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Côté Beurre
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4 octobre 2008

Necro plus Ultra...

Ce billet, publié le 1er septembre 2005 sous le titre de Nec-rophilie, ne parle pas assez de Carla Bruni. Rétrospectivement, j’aurais peut-être dû…Mais d’un autre côté, mérite-t-elle vraiment qu’on parle d’elle ?

La vieille garde des chanteuses mortes ou presque a encore frappé. Après le bref et claudiquant retour sur scène de Juliette Greco, on a eu droit aux reprises de Barbara par les chanteurs aseptisés de la Starac et compagnie. Tout de même, imaginez ce qu'on fait au nom de l'âge d'or de la chanson française... La pauvre Greco est aussi émaciée que les portraits du peintre homonyme. Une momie surannée qui rend son dernier souffle. "La plus belle ombre, ma chérie, ne peut donner que ce qu'elle a..."

Les chanteuses "à l'ancienne" sont soit mortes, soit des épaves. Il semble que la momie alcoolique ou médicalisée soit un créneau dans le show business. Voyez Line Renaud, l'emphysémateuse au boa, déjà canonique du temps de Thierry Le Luron. Elle était déjà star quand mon père avait deux ans. Ah, l'amie Line, notre Renaud nationale, sainte patronne de la variété, qui s'est longtemps accrochée à Las Vegas comme une moule à un pétrolier trop grand pour elle... Je ne me souviens plus si elle a cassé sa pipe, Line.

Autre soi-disant grande dame de la chanson, la Piaf était à peine médiocre. Sans doute émouvante et de toutes façons bel et bien morte, elle chantait presque juste avec son vibrato de quatre kilomètre. C'est à peine si la chèvre de monsieur Julien Clerc a fait mieux. Elle a fasciné les foules on ne sait trop comment, vu que la chanson c'était pas ça et que la mise en scène c'était pire : Elle se plante sur scène, et vogue la galère.

De temps en temps elle bougeait les bras, elle oscillait dans sa robe noire à pleurer. En plus elle était moche... Jeune ou vieille, elle avait des traits plus qu'ordinaires, des mains crochues et une chevelure façon mérinos. C'était aussi une clocharde aux mœurs douteuses. Une vraie, en plus, ramassée dans la rue par un imprésario ! Qu'on ne m'accuse pas de l'insulter gratuitement, on a assez capitalisé sur "la gosse des rues de Montmartre", "le lézard des murs", "la môme Piaf"... C'est ça qui émeut.

Barbara, autre morte célèbre, est une grande gigue fripée, maniaco-dépressive et anorexique très prisée pour les reprises en ce moment. On la voyait déjà à la limite du trépas de son vivant. Elle a composé deux chansons qui sont restées des classiques, mais n'a jamais réussi à les interpréter de façon claire, ni même audible. J'aurais regardé ses shows rien que pour savoir si elle allait cesser de respirer sur scène... Et si oui, si elle-même ou qui que ce soit d'autre s'en apercevrait.

Un peu plus fun que Barbara, on a Brigitte Fontaine. Pourtant, elle apitoie, elle aussi. Bien sûr, elle est vivante, mais c'est une épave, une alcoolique avouée, droguée jusqu'à l'os et ménopausée jusqu'à la moelle. C'est une clocharde, elle aussi, mais seulement à demi : elle le confesse dans ses chansons. Défoncée en permanence, mal fagotée, au pire elle fait ancienne fille de joie. La vieille n'est d'ailleurs plus capable d'articuler trois notes. Symbole de la bourgeoisie bohème, elle rote avec grande classe, ou croit le faire.

C'est l'apologie de l'immondice et de la dépravation, de l'amoralité, de la victime totale de ses propres penchants pour tous les vices disponibles. On aimerait nous faire croire que ce n'est pas un peu de sa faute, même si elle-même s'assume. Cette fille, devenue prisonnière de son personnage en même temps que de la drogue, vit, m'a-t-on dit, assez crûment alors que ses agents et ses dealers s'en mettent plein les poches.

La cohorte des vieillardes ne s'arrête pas là ! Régine et ses liftings sauvages à la Jean Claude Jitrois, les disques issus de sa gargote, ses cheveux et son décolleté toujours plus improbables... Michèle Torr a l'œil torve souligné de botox lors de ses catastrophiques tournées dans les maisons de la culture et les supermarchés de province... Rika Zaraï, égérie gay que même ses bains de sièges hassidiques n'ont pas réussi à sauver des remixes techno, à tel point que cet autre juif, Alzheimer, la fait se promener sans chemise, sans pantalon et apparemment sans neurones...

Dalida, plus remixée et surtout plus blonde, avait au moins eu le bon goût de mourir avec un glamour un peu mieux conservé. Véronique Sanson, France Gall, Mylène Farmer, elles ont toutes une once de décence et se reconvertissent progressivement dans la production. C'est mieux que de nous rejouer "Zombi" de Romero en trimballant leur vielle peau en rideau froissé sur la scène ou des jeunes andouilles font suffisamment de dégâts. On ne les entend plus guère que dans les galas de charité à part Mylène qui sévit encore, hélas.

Oui, parce qu'en admettant qu'il y ait eu quelque chose au départ, c'est comme dans la chanson de cet autre vieil abruti à grosse tête, là, Florent Pagny : elle s'est cassée, la voix. Sans laisser d'adresse, en plus.

Toujours est-il que ces horreurs du passé, ces squelettes qui ne veulent pas rester dans leurs placards, ces vieilles neuves ou anciennes me les brisent. Menu. On l'aura d'ailleurs compris à l'extrême finesse de ce propos façon gros sel dans la carabine. En guise de conclusion, j'en profite pour mettre en garde contre les jeunes vieilles, ou les fausses jeunes : Les vieux mannequins reconvertis à la Carla Bruni, les jeunes bobos à la guitare sèche ou au piano à la Jeanne Cherhal, la nouvelle scène gainsbourgoide à la Arthur H, Les voix bancales tendance à la Vincent Delerm et Thomas Fersen, Les accordéons et le jazz manouche à la Sansévérino, et jusqu'à Zazie et ses molles mélopées... Les rides guettent !

C_est_le_piaf

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