C'est frais, mais c'est pas grave !
Je suis tellement habitué à ce que les journaleux disent n’importe quoi au lieu de mener l’enquête que ça ne m’a même pas étonné qu’ils fassent un dossier « vague de froid » ces jours-cis. C’est peut-être pour ça que j’écris moins sur ce blog : il arrive un moment ou, sans être forcément blasé de la connerie qu’on nous débite en ronds et en carrés sans jour férié, on sature, et on ne fait plus attention.
Alors bon, c’est vrai qu’il fait froid, mais c’est pas non plus St Pierre et Miquelon. C’est loin d’être un scoop, quand même, parce que ça n’a échappé à personne en France métropolitaine. Le thermomètre affichait dans les -5, mais ça remonte un peu. Mais ça va redescendre. Bref, c’est l’hiver. Et les autorités compétentes de s’empresser de dire que tout va bien, ce qui rend les gens nerveux pour rien…
C’est à cause du réchauffement climatique, tout ça : il fait froid cet hiver à cause du Gulf Stream qui n’est pas droit. Et puis cet automne, il a plu à cause de fronts trompeusement froids après un été étrangement humide… Et puis l’hiver dernier a été doux, c’est pas normal, tout ça ! Ils vous détraquent le temps avec toutes leurs bombes ato… euh… leur réchauffement climatique, hein madame Michu !
Et tout ça c’est à cause de ces salauds d’automobilistes qui polluent (sauf la fameuse « France qui se lève tôt », hein, parce que c’est bien pratique quand même pour aller au travail…), et tous ces gens du pétrole et du nucléaire qui font des saloperies avec des OGM et qui font mourir les ours polaires et les suricates au cinéma… Tout ce CO2, c’est affreux ma pauvre dame !
Bon, on va arrêter de charger la mule.
Je vais vous dire, moi, ce qui se passe. L’an dernier, on a eu un hiver doux, mais pas outre-mesure. Cet été a été un été un peu pourri, sans plus, mais c’est loin d’être la première fois. L’automne a été parfaitement dans ce qu’on appelle les normales saisonnières. Et maintenant il fait froid. Pourquoi ? Eh bien je vais vous apprendre un truc, ô vous qui n’avez pas de mot pour décrire un phénomène sans qu’un gogo télévisé ne l’ait fait…
Il fait froid parce que c’est l’hiver.
Ben oui, en France, des températures entre -5 et +5 degrés Celsius, c’est pile poil normal. Pas la peine de remonter aux temps antédiluviens de l’Abbé Pierre (Hiver 54 et compagnie) pour le savoir : hiver = froid, été = chaud. Et c’est comme ça partout dans l’hémisphère Nord. C’est tout bête, non ? Dites-moi, vous étiez où au juste, les autres années de votre vie ?
J’ai l’impression que le pays est peuplé de mongoliens, ou de poules qui ont trouvé une quantité invraisemblable de couteaux. Est-ce qu’on a vraiment besoin d’être rassurés par les tranquilles voix du 20 heures au sujet du pathétique centimètre de neige qui tombe sur les routes ? Est-ce qu’on a besoin que Météo France nous lance ses cinquante nouvelles sortes d’alerte pour des trucs pas graves ?
Oui parce que vous n’allez pas me faire croire que donner trois alertes météorologiques par semaine au journal national c’est indispensable… Au journal local éventuellement, et encore ! Des alertes à la foudre, aux orages, à la neige, au verglas, aux pluies, aux « phénomènes glissants » (c’est quoi, ça, au juste ? des merdes de chien qui tombent du ciel ?) déclinées en douze couleurs à chaque fois, on s’en passait fort bien jusque là.
Il n’y a ni plus ni moins de morts depuis que les gens sont prévenus… Mais apparemment, il y a suffisamment d’imbéciles pour se dire que s’il pleut à l’autre bout du pays sans qu’ils soient prévenus, la télé ne fait pas son travail, et s’ils glissent dans une flaque c’est de la faute du gouvernement. Donc on hérite de cette fausse surprotection absurde, sans aucune efficacité ni raison d’être.
Ah, si, ça justifie les craintes des écolo-pleutres à la mode qui croient au réchauffement climatique comme à une nouvelle religion… Et aussi les salaires des climatologues et météorologues qui, dans ce petit univers ultra-compétitif de la télévision dans lequel la rentabilité fait tout, ont enfin trouvé un créneau qui leur permet de faire du sensationnalisme. Il faut arrêter de leur donner des sous, à ceux-là.
Tout ceci est à ranger dans la même case que les pubs du genre « lavez-vous les mains plus souvent »…