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Côté Beurre
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30 janvier 2009

Pourrissimo !

Bonjour. Je suis Blogger indépendant, et les blagues de merde, c’est ma grande passion. Les découvrir, c’est un engagement sérieux. Les raconter aussi. Moi, j’ai voulu les deux. Ensemble, luttons contre la bonne humeur et la joie, et racontons les pires blagues qui soient. Au monde. Pourquoi ? Parce que je le vaux bien. Et pour bien tout comprendre et débarrasser la chose de tout élément éventuellement drolatique, on va les disséquer.

Une à une.

Si, si. Vous n’y couperez pas.

Blague 1 : C’est l’histoire d’un fermier qui possède une poule. Sa poule, un jour, se fait manger. Il va voir le renard, parce que ses soupçons se portent naturellement sur lui. Le fermier demande « C’est toi qui a mangé ma poule ? », et le renard répond « non. ». Et en fait, c’était lui.

On constate ici que la formulation laconique de la blague, volontaire, ne renseigne absolument pas sur les circonstances de l’histoire invraisemblable. Il n’existe dans cet univers en vase clos que le fermier, le renard parlant, et une unique poule… Pas d’autres poules, pas d’autres prédateurs. Le fermier, plutôt que de tuer le renard sans sommation, va simplement le voir. On s’attend à une chute absurde, et on est déçu. La simplicité narrative plaira aux enfants de moins de trois ans et aux personnes sous influence de drogues.

Blague 2 : C’est un gars qui rentre dans un bar, et qui dit « salut, c’est moi ! ». A ce moment, tout le monde éclate de rire… parce que ça n’est pas lui.

Ici, le comique ô combien subtil vient de la confusion par rapport à qui « lui » est, et du fait inattendu que, au moment extrêmement crucial de la narration, tout le monde éclate de rire. On aurait pu simplement dire « et ce n’était pas lui », mais non. Il a fallu ajouter l’équivalent textuel de rires enregistrés. Le style absurde tombe à plat, parce que cela suffit rarement à faire rire et que ce n’est pas poussé à l’extrême. En temps qu’exercice de style dans l’absurde, cependant, on a rarement fait plus essentiel, plus synthétique, plus concis.

Blague 3 : Que font deux scampis ensemble ? – Du scamping.

Voilà une devinette introuvable, parce que la plupart des gens cherchent une réponse au lieu de tenter de l’inventer. Dés que l’on commence à délirer un peu et à faire des jeux de mots, on finit par tomber dessus. Sinon, cette blague n’a aucun sens. Pourquoi du scamping, et pas, par exemple, un buffet scampagnard ? Pourquoi deux scampis ensemble, et pas trois ou plus, ou même un seul ? Le camping n’est pas une question de nombre… Paradoxalement, elle est légèrement plus drôle quand l’auditeur ne sait pas ce qu’est réellement un scampi.

Blague 4 : C’est quoi deux trous dans un trou ? – Ton nez dans mon cul !

Avec cette blague, on touche le fond de la scatophilie : il en fallait au moins une, bien représentative du genre, et pas drôle. Parce qu’il y a des blagues scatophiles drôles, si, si, je vous jure ! Et je ne parle même pas des blagues gore. Celle-ci est un peu salace (enfin, enculer avec le nez, c’est limité, sauf pour un Cyrano…), en plus. Je ne comprendrai jamais pourquoi, chez des hétérosexuels mâles, l’introduction de diverses choses dans le cul d’autres hétérosexuels mâles est considérée comme virile, pas gay du tout, et même drôle. Singulier, non ?

Blague 5 : Un chameau dit à un dromadaire : – Comment ça va ? – Bien, je bosse, et toi ? – Je bosse, je bosse !

Trompeusement subtile, dans le style « avec brio » (pour les initiés), ceci est une blague tellement peu drôle qu’on NE DIRAIT MÊME PAS UNE BLAGUE, et ce même en dépit du fait qu’il est évident que deux camélidés parlants ne peuvent exister en dehors du cadre d’une histoire drôle. Je dis « trompeusement subtile » parce qu’elle est facile à voir, en même temps : le chameau portant deux bosses, il répond « je bosse, je bosse ! ». Mais c’est si ennuyeux et plat que personne ne VEUT le voir.

Blague 6 : C’est un homme qui, à l’enterrement de sa mère, entend « Hey, François, tu veux une sardine ? »… Alors il répond « Non, merci, mais moi c’est Francis. »

Là, en fait, il y a un piège. Il n’y a juste rien. Ceci n’est pas une blague, ni une devinette, ni même une saillie ou un mot d’esprit, mais bel et bien une histoire pas drôle qui ne peut même pas passer pour absurde (pour peu que l’on serve des sardines à l’enterrement de la mère du pauvre homme). Elle a la forme d’une blague, elle a la structure d’une blague, mais ce n’est pas une blague. C’est la seule chose qui fait sourire, ici. Et encore.

Blague 7 : Que disent deux enfants nommés Bob et Trouille lorsqu’ils aiment Halloween et le bricolage ? « – Quand est-ce qu’on scie, Trouille ? »

Avec cette histoire, nous plongeons dans l’horreur. Basée sur un jeu de mot sans suite et un manque d’idées, il y a un risque réel de perte de neurones pour qui prend connaissance de cette histoire sans précautions. Même si on laisse de côté le fait que Trouille n’est pas un prénom… Pourquoi deux enfants ? Pourquoi Bob ? Il n’y a rien dans cette blague qu’un cadre totalement superficiel et artificiel, irréaliste, surréaliste, destiné à introduire un jeu de mots facile et téléphoné… Et pourtant la moitié de cette narration est en trop ! Mais il y a pire…

Blague 8 : Comment fumer alors qu’on est perdu au milieu de la savane avec pour tout équipement un fusil de chasse et deux balles ? Premièrement, il faut guetter une panthère. On lui tire dessus, mais on la loupe. On prend la loupe. On retire sur la panthère et on l’atteint. On prend le cadavre de la panthère et on le fait tournoyer au dessus de sa tête. La panthère décrit un cercle dont la circonférence est égale à 2 x pi x le rayon, c'est-à-dire une panthère. Faire tournoyer la panthère donne donc 2 pi panthère, soit deux pipes en terre. On broie l’une des pipes en terre pour obtenir de la terre, et en faire deux tas inégaux. On prend le tas le moins haut (donc le tas bas)… Nous avons donc une pipe en terre, du tabac et une loupe pour l’allumer à l’aide du soleil.

Alors là, c’est atroce. C’est le MAL. Tout simplement. Une longue série de jeux de mots même pas drôles introduits de force par une INTERMINABLE litanie d’absurdités ni astucieuses, ni énigmatiques, ni vraisemblables, ni drôles, mais seulement arbitraires. Sous le masque d’une fausse logique d’additivité de divers éléments, cette histoire cache assez mal de douteux solipsismes qui ne tiennent même pas la route.

C'est une espèce de Franken-blague de bric et de broc qui vous encule l'esprit à sec !

Le comique d’une histoire, c’est un élément absurde ou inattendu introduit dans la réalité… Là, on a juste de l’absurde dans de l’absurde, mais qui tente de tromper l’auditeur de l’histoire et de lui faire croire que c’est quelque chose comme un jeu de logique. Je trouve ça d’une malhonnêteté intellectuelle indépassable, et le comble de la mauvaise foi que de prétendre que c’est seulement un peu amusant.

Même les pires blagues scatophiles, les pires calembours vaseux, ont un côté inattendu, quelque chose qui déclenche un certain contraste dans la suite d’idées développées… Les pires énigmes elles-mêmes se basent sur une certaine logique, ou des références… Cette affreuseté bâtarde embourbe volontairement l’esprit plutôt que de le faire travailler. A chaque proposition, à chaque mot, à chaque virgule, on se demande POURQUOI ?!...

Outre le fait que la production d’un mot n’entraîne pas l’existence de la chose… (Déjà je n’aime pas ce postulat de départ. Si l’on veut fabriquer une pipe avec une panthère, on l’abat, en général avec plus d’une balle, et on en creuse un os bien sec à la forme voulue. Ensuite, on cherche des plantes à fumer, puis on les fait sécher, en espérant qu’elles ne soient pas trop nocives… Et l’on fait du feu en frottant des morceaux de bois les uns contre les autres… ET PUTAIN DE MERDE de toutes façons c’est N’IMPORTE QUOI !!!!… On se rend compte qu’on est atteint lorsqu’on commence véritablement à chercher…) Il y a quand même des questions à poser.

Qui se perd ainsi entièrement nu dans la savane avec uniquement un fusil et deux balles, ni une, ni trois ? Est-ce que ça marche avec des chevrotines ? Quand on guette la panthère, puisqu’on fait le guet, est-ce qu’on devient homosexuel ? Si on a un fusil à éléphant, peut-on tirer sur une panthère ? Pourquoi vouloir fumer, perdu en pleine savane, alors qu’on n’a ni eau, ni nourriture, ni vêtements ? Pourquoi fumer dans une pipe en terre, qui est démodée ? Et si on aime les cigarettes, ou qu’on ne fume pas ? Pourquoi une panthère vit-elle dans la savane et pas dans la jungle ? Est-ce parce que la jungle est trop humide et sombre pour y allumer un feu à l’aide d’une loupe ? Si tant est que l’on prend la panthère par la queue, le rayon du cercle décrit n’est-il pas inférieur à une panthère entière ? Suffit-il d’une seule balle pour tuer la panthère ? Lorsqu’on l’atteint, la panthère devient elle d’une autre couleur ? Que faire si on rate la panthère une seconde fois ? Et d’ailleurs, si on rate la panthère plutôt que de la louper, obtient-on une rate ? Lorsqu’on loupe la panthère, qu’est-ce qui me dit que la loupe va exister à long terme, puisque cela ne « donne » pas une loupe, mais que ça « loupe » simplement (différence de structure très évidente entre les phrases « on la loupe » et « …donne 2 pi panthère »)… Lorsqu’on cesse de faire tournoyer la panthère, pourquoi les deux pipes en terre ne disparaissent-elles pas, du fait qu’il n’y a plus de cercle, donc plus de périmètre ? Est-ce que les pipes en terre sont à la fois là et absentes, un peu comme la lumière est une particule et une onde en même temps, ou au contraire les pipes existent-elles uniquement quand on ne constate pas directement leur non-existence, et/ou vice-versa ? Sont-ce des pipes de Schrödinger ? Que fait-on du cadavre de la panthère ? S’est-il transformé en pipes ? Le tas bas étant utilisé, peut-on se retrouver en Californie simplement en se plaçant sur le tas haut (Tahoe étant un comté de Californie, pour les incultes qui me lisent sans doute) ? Auquel cas, n’est-il pas plus facile de faire ainsi, ou de faire deux tas avec n’importe quoi, quitte à complètement zapper le côté chasse, savane et panthère (tout ça est un petit peu tiré par les cheveux, et on nous force à accepter beaucoup de choses, je trouve…), et d’aller s’acheter des clopes, puisqu’on n’est apparemment pas limité par la logique dans cette sombre histoire ? Qu’est-ce qui privilégie que certains jeux de mots donnent des objets réels dans le cadre de cette blague et pas d’autres ? Dans le cadre d’autres blagues ? Si c’est une blague, ne peut-on pas directement en tirer du tabac, puisque c’est dans une blague qu’on le range habituellement ? Le soleil de la savane a-t-il tapé trop fort sur celui qui a inventé cette méthode, lui faisant voir des pipes et des panthères un peu partout et songer à fumer au lieu de trouver à boire ? Et surtout, qui ça amuse de poser des questions auxquelles on a aucune chance de répondre parce qu’on ne connaît pas le paradigme de raisonnement dans lequel elles sont solubles, si tant est qu’elles soient solubles dans un paradigme quelconque ?

C’est mesquin, inintéressant, et générateur de frustration. Autant poser la devinette suivante : « Pourquoi le poulet ? – Quatre ! »… avant de partir d’un rire dément tout seul dans son coin. Tout cela n’a pas plus de sens que les gémissements inarticulés d’un fou dans une cellule capitonnée, ce qui est incidemment le lieu idéal où placer le créateur de cette monstruosité, s’il n’est pas mort.

Finalement, on se dit surtout POURQUOI MOI ?!... C’est tellement forcé, la suspension de l’incrédulité est si malmenée… On n’est même pas surpris. On essaie de suivre, et puis quand c’est fini, on se dit « C’est ça ? C’est complètement con… ». Et c’est ça ou sombrer dans la folie. H. P Lovecraft doit s’avouer vaincu face à l’indicible contenu dans ces quelques lignes : Il est certains secrets que l’homme ne devrait jamais connaître.

Si personne ne se souvenait de cette blague et qu’elle n’était inscrite que sur un nombre limité de supports, il s’agit de la SEULE exception à ma haine absolue des autodafés : je brûlerais volontiers moi-même, et en les regardant, tous les supports connus de cette blague, et je n’hésiterais pas à me suicider ensuite pour qu’on ne puisse même pas me l’arracher sous la torture. Je le ferai de bonne grâce, pour le salut de l’humanité.

Non parce que si dans cette histoire il n’y a plus de logique, alors on peut très bien dire que, lorsque le fou qui repeint son plafond s’accroche au pinceau, eh bien il reste accroché. Et trouver ça normal. Et du coup c’est BEAUCOUP moins drôle. Avec-vous pensé à ce que cette histoire représente, en tant que menace subtile pour le système aristotélicien, derrière son masque logique ? En tant que menace pour l’esprit humain ?

Sérieusement, cette blague me fait MAL. Elle me rend TRISTE. Quand j’étais petit, elle me faisait PLEURER (si, si !), parce que je me demandais comment des gens étaient suffisamment cons pour faire semblant de croire à ça, même juste pour rire. C’est une torture à chaque fois qu’on me la raconte. Le prochain qui tente seulement la première phrase, je lui refais l’anus au diamètre d’une moissonneuse batteuse.

Avec un cercle d’un tel périmètre, il y aura largement la place pour y mettre l’histoire avec.

Bide

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Commentaires
E
MOUA HA HA HA HA HA HA !
N
mon petit Romanozo, sous tes airs de ne pas y toucher, de pratiquer la dénonciation, tu as réussi à nous infliger une véritable litanie que même tonton Raoul n'aurait pu balancer à un repas de famille sans se prendre le plateau d'huitres en travers de la cabèche. c'est du niveau de ces revues qui se veulent bien pensantes mais qui font leurs gros titres sur les scandales de la prostitution.<br /> <br /> c'est mal.<br /> <br /> d'autant qu'en plus, en te lisant, je te visualisais très bien. El Romanozo, avec un sourire angélique, débitant ces absurdités.<br /> <br /> méchant garçon. très méchant.<br /> <br /> c'est pour ça qu'on t'aime
E
Cher monsieur Beresford...<br /> <br /> J'adore vos commentaires. Vraiment. Vous avez techniquement raison, une fois de plus... Qui dit Anus, ne dit pas Merde... Cependant, nous parlons ici d'hétéro-beaufs.<br /> <br /> Un hétéro-beauf n'a JAMAIS l'anus propre, il ne se met JAMAIS un doigt ou quoi que ce soit d'autre (ou ne l'avoue pas). Son anus est viril et velu, mal entretenu, réservé au caca, bref, ignoble. C'est ça qui est drôle, pour lui.<br /> <br /> Mais ça se libéralise un peu plus, paraît-il...
P
Je suis fier de dire que la n°8 fait partie de mes blagues favorites... et je n'hésiterais pas à te la ressotir à l'occasion, voire à trouver d'autres blagues tout aussi tordue juste pour te torturer :D<br /> <br /> Bon et sinon, c'est l'histoire d'un mec qui rentre dans un café, et il fait "plouf".
B
Si je puis me permettre une toute petite observation d’avantage destinée à tes lecteurs linguistes, psychanalystes et autres sexothérapeutes :<br /> Concernant la blague, pas drôle, des « deux trous dans un trou » l’emploi du mot scatophile me semble tout à fait abusif. En effet, le fait de faire référence à des pratiques sexuelles impliquant l’appareil colorectal (citons, au hasard et à titre purement informatif, la sodomie ou l’anulingus) n’implique aucunement la pratique de la scatophilie, ni de la scatologie ou, dans un genre plus hygiéniste, de la klysmaphilie. <br /> Pratiques que, pour fort amusantes qu’elles puissent être, nous rangerons, comme il se doit, dans la famille des modes de sexualité perverses. <br /> Modes de sexualité perverses à l’intérieur desquels il serait inapproprié, voir discriminatoire, de ranger les pratiques sodomites ; Tant elles sont répandues pour ne pas dire ordinaires. Quelque soit son groupe d’appartenance.<br /> Le lieu de transit n’induisant pas nécessairement la matière transitoire.<br /> Ceci étant dit, effectivement, cette histoire est à chier.
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