Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Côté Beurre
Côté Beurre
Derniers commentaires
Archives
5 février 2009

Cherchez la femme !

Ce billet du 13 février 2006 fait une analyse du succès de Desperate Housewives… Il date de la saison 1. Je n'ai pas vu les autres saisons, et j'ai trouvé que la première souffrait peu d'être revue plusieurs fois, au contraire de certaines séries plus immortelles... Mais c'est tout de même une excellente série, de par ses scénarii, ses personnages, sa structure et ses actrices.

Maintenant que j'ai le cerveau branché sur l'analyse des symboles et archétypes dans les films, je ne peux plus m'en empêcher. Enfin, si, je peux, mais parfois je le fais sans le vouloir. J'ai donc voulu trouver un sens plus général aux protagonistes de la série Desperate Housewives (une série particulièrement réussie, que je conseille à tout le monde), et je n'ai pas été déçu. C'est très bien écrit.

On y retrouve tous les stéréotypes et les facettes "traditionnelles" de la femme. Bien sûr il y a les clichés modernes et évidents : la ménagère parfaite, la mère épuisée, la divorcée, la femme qui trompe son mari, la voisine indiscrète, les enfants à peine humains, la belle-mère... Sans compter les hommes : Le cocu violent, le père absent, le voisin secret, le jeune amant, le bellâtre, et j'en passe. Des clichés, mais jamais maladroits.

Mais ce sont les quatre héroïnes et la narratrice qui ont droit aux archétypes universels et hors du temps, presque shakespeariens, qui se superposent avec style et élégance sur leurs rôles de femme contemporaine. Susan, la divorcée jouée par Teri Hatcher est la Vierge : émotive et sans aucun homme dans sa vie, elle est comme une pucelle maladroite au cœur fragile. Sa fille est plus une copine avec elle.

Karl, son ex-mari, est l'homme menteur et patte-pelu générique dont la Vierge a peur, et qu'elle n'a jamais connu (et notre héroïne s'aperçoit qu'elle n'a en effet jamais vraiment connu son mari qu'une fois qu'il lui ait montré son vrai visage en la plaquant). Quant à Lynette, l'ancienne carriériste devenue femme au foyer, elle est la Mère... Elle s'épuise pour le bien être de ses enfants, toujours aimante mais très pragmatique, pour des raisons évidentes.

La mère, c'est celle qui fait et ferait tout pour ses enfants, celle qui nourrit tout le monde. Alors que Susan, la Vierge, n'est pas capable de cuisiner, la Lynette, la mère, sait à la fois repasser, coudre, organiser, cuisiner, et donner de l'affection à tout le monde... Sans recourir au moindre artifice, dans la simplicité, et pas froidement comme Bree, qui continue ce cercle des trois-plus-une "Sœurs Fatales" modernes.

Bree, la femme au foyer idéale, la "Stepford Wife" n'est autre que la Mégère, la troisième sorcière classique : C'est la vieille, c'est la femme puissante, parfaite, inatteignable et castratrice, inexorable, qui "vole" la puissance de l'homme (son pauvre mari qui veut divorcer) selon l'imagerie médiévale et biblique. Elle mène son monde à la baguette et peut être une terrifiante virago vindicative... Comme la main froide de la justice.

Et Gabrielle, l'hispanique pulpeuse qui trompe son riche mari (lequel lui offre bien entendu des tas de bijoux et est beaucoup moins beau qu'elle, et fait plus âgé), c'est bien entendu la Pute. C'est elle qui dupe les hommes, la femme aux mœurs libres que les hommes réprouvent, mais qu'ils ont créé eux-mêmes, et qu'ils sont bien contents de trouver quitte à cocufier eux aussi... En plein dans la symbolique sexuelle.

Et puis il y a la narratrice, Mary-Alice, morte dans le pilote mais qui survit en voice-over dans chaque épisode faisant office de point de vue omniscient, original dans une série de mœurs (on est plus habitué à ce que la caméra montre les points de vue de chacun sans "narration"), et bien pratique. Allez, celle-là, je vous la laisse. C'est la plus facile de toute. La Femme qui voit tout, sait tout, ne juge pas, et se rit de tout et surtout de la Mort...

C'est elle que les quatre sorcières, les quatre femmes, les quatre éléments qui donnent la vie (si vous tenez absolument à reprendre un symbolisme aussi désuet et archaïque) évoquent constamment lorsqu'elles se retrouvent. C'est ce qui les lie ensemble et modifie leur vie, leur donne une raison d'agir, de faire avancer l'histoire, et, d'une certaine manière, un pouvoir sur le monde.

C'est la comédie qui corrige les mœurs en riant, l'ironie du sort, la première femme que l'on voit dans la série et celle dont la voix commence et achève chaque épisode. Elle est partout, et l'histoire tourne toujours autour d'elle, quelles que soient les sous-intrigues de chaque personnage. Vous ne voyez pas ? C'est pourtant quelque chose que tout le monde connaît. C'est très très ancien, bien avant la Bible. Rien, vraiment ?

Allons, le générique de la série, avec toutes ces pommes, ces Eves, ces arbres et ces représentations universelles, ça aurait dû vous mettre sur la voie. Songez à la raison première de tout ceci, avant même cette histoire un peu mesquine de Bien et de Mal. Bon, un dernier indice, mais c'est vraiment un TRES GROS, celui-là, et c'est le dernier : D'habitude, tout le monde croit que c'est un homme, et son nom commence par un D...

C'est aussi pour ça que la série marche. Ce genre de choses, ça parle à tout le monde.

Pomme_d_amour

Publicité
Commentaires
Publicité
Newsletter
Côté Beurre
Publicité