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Côté Beurre
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25 juin 2008

Prince Casse-Pieds

Aujourd’hui sort au cinéma le Prince Caspian, la suite de cette bondieuserie crapoteuse à gros budget, redite édulcorée de la Bible par un sous-Tolkien de supermarché, que fut Narnia. Comme je n’ai aucune envie de parler d’un énième navet pour enfants du type affiche à dominante bleue et lettres dorées / enfants héros d’un monde magique, je ne vais pas m’emmerder à le faire.

A la place, je vais vous parler du dernier film de M. Night Shyamalan, Phénomènes.

Je précise tout de suite que je ne l’ai pas vu… Mais ne nous arrêtons pas à ce détail. Comme le sait fort bien Paul Valéry, il est tout à fait possible de parler d’une œuvre avec justesse en faisant fi de son contenu. Voire même en ne faisant aucune allusion à son auteur. Les critiques en tout genre n’hésitent jamais, d’ailleurs, à pratiquer leur art de cette manière, alors pourquoi ne pas essayer ?

D’autant que je n’ai pas besoin d’avoir vu le film pour savoir ce qu’il contient… Les sources à ce sujet sont nombreuses et variées, et l’histoire est relatée un peu partout : Les gens commencent à se suicider en masse dans le monde. Un prof de lycée et quelques autres y survivent pour découvrir qu’il s’agit d’un gaz neurotoxique sécrété par les plantes, vengeance de la nature sur l’homme.

C’est tout. Je veux dire, c’est là toute l’histoire. On dirait un peu La Ceinture Empoisonnée de Conan Doyle, un roman mineur et méconnu, car assez simpliste. Il s’agit donc d’une fable écologiste à deux balles avec des acteurs connus, dite par un réalisateur duquel on attend encore beaucoup (ou, plus exactement, qu’on attend au tournant pour voir s’il va se planter ou pas).

J’en veux pour preuve le fait que tout le monde ou presque va le voir… une fois.

Les critiques sur AlloCiné.fr (et ailleurs) vont de zéro à 4 étoiles, à peu près également réparties sur tout le spectre de la notation possible. Il y a autant de bonnes critiques de spectateurs que de critiques moyennes, et à peine plus de mauvaises critiques. Il y en a même qui mettent 4 étoiles et disent clairement « si vous avez aimé Le Village et Signes, vous allez adorer… moi j’ai détesté. »

La critique de Chronic’art est un bijou d’élitisme verbeux et minable (comme le reste du magazine) :

Moins de signes et plus de flou (…) voilà la zone de mouvance et d’illisibilité maximale où semble désormais se poster le cinéma de Shyamalan. La nuit, le brouillard, l’automne de l’échec ont semble-t-il recouvert les certitudes et les apparats du wonderboy, ouvrant du même coup un champ nouveau au déploiement de ses maléfices. 4 étoiles.

Ah, ça se pose là, une critique pareille ! Traduction : On n’a rien compris, on a détesté et on s’est fait chier à cent sous de l’heure, d’ailleurs on l’a pas tous vu, et la plupart d’entre nous étaient dans le gaz, mais comme c’est visiblement un réalisateur intello on se gargarise de mots, on appelle le réalisateur par son nom de famille, et on dit que c’est génial.

Mad Movies, critique qui, à défaut d’autre chose, a souvent le même avis que moi, a le mérite d’être clair : Des protagonistes improbables, balancés là dans le seul but de dynamiser un scénario vide et creux. Zéro étoiles. Je ne sais pas ce que j’aurais pensé des protagonistes, mais il est vrai qu’on en attend peu de Mark Wahlberg en tant qu’acteur convaincant…

Quant au scénario, on l’a vu, il ne dépasse pas la série Z. En fait, le même jour, est sorti un bon gros navet de série Z assumé : Ruines. Il ne passait, hélas, que dans trois pauvres salles à Paris, complètement bouffé par le phénomène Phénomènes. C’est l’histoire d’un groupe de gens qui se réfugient dans une pyramide en ruines envahie par une plante carnivore monstrueuse.

Il s’agit donc du même thème, ici tourné en dérision comme seul sait le faire un petit budget.

Quant à Phénomènes, en ne regardant pas le film, je ne peux pas être influencé, pollué, par le message que cherche à faire passer le réalisateur. Oui, parce que Phénomènes est un film a message. Personnellement, j’aime quand les films que je vais voir me racontent une histoire, et j’ai toujours été d’avis, comme beaucoup, que les « messages » étaient du ressort de la poste et pas des auteurs.

Foin des analyses filmiques des étudiants qui se tirent la ficelle dans le noir : je suis capable d’analyser moi-même un film si l’envie m’en prend. Je veux simplement qu’on me dise s’il est bien ou pas, si j’aimerai ou pas ! Les cahiers du cinéma, et les autres, ce sont des inutiles qui vont se masturber devant des films traditionnels plutôt que pornos, et font du sperme recueilli un magazine…

Songez qu’il est considéré comme factieux pour un critique d’émettre un avis sur un film, à l’heure actuelle !

Quoi qu’on en pense subjectivement (et je peux comprendre que cela ne soit pas important de savoir ce qu’un critique en pense, tant qu’il nous permet de nous faire une opinion par nous même au lieu de s’ingénier à faire le contraire), le film Phénomènes a fait beaucoup de remous, simplement parce que c’est le dernier film de ce réalisateur si étrange et fascinant…

Le cinéma de M. Night Chia-mal-âne fait en effet l’objet d’un buzz particulier : Considéré comme un des Très Grands Réalisateurs, Monstre Sacré dés son premier film, un enfant prodige du 7e art en plus d’être un américain d’origine indienne particulièrement photogénique, on le voit comme le renouveau d’Hollywood. Même ses détracteurs lui reconnaissent un talent indéniable.

Peut-être parce qu’encenser une telle œuvre ne demande aucune réflexion. C’est vrai quoi, c’est tellement plus simple de faire semblant de ne pas s’apercevoir que l’empereur est nu. Chronic’art a raison sur un point : le cinéma de ce réalisateur est d’une illisibilité, d’une inregardabilité (qu’on me pardonne ce néologisme pour « imbitable ») presque maximale.

On dit que presque chacun de ses films est un nouveau classique. Personnellement, j’ai aimé le 6e Sens la première fois que je l’ai vu, et je l’ai VOMI dés la seconde fois. J’ai trouvé ça lent et chiant. Un film qu’on ne peut pas voir plusieurs fois, je n’appelle pas ça un classique… Incassable, son second film, je le revois avec un certain plaisir, malgré des longueurs évidentes.

Encore qu’il y a mieux. Mais c’est normal, Incassable repose sur un thème que j’apprécie, et on peut presque dire qu'il assume son côté dérisoire. Signes et le Village sont pour moi des daubes absolues, que je me suis forcé à regarder jusqu’au bout. Le faux suspense est comme un soufflé qui, plutôt que de retomber, n’a jamais levé en premier lieu… Pathétique !

Reprenez mot à mot la critique de Phénomènes selon Mad Movies un peu plus haut dans ce billet, et vous aurez résumé ces deux films.

Vous comprendrez que je n’aie pas souhaité voir La Jeune Fille de l’Eau, après m’être pourtant acharné à examiner les films précédents… Et que je ne souhaite pas voir Phénomènes non plus. Quoi qu’il en soit, je n’appelle pas ça des classiques, nouveaux ou autres ! Il se trouve que je suis loin d’être le seul à détester ces films.

La question que je me pose, c’est pourquoi faire enfler la réputation de ce réalisateur alors qu’il ne produit que des films qu’on dira pudiquement mitigés ? Quentin Tarantino, bien qu’ayant réalisé moins de films, les a tous réussis mieux que lui. Spielberg, si l’on peut discuter ses scénarii, n’a plus rien à prouver en terme de réalisation, et il est encore bien vivant, que je sache… Et j’en passe.

Certains disent qu’il va s’améliorer… Eh bien, c’est ça ou crever la dalle. Quoi que, le snobisme fait recette. Au moins, qu’il se paie des scénaristes et un directeur de la photographie qui calme ses ardeurs.

M. Night Shyalamanelejanalakaman est-il un Ed Wood qui s’ignore ? Un réalisateur de navets étrangement beaux, un nul qu’on aime ? Non, il est tout simplement hitchcockien. On reconnaît dans ses films nombre des codes du grand ancien, au premier coup d’œil. C’est à se demander s’il s’agit d’un hommage, d’une inspiration, d’une parodie, ou de pompage éhonté.

Le réalisateur n’hésite pas à se mettre en scène dans chacun de ses films (quelle fatuité !), et à distiller le suspense à la façon du maître… Sauf que la copie est mauvaise, à revoir : derrière le suspense de M. Night Shyamalan, il n’y a jamais rien. Soit dit en passant, si cet immense classique que sont Les Oiseaux ressortait de nos jours, ce serait un BIDE RETENTISSANT. Trois piafs et une musique dissonante ? Je rigole.

Il faut laisser le passé au passé. Conclusion : renouveau, mon cul.

Si on ne peut nier le fait que M. Night Nanaufromage (putain, j’en ai marre d’écrire son nom, à ce connard…) possède un talent certain pour faire de jolies images et une mise en scène astucieuse, cela ne suffit pas. A l’instar des images de synthèses des épisodes I, II et III de Star Wars, la réalisation de M. Night Shamalama-ding-ding est omniprésente, envahissante, trop visible, et ne remplace rien de ce qui manque à ses films.

On sent, hélas, qu’il veut montrer son art. Il y arrive, et c’est fort beau, mais ce n’est pas le but de l’exercice : cet homme aurait dû faire de la photographie (ce qui aurait eu l’avantage de ne pas attirer mon attention, puisqu’il s’agit d’une facilité que je n’estime pas). Plutôt que d’être au service de son histoire, de son film, de ce qu’il veut montrer, il est au service de la forme.

Et, franchement, c’est chiant. Cet homme l’est, d’ailleurs, du moins lorsqu’il parle de ses films. Je n’ai peut-être pas vu Phénomènes, mais j’ai vu des interviews du réalisateur quant à ce film, et aussi quant aux précédents : il m’a fait l’effet d’un imbécile puant d’orgueil. Ce que j’ai dit plus haut est vrai : la vraie star de ses films, c’est lui, ce ne sont ni les acteurs, ni le scénario, ni rien d’autre.

Cet homme est talentueux, mais certes pas moitié autant que ce qu’il croit. Il a réussi un exploit proverbial : avec un talent aussi aiguisé, il s’est coupé lui-même.

Pour toutes ces raisons, je n’irai pas voir le Happening de M. Night Shyamalan, pourtant sorti il y a deux semaines en France sous le phénoménal titre de Phénomènes. Je pense sincèrement qu’il s’agit d’une merde, avec des acteurs pas si bons que ça qui font ce qu’ils peuvent pour tenir à bout de bras un scénario indigent, prétexte à des photos style performance art, (lire foutage de gueule) et un message bateau.

Mais comme vous allez y aller, comme tant d’autres couillons, vous me direz si j’ai raison ou pas.

Chien_malade

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