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Côté Beurre
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19 avril 2009

Voyage en Homophobie VII : Discriminator...

Souvent raciste en plus d’être homophobe, Discriminator est cadre (ou équivalent), se targue de s’y connaître en cigares et en whisky, de disposer d’une femme et de deux enfants et demi, de posséder une voiture familiale… bref, c’est le baby boomer qui pense avoir réussi. Anti-jeune, il crache sur une génération qu’il pense paresseuse, alors qu’il est né à la dernière génération qui pouvait décrocher un job sans avoir son bac.

S’il y avait une cristallerie pour fabriquer le métaphorique « plafond de verre » qui empêche certaines personnes (les femmes, les gens qui ont un nom qui ne fait pas français, les blacks, beurs et autres minorités visibles, et bien sûr ceux qui sont ouvertement gay…) d’accéder à certains postes, d’atteindre certains salaires, d’obtenir certains services… Ce serait l’un des ouvriers. S’il est flic, il aime casser du pédé.

Citation typique : « Ah, lala, de nos jours, c’est n’importe quoi, ces petits jeunes… Ils ont des piercings, ils ont tous un master d’éco, ils sortent de l’école, et ils savent rien à rien à ce que c’est que bosser… Et si tu les vires, ils te collent un prud’homme pour discrimination, parce qu’ils sont tous pacsés ou arabes ou noirs ! Attention, hein, moi j’ai rien contre, hein, c’est pas de leur faute… ». Suit le rire gras, faisant écho à ceux des collègues.

Propriétaire, il choisit ses locataires à la gueule du client : Un nom bien français, c’est un plus… De même qu’une jolie femme, une poignée de main virile et un teint bien blanc. En revanche, deux hommes qui viennent ensemble, ou même un seul qui ait l’air un peu maniéré… C’est presque pire qu’un accent, un nom arabe ou la peau noire. On dirait que ça annule mathématiquement tous les garants et les fiches de paies.

Si on le lui demande, il n’est pas homophobe. Selon lui, il n’est pas raciste non plus, et il le prendra comme une insulte si on le lui dit. De fait, il est tolérant, au sens strict du terme… C'est-à-dire qu’il tolère ce que fait son voisin, parce que c’est la loi, mais cela ne l’empêche pas d’en parler avec dégoût, le soir, à sa femme, en lançant le couplet sur « Ah lala, où va le monde ? Avant ou avait… Avant on pouvait… ».

Discriminator aime à raconter des blagues sur les juifs, les arabes, les belges, les suisses, les sénégalais, et bien sûr les homosexuels… Il imite même les accents, comme aux grosses têtes. Ou comme Jean Roucas. Les patois, ça le fait beaucoup rire : il a aimé Bienvenue chez les Ch’tis. Discriminator pense que tout ça, c’est de l’humour, et qu’on n’a plus le droit de rire aujourd’hui comme avant…

Il pense que les stéréotypes qu’il déblatère sont vrais : pour lui, les noirs ne savent pas lire et parlent comme dans les vieux sketches de Michel Leeb, les juifs sont avares et parlent comme dans La Vérité si je Mens, les arabes sont des voleurs et parlent comme dans les vieux sketches de Smaïn, et les belges sont stupides et parlent comme dans les blagues de Lagaff. A sa décharge, lui-même parle comme un sketch de Jean-Marie Bigard…

Sa devise, c’est « Qu’ils le fassent chez-eux, d’accord, mais au grand jour, c’est dégueulasse »… Il estime donc avoir raison lorsqu’il se plaint à sa mairie d’une affiche où l’on voit deux hommes s’embrasser tout habillés, même lorsque les murs du lycée de son fils (défense d’afficher, entre parenthèses…) sont couverts de posters gluants pour des messageries roses ou de la lingerie, pleins de pétasses montrant leurs seins refaits.

« Moi, j’ai rien contre, mais pas chez-moi… » Pense-t-il lorsqu’il refuse d’embaucher un gay ou qu’il déshérite sa fille lesbienne. Parce que Discriminator est sur tous les fronts, au quotidien, d’où son nom… Sa mission sacrée : préserver le radeau de bon sens de sa sphère d’influence (sa famille, son entreprise, son commissariat…) de la mer déchaînée de la déraison, cette société trop permissive… Et il refuse les « faibles » à son bord.

Aux beaux jours, il vote pour le candidat le moins complexé à l’idée de foutre dehors les indésirables…

homophobie_7

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