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Côté Beurre
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9 février 2009

Clone triste...

C’est marrant, on ne parle plus de clonage. Depuis que l’armée de clones de la dernière absence-de-film chiée par George Lucas a déferlé sans que personne ne réagisse et ne pousse des cris, tout le monde se fout du clonage comme des slips de Yoda… Ce qui montre bien le niveau pathétique de concentration (et aussi la facilité d’adaptation) de notre société : Les médias ont trouvé d’autres marionnettes pour nous distraire, et basta cosi.

Les OGM, par exemple, ou n’importe quel autre vertébré gazeux qui attire suffisamment l’œil.

Mais toutes ces choses qu’on laisse tomber ne s’en vont pas pour autant… tout au plus les scientifiques ont moins de crédits pour les développer parce que le sensationnel fonctionne moins bien avec de vieux sujets. Depuis que Dolly et les Raëliens sont entrés dans notre culture populaire il y a déjà des années, il est vrai qu’on a fait un bout de chemin, mais on n’est toujours pas en passe de faire comme dans Star Wars.

Difficile aujourd’hui de croire que des groupes de fanatiques se proposaient de cloner un être humain.

C’est tout autant d’actualité, pourtant, qu’au moment ou cela était proposé pour la première fois. La réaction de pas mal de pays a été d’interdire le clonage sous diverses modalités (comme en Europe), particulièrement le clonage humain, pour des raisons culturelles que je trouve particulièrement fallacieuses : On n’est pas encore assez habitués, les masses d’improbables cons qui habitent le monde en ont une peur religieuse…

Je suis personnellement pour continuer la recherche sur le clonage, mais ce n’est qu’un sujet parmi d’autres.

Il faut quand même expliquer ce que c’est que le clonage… Il ne s’agit pas de reproduire un être humain, ou même une copie conforme d’être humain, en dépit de ce que les journalistes (incapables de comprendre ce qu’on leur explique, ou peu désireux d’exposer une vérité qu’ils jugeaient moins sexy qu’une histoire qui résonne culturellement avec ladite peur ou la mauvaise SF…) n’arrêtaient pas de dire.

Il ne suffit pas de tripoter une cellule pour photocopier un être vivant… Photocopie impossible d’ailleurs.

Le clonage n’est d’ailleurs même pas le début de la méthode pour y arriver. La brebis clonée, Dolly, n’était pas génétiquement identique à sa « mère », bien qu’elle en ait été très proche, suffisamment proche pour que l’expérience soit concluante. Même si ça avait été le cas, c’est tout de même une brebis différente, dont la vie, l’intellect (si on peut dire…) et le corps ont été formés par des expériences différentes.

Cloner un être ne remplace pas cet être, même au-delà du problème de l’âge et de l’expérience. Point.

Qui plus est, Dolly s’est révélée pleine de défauts génétiques assez sérieux mettant sa vie en danger. Et il a fallu 277 échecs (dont certains, on le gage, plutôt horribles) pour arriver finalement à ce résultat. Les journalistes n’ont pourtant pas fait mention du résultat probable d’une tentative de clonage humain : un échec retentissant, parce qu’on n’a pas encore trouvé comment résoudre de nombreux obstacles techniques.

Et même si ça marchait, faire un enfant bourré de défauts génétiques, ça c’est un problème d’éthique, un vrai !

En ce qui concerne la peur d’avoir des gens qui ont le même génome et qui se baladent partout, la peur d’être envahi, la peur de quelqu’un qui « n’a pas d’âme » et n’est pas fait « de manière traditionnelle », et qui vous remplace parce qu’il est identique à vous, la peur d’être dépossédé de son identité, la peur de l’inconnu, la peur de la responsabilité de jouer à ça, la peur des mutants monstrueux anthropophages et tutti quanti

Tout ceci fait de la bonne SF, mais c’est, disons-le sans crainte, complètement con dans le monde réel.

Les mêmes vieilles peurs des familles, croyez-le ou non, ont précédé les premiers pas de la fécondation in vitro. La vérité c’est que, sur la dizaine de milliards d’homo sapiens qui ont vécu sur Terre à toutes les époques, il est mathématiquement beaucoup plus probable qu’on le croit que des gens, par hasard, à différentes époques et sans jamais s’être rencontrés, aient eu le même code génétique…

Ou un code génétique aussi proche que Dolly et sa « mère ». Nous sommes déjà proches les uns des autres.

Pour l’exemple, on peut dire qu’éliminer un individu, ou dix, ou cent, ou même mille sur une génération, ce n’est pas grave : leurs gènes sont probablement tous présents chez d’autres… Les enfants de la génération suivante ne seront pas exactement les mêmes individuellement, mais à l’échelle de l’espèce, c’est peau de balle ! L’holocauste, si tragique qu’il fut (et est encore), n’a pas mis en danger la diversité génétique de l’humanité.

Nos différences, bien qu’essentielles, sont vraiment si petites que ça. Sinon, notre espèce serait éteinte.

En théorie, voyagez dans le temps, tuez un lointain ancêtre de, au hasard, puisqu’on en parle, Adolf Hitler… et il y a de bonnes chances qu’il naisse quand même, inchangé, ou de façon si subtile qu’on croirait le même. Même si vous en tuez dix, la différence sera sans doute minime. Et même alors, la génétique est sans doute de peu d’importance, puisque, si ça se trouve, quelqu’un d’autre aurait pris sa place… Mais je m’égare.

Revenons à notre petite cuisine des générations, qui semble moins fluide qu’on le pense.

Sans parler des jumeaux homozygotes, ou même des gens de la même famille au génome naturellement proche, on retrouve énormément de traits communs à toute l’humanité. Heureusement. Même si les combinaisons possibles d’ADN sont nombreuses, elles le sont infiniment plus que les combinaisons viables, et les combinaisons viables qui donnent un humain plutôt que, par exemple, une plante verte…

Nous sommes évidemment uniques, mais ce qui nous différencie le plus n’est sans doute pas la génétique.

Petit détail en passant : On découvre de plus en plus que l’ADN n’est pas responsable de tout le développement du vivant… Et qu’on ne sait pas vraiment le lire. On sait dire aujourd’hui que telle séquence code pour, mettons, la synthèse de telle hormone ou tel pigment qui va à tel endroit… Et encore, pas pour tout… Mais de là à voir l’ADN comme un plan ou un texte, des instructions quasi-divines, comme on le croyait jadis, on en est loin.

En plus, proclamer qu’on a déchiffré le génome humain, c’est une fausse bonne nouvelle.

Il y a des gènes qui sont exprimés ou pas, on ne sait pas pourquoi, d’autres qui se chevauchent, on ne sait pas comment, encore d’autres dont on ne sait pas à quoi ils correspondent, des phénomènes dans l’organisme qui ne sont pas codés par l’ADN tel qu’on le connait… Et ce n’est pas comme si on avait une loupe pour voir comment tout ça se passe en direct… D’autant qu’un organisme vivant, une espèce, ça évolue…

Tout est beaucoup plus compliqué qu’on ne le croyait d’abord, comme pour tout. C’est pour ça qu’on cherche.

Hélas, la réalité ne fait pas une bonne histoire, et les médias ne s’y intéressent donc que rarement. Le sujet du clonage n’est peut-être pas d’actualité, mais c’est une illustration parfaite de l’état de non-sens total dans lequel les médias sont plongés, se croyant parfaitement justifiés lorsqu’ils nous racontent des absurdités sur des sujets qu’ils ne comprennent pas, pour en informer des gens qui risquent encore moins de les comprendre.

Comme disait l’autre, apocalypse, pluie de grenouilles, contrôle fiscal, et tout ça.

ADN_Cartier

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