Voyage en Homophobie VIII : Le Minoritaire Visible...

Par ce vocable convenu et trop PC, désignons ici un membre d’une minorité (black ou beur, roumain, voire feuj… Mais en France, hein) typé et homophobe. On pourrait penser que quelqu’un qui est membre d’une minorité pourrait sympathiser avec les doléances des autres, mais ce n’est malheureusement pas souvent le cas. C’est généralement le résultat d’une éducation spécifique… Ou de l’absence d’éducation, bien sûr.

Alors, ne me faites pas dire ce que je n’ai pas dit : n’associons pas les arabes ou les autres avec la stupidité et l’inculture… Simplement, vu l’état des écoles dans les ZEP, les chiffres de l’échec scolaire, et le niveau moyen d’éducation dans certaines banlieues, il ne faut pas se demander d’où ça vient si on trouve des gangs qui cassent du pédé, des quolibets et une atmosphère de peur pour les homosexuels, là-bas plus qu’ailleurs.

La violence réelle, implicite, toujours supposée, l’agressivité inhérente à la culture banlieusarde construite sur la pauvreté et l’immigration, la frustration de la ghettoïsation, les bandes et les règlements de comptes qui défrayent tant la chronique… Même si les médias partiaux montent en épingle ces phénomènes et ces mots galvaudés, il n’en reste pas moins que l’atmosphère d’homophobie est palpable.

Je passe sur le couplet habituel de l’apologie du crime et de la virilité hétérosexuelle dans la culture wesh-blédard du neuf-trois (« gueule de roumain, zgueg de poulain », avis aux amateurs…). Comme si ça ne suffisait pas, la religion s’en mêle : c’est vers elle que se tournent les familles, tant vers l’islam que vers le christianisme (il ne faut pas oublier qu’en dehors des mosquées, il y a le pèlerinage à Ste Marie de la Mer, par exemple).

Pour parler spécifiquement, être homo, c’est « hchouma », la honte et le déshonneur… Comme d’ailleurs les femmes qui « font les salopes ». Pédé et enculé, ce sont des insultes, et une attitude pas assez virile peut valoir des coups… Bref, être gay, c’est tellement mal perçu dans ces quartiers que les homos qui y habitent n’osent pas sortir du placard, et rasent les murs. Relisez le dernier rapport sur l’homophobie si vous ne me croyez pas.

Il est d’ailleurs intéressant de noter que les cultures africaines toléraient généralement assez bien la diversité sexuelle et la diversité de genres, mais qu’elles ont vite changé avec la colonisation européenne et l’assimilation des religions du livre… Aujourd’hui même, les pays d’Afrique, en quête de modernisation, ont des mentalités souvent plus progressistes en matière de mœurs que les familles émigrées en France, radicalisées !

Ceux qui ont un discours construit contre les gays font en général partie de mouvements communautaires et religieux. Pour eux, les droits des gays n’ont pas lieu d’être, puisque « Gay, c’est un choix ». Et puis « être pédé, ça ne se voit pas », donc que c’est moins grave que d’être noir ou arabe… Bien sûr, les gays sont tous des blancs, l’homosexualité est le vice des français ou des occidentaux en général, des riches, des décadents…

Idées fausses. Bien sûr, être gay n’est PAS un choix, mais même si ça l’était, aurait-on le droit de ne pas le tolérer ? Quid, donc, des religions, qui sont pourtant une question de choix personnel ? Et il y a des gays dans toutes les strates de la société et de toutes les ethnies. Seulement, en banlieue, ils se cachent. Et, vu le tableau qu’ils ont devant eux en se levant le matin, on peut les comprendre…

Ils sont d’une double minorité, discriminés par tous parce qu’ils sont gays et (insérez vous-même le terme politiquement correct de la minorité visible de votre choix, moi j’en ai marre…), et discriminés par leurs deux communautés parce qu’ils appartiennent à l’autre. Et, OUI, il y a des gays blancs racistes, ça marche dans les deux sens ! Le Minoritaire Visible, en cautionnant tout cela, est persuadé qu’il fait avancer le droit des siens.

C’est l’inverse qui se produit : C'est la minorité visiblement conne qui donne cette image si négative de sa culture.