Les mouches...

Si vous n’y voyez pas clair dans cette affaire de violeur récidiviste relâché par erreur, puis remis en prison vendredi, c’est que ce sont les médias qui vous ont tourné la tête, et que vous vous êtes laissés piéger par les politiciens qui tentaient de s’approprier la chose. Alors que Libération, ce torchon consensuel, parle d’une affaire qui « n’arrête pas de rebondir », voici la vérité :

Quelqu’un de mal réveillé a commis une faute de frappe sur un jugement, qui a été mal relu. De ce fait, un violeur récidiviste a été relâché au lieu d’être enfermé. Après la procédure légale, on a rectifié l’erreur et remis en prison le criminel notoire… Ce avec quoi étaient d’accord les avocats des deux parties, et ce à quoi même l’accusé s’attendait.

Quoi de plus simple ?

Vous entendrez partout que Nicolas Sarkozy lui-même a fait pression sur la justice, en urgence et depuis Pékin… C’est faux, il n’a fait qu’une déclaration, qui le positionne comme futur candidat au poste qu’il occupe déjà. Vous entendrez que les procédures pourtant normales de la justice se sont déclenchées à la demande ou sous l’impulsion de Rachida Dati. C’est évidemment n’importe quoi.

On a même entendu que les magistrats ne pouvaient rien faire et qu’il n’existait pas de recours. Mon cul ! Un étudiant en droit de première année sait que, dans ce genre de cas (qui se présente plus souvent qu’on ne le croit, mais pas sur des affaires de cette ampleur) on peut corriger. C’est une simple erreur matérielle, ça ne tient même pas du vice de forme, inutile de rejuger !

Les magistrats, d’ailleurs, ont corrigé la chose d’eux-mêmes, en prenant certes leur temps, comme souvent, mais ça n’était pas pour déplaire aux polémiqueux. Tout ce qu’on fait les médias et les politiciens, c’est d’attirer l’attention du public sur une affaire de faute de frappe qui, inopinément, porte sur une affaire plus grave que la moyenne… et tenter de s’accaparer les décisions, pourtant indépendantes, de la justice.

Les politiciens qui n’ont pas officiellement pu prendre part à cette mascarade s’insurgent, tant à propos de l’erreur judiciaire (pour une fois aisément réparable !) que des soupçons qui pèsent sur ladite indépendance de la justice, contre l’interventionnisme de l’Elysée… Et les journalistes se rengorgent, croyant qu’ils ont accompli un devoir civique en avertissant tout le monde, alors que la police avait déjà le suspect à l’œil.

J'en vois qui posent une grave question : La justice, en France, est-elle tout à fait indépendante ?

Non, ne nous leurrons pas. Elle a bien plus de deux vitesses. Mais elle aimerait bien l'être, et elle l'est dans les textes. Les pressions sont nombreuses : voyez l'affaire de l'église de Scientologie. Comme les magistrats ont en ce moment des revendications, on profite de l'affaire du violeur pour les salir et poser la question de la responsabilité des juges... Une vision d'horreur ! Pire que tout !

Songez que si on peut blâmer un juge parce que son jugement nous déplaît, c'est la foule, ou pire, un politicien qui juge ! Autant faire, alors, comme dans certains états américains, et, plutôt que de choisir des magistrats parmi ceux qui ont fait les études nécessaires, élire les juges au suffrage universel... échangeant la justice contre la médiatisation pendant la campagne électorale, et contre l'incompétence le reste du temps !

Bref, pour revenir à notre affaire, personne n'a eu seulement besoin d'intervenir dans ce cas... cette fanfare d’imbéciles montrant son cul n’est qu’un ramassis de mouches du coche !

Relisez donc la fable « Le coche et la mouche », de Jean de La Fontaine, si vous ne voyez pas ce que je veux dire. Et je sais que la plupart des gens ne verront hélas pas ce que je veux dire. Parce que ce sont des incultes. Et des cons. Oui, même vous, là-bas, dans le fond. Et c’est à cause de ça qu’ils se laissent embobiner par ce genre de choses.

Monde de merde, tiens.