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Côté Beurre
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10 avril 2009

Mariage à la grecque...

Les homosexuels n’ont pas le droit au mariage… Enfin si, bien sûr, mais à condition qu’ils épousent quelqu’un du sexe opposé. Cela interdit bien évidemment tout mariage d’amour… Mais le mariage n’a-t-il pas toujours été affaire d’intérêt ? La raison d’être du modèle du couple judéo-chrétien tel qu’on le conçoit aujourd’hui est d’affronter la vie à deux. Cela n’implique en rien l’amour. Il en va de même pour le mariage.

Le mariage, à l’origine, c’est à peine mieux qu’un changement de propriété… C’est pour ça qu’il faut des témoins, et que le père amène la fille à l’autel, et que l’on fait ça devant un officiel. Le père donne sa fille avec une dot pour qu’elle ait un nom, et en garantit la fraîcheur (la virginité) et la capacité à produire une descendance… Même dans la cérémonie républicaine, ou mari et femme sont égaux, il y a cette notion de don.

J’aimerais pouvoir vous dire qu’en France ça n’a pas cours et que l’on se contente du symbole, mais ce n’est de toute évidence pas vrai pour tout le monde, puisqu’il y a déjà eu divorce ou annulation de mariage pour « tromperie sur la marchandise », si on peut dire, en matière de virginité… Je comprends, cela dit, qu’on ne veuille pas épouser quelqu’un qui ait menti à ce sujet, mais ça montre bien une certaine mentalité, non ?

Quoi qu’il en soit, le mariage d’amour est reconnu et largement considéré comme souhaitable dans Molière comme à Hollywood, à tel point que c’est le mariage d’intérêt ou forcé qui est vu comme faux, voire barbare ou inhumain (bien que ça ne soit qu’une question culturelle). L’amour est même représenté dans le texte de la loi comme dans la liturgie religieuse… Eh oui, on jure d’aimer l’autre en même temps que de lui être fidèle !

Mais, en dépit du fait qu’ils s’aiment, les homosexuels n’ont pas le droit au mariage. Sans raison apparente, la loi n’ayant pas pour habitude de s’expliquer. Les religieux vous diront que ce n’est pas là le véritable amour, mais l’amour ne peut pas être prouvé, même chez les hétéros… D’autres vous diront que ça n’est pas naturel, mais le mariage est loin d’être naturel de toutes façons. D’autres encore clameront que ça n’est pas ce que dieu a voulu.

Encore faudrait-il s’entendre sur ce que dieu veut. C’est facile, disent les fanatiques des trois religions du Livre : C’est marqué dans la Bible ! Voilà qui est à la fois simple et pratique : La loi et la tradition bibliques sont le refuge idéal de celui qui voit ses petites conventions menacées… Croit-on. Eh bien en général non, justement. Parce que les lois de la Bible sont loin d’être souhaitables, pour le mariage ou le reste.

Comme ça, juste pour rire, examinons ensemble ce que serait le mariage si on suivait VRAIMENT la Bible, si on appliquait toutes les lois bibliques, celles que suivaient les prophètes, les patriarches, Jésus, Abraham, Mahomet, Joseph Smith, bref, tous les héros de tous les testaments écrits autour de « la plus grande histoire jamais contée », ce roman de mauvaise Fantasy apocryphe qui se prend pour un manuel d’Histoire…

Tout d’abord, dans l’ancien testament, le livre commun aux juifs, aux chrétiens, aux musulmans, aux mormons et à toutes les religions de la même eau, tous les personnages masculins ou presque ont au moins une femme « attitrée » et plusieurs concubines. Abraham avait deux concubines, Jacob n’en avait qu’une (et deux femmes !), Gédéon en avait un nombre indéterminé… et le bon et « sage » roi Salomon en avait 300 !

Qui plus est, le mariage n’est pas quelque chose de limitatif, dans ce genre de bouquins. La polygamie, c’est la norme. Le Coran ne dit-il pas qu’un homme peut avoir autant de femmes qu’il en peut contenter ? Le prophète Mahomet avait 100 femmes… Et dans l’ancien testament, c’est pire. En plus de ses concubines, Salomon avait 700 femmes légitimes… Et tous les patriarches avaient au moins deux femmes chacun.

Qui plus est, la Bible ne condamne pas l’esclavage, bien au contraire : On y juge cela aussi normal que de respirer. Cela n’aurait pas de rapport avec le sujet si l’homme de la maison ne pouvait disposer entièrement de ses esclaves, y compris… sexuellement ! Il devenait ensuite propriétaire des enfants et pouvait les élever (ou non) comme siens. Il n’en allait pas de même pour l’épouse, bien sûr, qui ne pouvait pas se taper qui elle voulait.

Pire : un homme acquiert tous les biens de sa femme en l’épousant… y compris ses esclaves féminines (Genèse 16) ! Et tant qu’on est à parler des esclaves, autant explorer le sujet à fond : Le propriétaire d’esclaves peut (Exode 21:4) assigner à l’envi des esclaves femelles à ses esclaves mâles. Comme lorsqu’on élève des bestiaux. Les esclaves femelles devaient bien sûr être soumises (sexuellement et autrement) à leurs nouveaux maris.

Autre riante tradition biblique (Genèse 38:6-10), la veuve qui n’a pas encore eu de fils de son défunt mari est obligée d’épouser le frère du défunt (s’il en a un, bien sûr). Elle doit se soumettre sexuellement à lui, et même faire son possible pour enfanter des fils de son ancien beau-frère, pour perpétuer la lignée… Mais ça, encore, c’est une atrocité plutôt gentillette en regard de ce qui est dit dans le Deutéronome…

A savoir : Une vierge qui se fait violer doit épouser son violeur (ce qui est d’ailleurs présenté comme une punition pour le violeur, apparemment, plus que pour la pauvre fille…) et le violeur doit payer au père de la victime 50 sicles (la monnaie de l’époque) pour compenser la perte de sa propriété (Deutéronome 22 :28-29). Et bien entendu, violée ou pas, la nouvelle femme déshonorée doit se soumettre à son mari, sans compensation…

Un chapitre plus tôt (Deutéronome 21:11-14, mais aussi dans les Nombres 31:1-18) dieu approuvait déjà le mariage forcé de prisonnières de guerre… Sur les ordres de Moïse, les soldats hébreux tuent tous les Madianites, hommes, femmes et enfants, sauf les vierges, qu’ils prennent avec le butin. Précisons que Moïse, exilé, fut aidé et recueilli par les Madianites dans le désert, et que sa femme Tsipporah est issue de ce peuple. Sympa, le mec.

Alors bien sûr, il y aurait des familles nucléaires comme aujourd’hui, avec un homme et une femme. C’est dit dans la genèse (2 :24). Mais ce même passage dit que la femme, souvent mariée dés l’enfance, doit être soumise en tout à son mari, que les mariages interconfessionnels sont interdits, qu’il s’agit de mariages arrangés et sans aucune considération romantique… Et que la femme qui ne peut prouver sa virginité doit être lapidée à mort.

Voilà. Voilà ce que dit sur le mariage le document de référence absolu de ceux qui invoquent l’argument de la religion lorsqu’ils disent qu’ils ne veulent pas du mariage gay que c’est mauvais pour les enfants, que ce n’est pas ainsi que dieu l’a voulu, que c’est l’œuvre de Satan, des coups à faire des familles horriblement déstructurées et dysfonctionnelles, à aller en enfer, voire à provoquer l’ire divine. Amusant, non ?

Et à côté de ça, dans le Lévitique (toujours l’ancien testament, la référence en la matière), il est dit que le fait qu’un homme couche librement avec un autre homme (un truc qui, sommes toutes, ne fait de mal à personne, et qui n’a pas empêché les grecs et les perses de faire progresser leurs sociétés et leurs cultures comme jamais auparavant…) est, je cite, une « abomination ». Un truc impie et un crime contre dieu.

Petite digression inoffensive : Soit dit en passant, le Lévitique dit aussi (au même passage) que sont classés comme impurs (donc bons à être brûlés, ostracisés, lapidés, etc.) les gens qui touchent de la chair morte qui n’a pas été abattue selon les rites (adieux bouchers, médecins légistes et vétérinaires…), les gens qui portent des vêtements de deux fibres textiles différentes, et que sais-je encore… C’en est embarrassant. Fin de la digression.

Bon. C’est pas pour dire, mais, je trouve ça légèrement peu crédible pour un chrétien (ou un juif, ou un musulman) qui se dit pratiquant de sélectionner tous les passages barbares cités plus haut et de dire qu’ils sont surannés « parce que c’était une époque différente » et de ne pas les appliquer à la lettre… Tous SAUF le passage sur les homosexuels… Mais c’est mon avis à moi, hein.

Alors bien sûr, il y a ceux qui n’ont pas lu la Bible en entier et qui croient tout de même, doux agneaux sur la voie du seigneur qui écoutent tout ce que dit le curé (ou le rabbin, ou l’imam, ou le pasteur, ou l’ancien, biffer la mention inutile…) sans se poser de questions, que à caca la tapette, et pas de neveux pour les tantouzes, et toutes ces sortes de choses… C’est leur prérogative. Je ne suis pas la police de la pensée…

Ce billet, c’est aussi fait pour leur rendre service et pour leur montrer ce qu’il y a vraiment dans leur « parole d’évangile ». Je les engage, non, je les exhorte de toutes mes forces à le lire, ce putain de bouquin, de bout en bout, et après de revenir me dire qu’ils croient que tout ce qu’il y a dedans est le Bien et la Parole Divine, et que la Bible, quelle que soit sa religion, est un message d’amour tout pur… Et de me le montrer. Qu’on rigole.

Tiens, à propos de Bible, il n’y avait pas une histoire de paille et de poutre, que racontait l’un des héros ? Jésus, je crois qu’il s’appelait… Dans l’évangile de Matthieu, chapitre 7, versets 3 à 5. Allez-voir si ça vous branche.

Sois_poli__l_ami

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