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Côté Beurre
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1 novembre 2008

Dia-enfoirus :

Ce billet, publié le 21 novembre 2005, expose un fait de société américain qui s’installe aujourd’hui en France, sorte de version moderne et inventive de l’hypocondrie… Maintenant, se penser atteint de maux réels ne suffit plus, on invente un tas de fausses maladies pour qualifier les petites gênes du quotidien ! Nous allons finir par devenir des princesses au petit pois… Putains d’hygiénistes !

La santé est très importante aux yeux des Américains. Et c'est normal, vu le système quasi absent de sécurité sociale dont ils disposent, ils n'hésitent pas à dépenser plus pour être moins malades. Pour les aider, les compagnies pharmaceutiques font des publicités pour les médicaments (c'est permis, chez eux, même la publicité comparative... Que ce soit un bien, un mal, ou juste "comme ça" est un autre débat).

Il y a des publicités pour les médicaments disponibles uniquement sur ordonnance. L'argument qui revient souvent dans celles-ci est "si vous en avez besoin, prenez-en"... Et l'argument des pubs pour les médicaments génériques et ceux sans ordonnance est "c'est moins cher et aussi efficace, voire plus". Ils montrent même des petites vieilles qui approuvent leurs pilules en disant qu'elles sont super soulagées, et tout.

On trouve, dans un registre plus bénin, des publicités pour la parapharmacie, comme la nouvelle brosse à dents électrique Oral B qui dispose d'un ordinateur de bord (si, si, c'est authentique, si ça se trouve on l'aura bientôt en France), lequel vous dit combien de temps vous avez brossé, régule les mouvements des poils et des caoutchoucs masseurs de la brosse, et vous dit lorsqu'il faut bientôt changer les piles ou la buse.

J'ai aussi vu une publicité pour la politesse. "Faites un compliment, ça ne coûte rien", ou quelque chose du genre. C'est passé sur CNN. J'étais très étonné, mais apparemment, ce n'est pas un canular, c'est la fondation pour une vie meilleure (FBL, Foundation for a Better Life) qui sponsorise cet acte gratuit de moralisation et de niaiserie, probablement avec des deniers qui seraient mieux utilisés dans la recherche médicale, mais bon.

Vous avez aussi des médicaments "contre" le Jet Lag, le décalage horaire pris en pleine face lors des vols longs courriers. Il y a les somnifères pour vous faire dormir pendant le vol, mais aussi les médicaments anti-mal de l'air. Et puis il y a les excitants qui vous maintiennent éveillé, à prendre toutes les deux heures pendant le vol. Deux heures après avoir touché le sol, toute la fatigue vous retombe dessus et zou, dodo.

Mais ce qui m'a vraiment choqué, c'est le nombre de nouvelles conditions médicales que les hypocondriaques peuvent se découvrir, là-bas. Oui, il y a un médicament pour toutes sortes de choses, y compris des tas de "problèmes" que nous n'aurions même pas l'idée de traiter médicalement. On peut citer la ritaline, de sinistre mémoire, le médicament qu'on donne aux enfants turbulents pour qu'ils se concentrent.

Il s'agit d'un produit psychotrope qu'on a donné pendant de nombreuses années (et que certains donnent encore) dans des proportions faramineuses aux enfants et aux jeunes que l'on jugeait atteints d'un "attention deficit disorder", c'est à dire qui était hyperactifs et ne se concentraient "pas assez" en classe. Les parents en ont vite fait prescrire aux enfants qui les faisaient grimper aux murs pour les calmer.

A mesure que de plus en plus d'enfants en prenaient, et à des doses de plus en plus fortes jusqu'à presque devenir des zombies dociles, les parents d'enfants n'ayant aucun problème médical en firent prescrire à leurs enfants, devenus plus actifs par rapport aux autres décérébrés, ne serait-ce que pour leur donner un avantage scolaire par rapport aux petits drogués qui se concentraient plus facilement.

Résultat, il y a toute une génération de jeunes dépendants de la ritaline, dont certains ne peuvent pas se concentrer sans en prendre. Lorsqu'un enfant est vraiment à problèmes, ce qui arrive quand même moins souvent que les parents ne se l'imaginent, la pharmacopée peut aider à traiter les symptômes s'ils deviennent insupportables... Mais il vaut toujours mieux traiter les causes, en général psychologiques, par le dialogue.

Il y a de nombreuses soi-disant maladies qui font l'objet de médicalisation aux Etats-Unis, et les publicités pour ces médicaments sont souvent du style "Non, vous n'avez plus besoin de souffrir, vous n'êtes plus seul, ce petit truc qui vous agaçait peut maintenant se soigner !". Par exemple le Requip est un remède sensé soigner le "Restless Legs Syndrome", ou RLS (le "syndrome des jambes en proie à l'agitation").

Ce nouvel état médical est décrit comme "cette façon que vous avez d'avoir envie de bouger les jambes quand vous êtes assis ou couché parce que vous ne tenez pas en place, et qui peut vous empêcher de vous endormir vite." J'étais effaré en voyant la pub, une nouvelle étape horrifique dans l'avancée terrible de la mentalité presse-bouton qui dit que tout a une solution scientifique, même l'insignifiant.

Toujours est-il que ce médicament miracle disponible sur ordonnance semble n'être rien d'autre qu'un somnifère doublé d'un relaxant musculaire. L'avertissement légal et rapide de la pub stipule qu'il peut provoquer une dépendance comme tout somnifère, qu'il n'est pas à prendre en conduisant car il provoque sommeil et évanouissements, et qu'il peut provoquer des nausées.

Personnellement, à moins que vos jambes ne dansent littéralement la polka sans votre accord préalable, je pense que rien ne justifie de prendre un tel risque, surtout si vous êtes simplement nerveux et que vous ne tenez pas en place. Au pire, passez une mauvaise nuit et allez voir un psy, passez des radios des jambes, ou, encore mieux, couchez-vous uniquement quand vous êtes réellement fatigués.

Malade_imaginaire

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