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Côté Beurre
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26 mai 2009

J'ai la banane...

Après une longue période d’absence, je reprends la plume (si numérique soit-elle) pour vous parler à nouveau de sujets de la plus haute importance… En effet, j’étais bien tranquille au fond de mon monastère (pour vivre heureux, vivons cachés, comme disait l’autre), mais même dans le fond de ma sombre et sobre retraite, je n’ai pu rester sourd aux sirènes de la stupidité humaine, comme autant de muses salaces tentant le poète antique…

Elles habillées d’un peu d’imagination, lui aux mœurs plus libres que ses vers…

« Ouh, ouh ! Nous sommes de si belles conneries, nous sommes toutes visqueuses et grossières ! Pourfends-nous, gentil bloggeur ! Prends ta plume, allez, prends ta plume à deux mains, mon cousin… » Chantaient-elles. C’est ainsi que, paradoxalement persuadé que le monde n’attendait que mes dissertations pataudes sur le fait que personne ne m’écoute, je me suis remis à écrire quelques billets.

Après cette introduction d’un lyrisme échevelé, je me devais de choisir un thème parfait dont il me ferait plaisir de vous entretenir… Mais bon, ça ne court pas les rues. Tous les sujets sérieux sont déjà, en ce moment, traités de manière on ne peut plus comique par les médias habituels (la grippe porcine, la crise, le festival des connes, les élections européennes, les tigres tamouls… rigolo comme tout, rien à ajouter !).

Alors, comme on fait avec ce qu’on a, je vais aujourd’hui vous parler de bananes.

Je précise que je ne me drogue pas. Toutes les absurdités, les sujets débiles, les horribles calembours, les sentences ignobles, les diatribes bilieuses, ça me vient tout naturellement. Eh oui, les billets de ce blog ne sont mouillés que de mes propres acides, je n’ai pas besoin d’en prendre d’autres… C’est pire que ça, d’ailleurs : Je ne fume pas, je n’aime pas le café, et je bois peut-être deux verres d’alcool par an.

Non que je n’aie jamais « expérimenté »… Je ne suis pas une oie blanche ! Mais les psychotropes ont sur moi des effets étranges. C’est quand je suis sous l’emprise de l’une ou l’autre substance que je songe sérieusement à devenir, par exemple, employé de banque ou de compagnie d’assurance, vendre des crédits, des placements… Comme quoi, la drogue, c’est vraiment de la merde…

Mais revenons à nos moutons. Bananes. Pareil.

La banane est un fruit aux nombreuses vertus. Premièrement, c’est bon. On peut aimer ou pas, mais les meilleures sources d’époque rapportent une écrasante majorité de personnes qui aiment les bananes, au contraire de ceux, moins nombreux par la force des choses, qui ne les aiment pas. Je ne veux pas avoir l’air de sortir des statistiques de mon chapeau, alors je cite… Ray Ventura, 1936

En effet, dans la chanson Vive les bananes (adaptation de I like bananas de Paul Misrak et Chris Yacich) environ 7 collégiens sur 10 aiment les bananes, et notamment les préfèrent aux pistaches salées, amandes, bonbons acidulés, caramels, etc. La raison principale semble l’absence d’os dans ce fruit. Selon cette étude sérieuse : Même les plus inconnus parmi les hommes célèbres apprécient les vertus de ce fruit sans vertèbres.

D’aucuns souligneront la subjectivité de ces conclusions, mais je n’en démordrai pas : J’aime les bananes.

Trêve de balivernes : La banane, que nous appelons fruit alors que c’est techniquement un genre de baie, dépend aujourd’hui presque exclusivement de l’homme pour prospérer dans son habitat. Aucun semi-écolo-pleutre n’a jamais émis la moindre intention de faucher les nombreuses bananeraies qui n’ont rien à foutre là sans l’intervention de l’homme… Ils ne détruisent pas d’écosystèmes ? Peut-être, mais au fond, qu’en savons-nous ?

Peut-être est-ce à cause de son immense valeur nutritive : ses sucres naturels la rendent délicatement parfumée, mais son faible taux de glucides lorsqu’elle est encore dure la rend idéale pour les diabétiques. L’histoire de la culture bananière est très ancienne, bien plus ancienne que les républiques du même nom, mais les scientifiques n’ont découvert ses immenses bienfaits qu’il y a un siècle à peine…

Car enfin, la banane est un fruit proprement miraculeux.

Les médecins recommandent aux enfants de manger des bananes : Sa chair tendre se digère aisément et donne plein d’énergie, elle apporte tout un alphabet de vitamines (A, B, C, E et quelques autres) qui aident à la croissance et au maintien de la bonne forme… Elle contient du calcium, du fer (bien plus que les épinards, qui en contiennent d’ailleurs ridiculement peu) et du potassium.

Ces éléments aident le corps humain à préserver une bonne vue (Viitamine A et antioxydants), à prévenir l’hypertension (potassium), à renforcer les os (calcium), mais la banane est aussi riche en fibres (bon, pas besoin de vous faire un dessin, hein… C’est comme dans la pub pour le yaourt spécial « transit intestinal »). Elle prévient aussi les ulcères peptiques et diminue le risque de cancer du rein. Et sa peau fait reluire le cuir.

Par ailleurs, les fibres de bananes servent à confectionner des vêtements depuis le XIIIe siècle.

Mais tout cela n’est rien en regard du rôle de la banane dans la société moderne… En effet, la banane tient le haut du pavé en ce qui concerne les fruits à potentiel comique, même pas détrônée par les sérieux concurrents que sont le kumquat ou la carambole. Même les haricots et leur propension à déclencher des symphonies pétomanes n’arrivent pas à la cheville de la banane, question comédie.

Premièrement, « banane » (et plus encore « banana ») fait partie des mots à potentiel comique inhérent. On reconnaît ces mots à leurs plosives (p, b, d, t et k) et à l’hilarité qu’ils provoquent chez les jeunes enfants. Il est même possible que certains ne croient pas à l’existence de la chose jusqu’à ce qu’on la leur montre (comme le nom  de Robert Mitchum, le fruit du cocofesse ou le fromage appelé nichon de belle-mère).

Eh si : Je connais un enfant qui ne croyait pas à Robert Mitchum mais bien au Père Noël jusqu’à il y a deux ans.

La banane, de par sa forme, se prête à la pantomime. Suggestive, d’une couleur brillante, parfois mouchetée, aisément reconnaissable, elle peut faire office de poignée de porte, d’arme à feu, ou d’une grande quantité d’autres objets lors d’improvisation théâtrales absolument pas drôles. N’avez-vous jamais vu un beauf bourré jouer avec une banane de manière obscène lors d’une fête ? Voilà, pas drôle.

Mais c’est ça qui est drôle, en même temps. Parce qu’avec une pomme, du coup, ça ne fonctionne pas. Comme sur les pochettes d’album du Velvet Underground. La banane est aussi la preuve du dessein intelligent : Dieu a créé la banane pour qu’elle tienne dans la main ET dans le cul. Il est évident qu’il s’agit d’un remède divin aux frustrations des homosexuels que leur foi prive du pénis d’autres hommes.

Allez répandre cette bonne parole à votre paroisse. Vous voyez que la banane, c’est drôle…

La banane est l’héroïne de maintes chansons, dont plusieurs de Harry Belafonte (le célèbre Day-O, notamment), le tube de 1922 Yes, we have no bananas, celle précitée de Ray Ventura, et font de nombreuses apparitions en tant que ceinture-robe (depuis Joséphine Baker) et sur les chapeaux des danseuses brésiliennes. L’expression anglo-saxonne un peu désuète mais cartoonesque « going bananas » signifie « devenir dingue ».

Enfin, la propriété humoristique principale de la banane est le fait qu’on la pèle aisément et qu’on en jette la peau (ce que les singes font peu, contrairement à l’imagerie populaire : ils mangent la peau avec si on ne leur apprend pas à la retirer). La « peau de banane » est même devenue une expression qui désigne un obstacle intentionnellement placé par un adversaire pour ridiculiser, sans qu’il ait eu l’air de se mêler de la chose.

La peau de banane est l’un des objets les plus dangereux que l’on puisse rencontrer à l’écran.

Qu’il s’agisse d’un jeu vidéo, d’un dessin animé ou d’un film, si une peau de banane apparaît, on peut être certain que quelqu’un va glisser dessus (du moins dans 99% des cas : Une peau de banane sert, avec d’autres ordures, de carburant à la seconde version de la machine à voyager dans le temps dans Retour vers le Futur 2… Et même là, c’est représentatif de l’image de la peau de banane, comme nous le verrons).

Personne de ma connaissance n’a jamais glissé sur une peau de banane, ni personne de la connaissance des personnes de ma connaissance : Il m’a longtemps semblé qu’il s’agissait d’un mythe, d’une légende urbaine, d’une idée reçue, comme le fer dans les épinards ou le sel sur la queue des moineaux pour les attraper… Mais il est vrai, pourtant, que la peau de banane glisse.

Renseignements pris, l’usage de la peau de banane en tant qu’accessoire à la glissade est non seulement réaliste, mais terriblement approprié !

Son premier usage comique daterait de 1898 (Un sketch de music-hall ou une blague faisait allusion à une telle glissade sans la montrer). La peau de banane très mure, voire pourrissante, était en effet l’ornement tristement commun des villes américaines du tournant du siècle, et même de toute la première moitié du XXe siècle. Les progrès dans la vitesse des transports maritimes et sa longue conservation en font un fruit de choix.

Les premiers développements de la réfrigération et les médecins découvrant les vertus que j’ai vanté plus haut ont été deux facteurs déterminants qui ont fait de la banane l’un des fruits préférés en Amérique, justement à l’époque où il existait un vide en matière de lois contre le fait de jeter des ordures sur les trottoirs ! Imaginez des peaux de bananes sans nombre maculant les trottoirs près des ports…

Fraîchement pelé, ça va, mais lorsque ça pourrit, oui, ça glisse bien.

Selon les sources de l’époque, la peau de banane était à elle seule responsable de très nombreux accidents, fractures des jambes, allant parfois jusqu’à l’amputation en cette époque dénuée d’antibiotiques… A tel point que l’on dut réaménager le système d’évacuation des ordures par les caniveaux. La peau de banane est l’un des symboles de l’évacuation des eaux usées à New York.

C’est un peu comme la crotte de chien à Paris. Bien entendu, aujourd’hui, la plupart des gens jettent leurs peaux de bananes à la poubelle (ou ne mangent plus de fruits en pleine rue…) et on risque bien plus de glisser sur une crotte de chien que sur une peau de banane. Mais le risque n’est pas négligeable : En 2001, il y a eu près de 300 accidents liés à une banane au Royaume Uni, principalement des chutes liées à une peau de banane.

La banane : Un fruit pas si innocent que ça.

On pourrait encore s’attarder longuement sur la banane, les républiques bananières, les régimes de bananes, les régimes à base de bananes, les différentes espèces de bananes, les jeux de mots qui se réfèrent à la banane (comme le fameux « Banané ! » que d’aucuns proclament en lieu et place de « Bonne année ! » dés le premier Janvier sonné), mais brisons là… Qu’il suffise de dire que la banane a de nombreux talents cachés.

Ce billet est déjà bien long, mais si quelqu’un pense que j’ai oublié quelque aspect primordial de la chose, qu’il me le fasse remarquer : Je suis tout prêt à y remédier dans un prochain billet. Ce n’est pas tous les jours qu’on trouve des sujets aussi passionnants que ça. C’est vrai, quoi, c’est dingue ce qu’on peut apprendre quand on se renseigne un peu sur un truc quotidien et sans intérêt…

Oui, bon, je me tais, je me tais…

Just_Banana_It

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Commentaires
J
Merci pr les infos sur la naissance de la mythologie sur la peau de banane...
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