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Côté Beurre
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9 janvier 2009

Alien, la Re-suce-érection !

Ce billet du 29 janvier 2006 marque le début d’une petite série d’humeurs cinématographiques qui expliquent en quelques mots ce que personne n’a compris dans des films, ou même d’autres objets culturels… Et notamment, ces billets permettent de voir par des lorgnettes inédites des films que l’on croyait connaître. Voir le billet sur Amélie Poulain, et bien d’autres…

Il y a certains films engagés qui ont un message imprimé en rouge sur fond blanc partout sur la pellicule, comme les films ultra gays avec des arc-en-ciels partout et, dans un autre genre, Michael Moore. Et puis il y a d'autres films, plus subtils, qui propagent plus discrètement une idéologie. Je ne suis pas très fin pour ce genre de choses, je l'avoue volontiers (surtout parce que j'ai tendance à tout regarder au premier degré).

Cela dit il y a quand même des chefs-d’œuvre (ou des bouses filmiques) apparemment conventionnels que peu de gens soupçonnent, mais qui, pour les personnes averties, peuvent être "vues" d'une manière extrêmement subversive et osée. Ce sont souvent des films qui ont eu un grand succès, peut-être parce qu'inconsciemment nous les considérons, grâce à ce message sous-entendu, comme différents des autres. Ou non, j'en sais rien.

Par exemple, Alien 4 a eu un grand succès et a rattrapé le fiasco du 3. Beaucoup l'ont adoré, beaucoup l'ont détesté, mais il ne semble pas y avoir de milieu... Tout le monde s'accorde à dire qu'il est assez malsain et décalé. Si on considère les thèmes du film, c'est compréhensible : Inceste, parricide, viol, fratricide, infanticide, lesbianisme fertile, partouzes, le tout dans un univers carcéral/médical/SM/avec de la bave partout à la Giger ! Quand même, Beurk.

Le postulat de l'Alien, même au delà du simple trip "insectophilie", est tout de même un viol buccal qui "féconde" un individu parfois masculin et le tue, donnant naissance à une créature au look assez phallique qui lui sort du ventre ! Mais il y a mieux : En effet, Ripley est à la fois la mère de la Reine et sa sœur, c'est la mère et la sœur de sang des Aliens. Elle tue ses frères, et elle finit par répondre à l'appel de la Reine et lui faire l'amour dans sa chambre nuptiale.

Alors même que la Reine fabrique ses petits œufs pour féconder d'autres êtres humains qui sont dans la même pièce avec Ripley, collés à de la bave (la partouze), elle accouche et donne naissance à l'Alien hybride du film, lequel tue sa mère. Dans la scène finale, cet hybride reconnaîtra une mère et peut-être une amante dans Ripley, qui le tuera froidement alors même qu'elle éprouve pour lui un amour contradictoire et ambigu.

Quant au comportement et à la coiffure très virils de Ripley, dépassant de par ses superpouvoirs (et l'acceptation de sa nature profonde, que les autres considèrent comme monstrueuse, mais fondamentalement autre, ce qui est le vrai changement dans son rôle par rapport aux autres films) les hommes et les femmes "normales"... C'est une histoire de coming-out : accepter sa nature et en être fier, c'est être fort.

Surtout qu'au départ, la Ripley est considérée comme un monstre de foire, moins qu'humaine, mise en cellule, domptée parce qu'elle est différente, et en même temps créée par (ou issue d'une) société qu'elle ne comprend pas et qu'elle n'a jamais comprise, dans aucun des films, en tant que femme forte. Sa renaissance et ce face à face avec les docteurs sexuellement réprimés ou bizarres lui permet de s'affirmer, et de s'émanciper.

Et je ne vous parle même pas des scènes saphiques entre Ripley et la petite androïde qui se "pénètre" (dans le bras) pour entrer en contact avec "père", l'ordinateur, ce qu'elle "n'aime pas faire"... Elle veut d'abord tuer Ripley mais n'y arrive pas, réalisant qu'elles sont semblables, d'où son attirance... Et vous avez remarqué ? Dans ce film il n'y a pas d'amoureux-jeunes-premiers qui survivent à la fin... A la place, il y a elles deux.

Bref, c'est un film bourré de ce genre de choses, entre deux scènes d'action couillues (qui représentent peut-être l'hétérosexuel mâle viril fier de sa grosse arme bien phallique et pénétrative qui tente d'éliminer les aliens sexuellement ambigus... Alors que c'est finalement le couple lesbien, une androïde a la sexualité floue et une Demi-Alien hommasse, qui vont les sortir de là, avec plus de survivants que tous les autres films réunis).

C'est aussi grâce à tout ça que cet Alien là est différent des autres de la série, et qu'il est soit le meilleur, soit le pire, mais le plus "dense" en signification. On l'aura compris, ceci est UNE vision de cette œuvre de Jean-Pierre Jeunet sous l'angle sexuel et particulièrement bisexuel, homosexuel et, pourrait-on dire, bizarro-sexuel cher à Giger, le créateur de l'Alien originel. Et ce n'est pas un scoop, d'ailleurs, mais c'est marrant, non ?

La prochaine fois je vous parlerai d'un autre film. Ou alors des Schtroumpfs, allez savoir.

Alien_phallique_extrait_de_Necronom_V__de_Giger_le_Suisse_fou

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Commentaires
E
Eh bien merci, ça fait plaisir ! Effectivement, il vaut mieux avoir vu un film quand on lit quelque chose qui analyse cette oeuvre... Sinon ça n'a pas grand intérêt.
E
Excellente analyse, moi qui vient juste de le revoir, c'est tout à fait pertinent.<br /> <br /> En revanche, je pense qu'il vaut mieux l'avoir en tête pour bien assimiler ton commentaire, car il est très détaillé :-)
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