Voyage en Homophobie VI : La Politicienne...

Bon, je dis « politicienne » histoire de mettre un minimum de femmes dans le lot, mais ça peut tout aussi bien être un homme… Seulement certains estiment que le message de l’homophobie passe mieux avec une femme pour le dire. Eh oui, on assiste à un genre de féminisation de l’homophobie politique, en même temps que la féminisation relative de la politique en France… Je ne nommerai personne, vous les connaissez.

La politicienne anti-gay peut adopter une voix douce, et peut lancer des propos choquants sans élever la voix, un gros avantage sur le politicien. « Anti-gay » signifie pour elle qu’elle est contre le mode de vie gay… Mais qu’elle ne déteste pas les homosexuels ! Cette distinction subtile serait à mourir de rire si elle n’était pas si tragique. Le danger est réel, et la jurisprudence en matière de propos homophobes est d’une clémence révoltante.

Une question demeure : le politicien anti-gay a-t-il vraiment un problème avec les homos, ou est-il juste en train de courtiser l’extrême droite religieuse en s’abaissant jusqu’aux préjugés de ses membres ? Bien que certains politiciens aient réellement des convictions politiques (à plus forte raison dans les extrêmes), il est plus réaliste de croire qu’ils ne font que la chasse aux voix, et que les gays les indiffèrent plus qu’autre chose.

Sans même parler des généreuses contributions de certains riches chrétiens, il s’agit d’un créneau aisé à occuper pour un homme politique : Sans aller jusqu’à réduire les droits des gays (ou alors discrètement, pour ne pas choquer), il lui suffit de ne pas leur en donner de nouveaux si il/elle est élu(e) pour respecter sa part du contrat. Et c’est tellement plus simple que de s’attaquer aux problèmes réels dont souffre la société…

Ces politiciens n’hésitent pas à se justifier en empruntant aux théories pseudo-scientifiques et en citant des statistiques bidonnées… Ils n’hésitent pas à poser des questions du style « Mettriez-vous vos enfants dans une école où enseignent des professeurs ouvertement homosexuels ? », qui jouent sur la peur… Rien ne rapporte autant de voix que le fait de désigner un bouc émissaire.

Selon la rhétorique homophobe de la politicienne, le style de vie gay, la communauté gay, les gays, tout ça est en train de « saper le tissu de la société » (quoi que ça puisse vouloir dire…). La politicienne ne cesse d’utiliser les mots « nos valeurs » en parlant de celles d’une petite minorité de catholiques, pour faire croire à l’auditeur qu’il est d’accord, et que ces valeurs sont celles de la République toute entière…

Il n’en est rien. Le discours de ces gens laisse la déclaration des droits de l’homme en lambeaux. Il semble qu’ils croient que la démocratie autorise une majorité à retirer ses droits à une minorité. Pour mieux justifier ses propos haineux, le/la politicien(ne) anti-gay encourage une croyance erronée ; celle selon laquelle la République Française, bien que laïque et indivisible, serait fondée sur des valeurs chrétiennes…

La France et son Destin, petite fille de l’Eglise, grande nation, croix de Lorraine, devoir de mémoire, chasse, pêche, traditions, terroir, autant de termes convenus dont le politicien anti-gay peut faire usage, sans aucun rapport avec quoi que ce soit, juste pour faire joli et convaincre les imbéciles. On le voit, les politiciens anti-gays et leurs partisans ont besoin d’une rude leçon d’éducation civique.

Le politicien anti-gay ne cesse de vouloir faire appel au référendum. Pourquoi ? Parce que c’est pratique : comme aucune de ses opinions n’est basée sur des faits, le seul moyen pour faire passer ses atrocités est de les soumettre aux masses désinformées. Et ça marche, historiquement : La majorité vote volontiers pour retirer ses droits à la minorité qui sert de bouc émissaire, car il est facile d’exciter une foule en colère…

C’est l’antithèse parfaite de « Liberté, Egalité, Fraternité ».