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Côté Beurre
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18 octobre 2008

Halloween, 12 ans après...

Ce billet, publié le 20 octobre 2005, et qui pourrait être à présent intitulé "15 ans après" et rester d'actualité sans que rien n'y soit changé d'un iota, parle bien sûr des Noces Funèbres, cet immonde navet de Tim Burton. J’ai depuis parlé de Sweeney Todd, qui m’a fait à peu près le même effet. Tim Burton, c’est devenu merdique.

Je sors de la séance et regrette déjà d'avoir dû payer ne fût-ce qu'un tarif réduit pour voir le navet d'un garçon vaguement gothique dont le style a été "trendy". Je veux parler, hélas, vous l'aurez peut-être deviné car il y en a peu comme lui à Hollywood, du dernier Tim Burton, le fétichiste des morts, du noir et des spirales violettes. Si chacun a ses hauts et ses bas, voilà un bas qui aurait mérité d'être un peu mieux rapiécé.

L'animation a-t-elle fait des progrès depuis douze ou treize ans que Mr. Jack est sorti ? Apparemment, c'est fluide, quoique pas extra, mais les personnages sont tous assez raides. Et ou sont passées les expressions du visage ? Les faciès, bien que caricaturaux, sont si peu mobiles qu'il ne reste pas grand chose pour faire passer une émotion. Autant dire ses yeux pour pleurer. Les fans baveux mettront ça sur le côté "artistique".

Quelques personnages ne sont là que pour les rares gags visuels qui font sourire. Le méchant est tellement évident qu'on aurait pu lui tatouer "vilain" sur le front sans que ça se remarque. Plutôt que d'être mémorable, il arrive et repars en trois répliques et une tirade risible, pire qu'un méchant dans Scooby-doo. Il n'y a aucune alchimie entre les trois héros, et tous les protagonistes sont comme de bois, malgré des voix prestigieuses.

Victor est un clone de Mr Jack, qui passe miraculeusement de pas intéressé à amoureux le temps d'un duo au piano. Les deux mariées n'ont aucune personnalité. Les parents de Victor partent décidés à la recherche de leur fils disparaissent sans laisser de traces. Les morts, clichés sous-développés à la Beetlejuice, répètent leurs gags au cas où on ne les aurait pas compris les douze premières fois...

Et tous sont si figés... Figés dans leurs traits caricaturés à l'extrême et dans un design très burtonien, mais aussi complètement outré, parfois trop. Figés aussi dans leur archétype : Les personnages sont sans surprises, plats, exactement ce qu'ils semblent être, et participent hélas de cette intrigue qui empile cliché sur cliché. Le pire c'est que c'est sans doute voulu, et que la critique encensera ce film comme un "conte".

C'est un mot terriblement à la mode, comme "fable" ou "conte philosophique"... L'expression anglaise "he's a great storyteller" est un bon équivalent, tout aussi utilisé. Dés qu'il y a un film vaguement pour les enfants ou les ados attardés qui joue sur une corde sensible, les journaleux ne peuvent pas se retenir : C'est un conte ! Un terme qui excuse trop souvent une histoire simpliste, en l'occurrence, que du style et rien d'autre.

Vous allez sans doute dire que c'est un film pour les enfants... Eh bien premièrement, c'est un peu tristounet et morbide, voire chiant (nous dirons pudiquement "confidentiel comme un film d'art"), pour des enfants. Deuxièmement, ce n'est pas parce qu'on a affaire à des gamins que c'est une excuse pour avoir une intrigue minable et des personnages sans aucune dimension. J'aurais cru Tim Burton (entre tous !) au fait de cela !

Voir ce genre de choses en 1994, juste après Mr Jack, ça aurait été... Disons un peu moins bien que le premier du genre, mais tout à fait correct. Mais à présent, tout cela est bien pauvre, et tout aussi pourri que cette absurde mariée : Les images de synthèse sont arrivées avec des personnages capables de faire passer toutes les nuances d'expression qui auraient été nécessaires ici. Chicken Run et ses poulets patatoïdes était mieux !

Mais c'est du Tim Burton, et le design archi recherché aux lignes torturées jusqu'à ce que tout soit symbolisé par une forme plutôt que montré par des actions passe pour génial. Eh bien oui, sans doute... Mais alors à quoi bon faire un film ? Autant faire un livre illustré. Tout le monde va encenser ce nouveau bébé, parce que c'est indéniablement travaillé : chaque image semble calculée. Et tout ce calcul, je trouve ça froid.

D'ailleurs il y a peu d'action dans tout le film. Bon, moi ça ne m'importe pas beaucoup, mais à quoi bon avoir des effets spéciaux du tonnerre si on ne montre que deux personnages (très jolis par ailleurs, bien que peu mobiles) en train de bavasser dans un huis clos ? La technique a permis a d'autres films de créer l'illusion d'espace, ici, on créé avec des décors de 5 mètres l'impression qu'ils n'en font que deux.

Dans l'animation comme ailleurs, il n'y a donc rien d'audacieux. L'intrigue aurait pu donner lieu à de très grandes choses, hélas il n'en est rien. L'histoire est plate et prévisible, on ne s'attache pas aux personnages (qui sont d'ailleurs extrêmement peu développés), le rythme du film est poussif et la fin est complètement parachutée. Pour que vous ne pensiez pas que je parle en l'air, voici des exemples...

Le sabre à l'intérieur du squelette Napoléon (l'un des nombreux personnages récurrents dont on ne connaît ni le nom ni l'origine...) change régulièrement de sens selon que le héros doive ou non s'en servir. Les drapés sont raides et les plis font n'importe quoi, que ce soit les voiles des mariées ou la tenture qu'utilise Victoria pour s'évader de chez-elle. Les personnages secondaires du décor ont très peu de parties mobiles, mécaniques...

La mariée décédée, lorsque Victor l'épouse par erreur, ne semble pas gênée pour passer dans le monde des vivants, de même lorsque tous les morts viennent sur Terre juste avant la fin. Pourtant, elle a besoin d'aller voir un expert en sortilèges pour remonter chez nous, entre ces deux scènes, pour aller voir les parents de Victor avec lui ! Autre chose : le chauffeur qui meurt se retrouve instantanément dans le royaume des morts.

Cela implique que les morts ne sont pas corporels : ils n'ont pas besoin d'être enterrés... Bien qu'ils se décomposent de façon évidente ! Personne n'a l'air de se soucier du cadavre, là-haut. Pourtant, lorsque le méchant boit un verre de "vin du temps", un vin empoisonné, et meurt, c'est bien lui et son corps qui passent du côté des morts. Et à la fin, la mariée morte se dissout en un millier de papillons, "libérée".

Mais comment cela se peut-il ? Les autres morts du village, parfaitement libres et heureux, et jusqu'à preuve du contraire absolument pas victimes de quelque crime que ce soit, n'ont rien de dissous. Les explications éventuelles sont éludées avec peu d'élégance, de même que le problème des parents, des morts et du mariage de Victor parce que le générique arrive à ce moment là, alors qu'il manque la moitié du film.

Mais il y a pire : Danny Elfman. Quelle mouche l'a piqué ? Quel manitou commercial facétieux se faisant passer pour une muse lui a dit de mâtiner son style habituel de mauvais morceaux de broadway et de Gilbert et Sullivan ? Les chansons qui en résultent sont soit plan-plan, soit carrément bancales, et pas une seule fois l'atmosphère du film ne décolle, comiquement ou lyriquement comme avec ce bon Mr Jack.

D'ailleurs la plupart des chansons sont là pour faire du remplissage autour de la demi heure importante du film, et sont parfois carrément pillées de l'étrange Noël de Mr Jack (la chanson d'introduction c'est "this is halloween", celle du bar c'est "the boogie man", celle du gâteau de mariage c'est "let's make christmas"... en beaucoup moins bien et en plus mou, évidemment !). Bref, quatre chansons qui ne valent pas tripette.

C'est peut-être ce qui perds le film, en fin de compte, il ne peut pas soutenir la comparaison avec Mr Jack et pourtant tout pousse à le comparer à l'autre, au contraire de James et la Grosse Pêche : C'est un film d'animation de Tim Burton "halloweenesque", avec une musique qui correspond. Qui plus est les personnages ont TOUS leur homologue dans l'étrange Noël de Mr Jack, et à chaque fois, cet homologue est plus fouillé.

Non, décidément, Tim Burton nous avait habitués à mieux. La Planète des singes était très inégale, mais je pensais personnellement qu'il s'était un peu repris avec Big Fish, ou du moins qu'il avait un peu renouvelé son style. Eh bien non, quand il essaie un retour aux sources, ça ne marche pas : On dirait une resucée commerciale à la Beetlejuice. Les purs et durs apprécieront la "mystique" et le thème burtonien, sans plus.

On n'est vraiment plus le même homme à 47 ans quand on travaille pour Warner qu'à 35 ans lorsqu'on travaillait avec Disney : Il n'y a qu'à regarder les photos pour s'en persuader... Quelle déception.

Scary_Tim

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