’états ne changeant jamais rien, autant de signes d’une république bananière.

De nombreux pays, y compris les Etats-Unis, l’Australie et tous les pays d’Europe, ont été accusés d’être des républiques bananières… à tort ou à raison.

On peut cependant dire avec une certaine justesse que l’Europe est une sorte de république bananière : Elle comporte au moins une banane, la « banane bleue ». Ce n’est pas une œuvre d’art d’Yves Klein, mais bien une métaphore pour la Megalopolis Européenne, la colonne vertébrale qui va de Milan au Nord-Est de l’Angleterre, décrivant une courbe élégante (et bananesque) par le Bénélux et le Rhin pour soigneusement éviter Paris.

La banane bleue comprend les villes de Liverpool, Manchester, Leeds, Sheffield, Birmingham, Londres, la conurbation Lille-Kortrijk-Tournai, tout le Benelux, la Meuse-Rhénanie, la région Rhin-Ruhr, Francfort et la région du Rhin, Mannheim, Saarbrücken-Forbach, Strasbourg, Stuttgart, Munich, Basel (en Suisse, si, si), Zürich, Milan et Turin, pour un total de 78,4 millions d’habitants : Plus que toute la France !

Bon, je dis ça uniquement parce que ça peut vous intéresser, au vu des prochaines élections…

Mais comme tout le monde s’en fout, de cette putain d’élection pourtant primordiale à laquelle il n’y aura qu’un seul tour, qui devrait décider de nos destinées bien plus que la présidentielle… Mais comme le réflexe dans la crise, quand l’Europe se casse la gueule, est plutôt « roulons nous en boule dans un coin sur nos convictions nationalistes puantes, ça passera », au lieu de « serrons-nous les coudes »…

En fait, ça vous passionne encore moins que les bananes, ça, hein ?

Banane_qui_enl_ve_le_haut

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Commentaires
E
... De ce commentaire engageant ! Cela faisait longtemps que tes interventions un peu fleur bleues n'avaient pas egayé ce blog un peu fleur du Mal... Et ça m'avait manqué !
S
Merci pour ces billets si éloignés de l'ordinaire désolant. Banane cochon c'est l'autre nom de la banane plantain, "outremer", va savoir pourquoi.<br /> <br /> Je croyais que les singes (le livre de la jungle?) ne vivaient que là où poussent les bananes, mais comme tu dis que c'est un fruit domestiqué, ça ne tient pas, et je suis un peu déçu.<br /> <br /> Tu m'as donné envie d'une virée au Paradis du Fruit ;)
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