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Côté Beurre
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31 octobre 2007

Joyeuse fête des morts !

Contradiction dans les termes ? Pas forcément.

Demain, le 1er, c’est la Toussaint, la veille du jour des morts, bla bla bla… Je ne vais pas me répéter, vous savez déjà tout ça. J’en ai parlé, déjà, l’an dernier et l’an d’avant (lorsque ce blog était dans sa précédente incarnation), vous connaissez tous la fête de la Samain, Halloween, et toutes ces sortes de choses à la fois païennes, profanes et mercantiles. C’est comme ça qu’on les aime.

Il est difficile de ne pas tomber sur des informations (certes souvent fragmentaires, simplifiées à l’extrême, vulgarisées au possible ou complètement fausses) sur les origines de la fête d’Halloween lorsqu’on cherche un peu. Le fait que ce soit une ancienne fête celtique de la mort n’a fait qu’ajouter au mystère de cette nuit de l’horreur, malgré le fait que vider des navets soit moins cool que sculpter des citrouilles…

Tout ça se réclame même d’un mouvement de redécouverte du paganisme, plaisir coupable de quelques judéo-chrétiens qui croient s’y connaître parce qu’ils ont vu un DVD de Buffy et qu’ils ont fumé un joint devant un pentacle aromatisé par Ducros, et qui pensent qu’ils sont originaux… Alors que la génération de leurs parents ou grands-parents, celle des années 60-70, a enfanté le New Age !

Mais, comme je l’ai déjà dit, le marché de la nostalgie ne s’est jamais aussi bien porté. Entre le remake plat et politiquement correct de Hairspray et les revivals divers, le retour du psychédélisme et du nationalisme frââânçais…

Vu dans le métro : un Roumain quelconque portant à l’aide de sangles une boite en carton bardée et encollée avec des morceaux ondulés ; censés imiter des tuyaux d’orgue. un aspect risible, une parodie d’artisanat d’art plein de shatterton, même pas en carton-pâte, en carton tout court… C’était à peine peint en doré, et il y avait des trous. A l’intérieur, un haut parleur et un appareil lisant péniblement des fichiers .midi !

Mais quelle importance, au fond ? La plupart des voyageurs n’ont jamais entendu d’orgue de barbarie, et ne font pas la différence entre l’innommable cacophonie électronique d’un Romanichel pitoyable dans le métro et l’innommable cacophonie artisanale d’un franchouillard puant dans une rue… Si ce n’est que le franchouillard a souvent quelques animaux pouilleux bourrés de sédatifs à sa botte.

Fin de la parenthèse sur la nostalgie touristique… Revenons à nos martyrs. Enfin, nos martyrs humains.

Cela ne m’étonnerait qu’à moitié si, pour cette Toussaint, on note un regain du christianisme et de la fréquentation des cimetières au jour des morts. Cette autre tradition Halloweenesque d’aller au cimetière le matin (en croisant parfois les reliquats de l’initiation sataniste des ados de la veille au soir…) pour rendre hommage aux chers disparus, de fêter tous les saints qu’on a oublié de canoniser « au cas où »…

Au cas où quoi ? Au cas où ils voudraient se venger ? Au cas où ils vous refusent leur patronage, leur protection l’année suivante ? Tout ça sent aussi fort le paganisme que le reste, non ? Point n’est besoin d’aller chercher dans les légendes celtiques. Evoquer la protection des morts en ce jour « dangereux » de l’année, fêter tous les esprits que l’on a oubliés dans l’année…

Parce qu’il faut dire que les saints, du moins la plupart, sont des esprits. Ce ne sont que des âmes de gens remarquables, ou mieux encore, des dieux et des esprits naturels à peine déguisés… Des noms, des entités ayant un pouvoir sur l’aspect de l’existence qu’ils patronnent, des serviteurs d’une divinité majeure. La vie des saints est de toutes façons un ramassis de légendes, rien de plus.

La preuve, on ne l’appelle même pas Histoire, mais hagiographie : écriture des choses saintes.

Les saints de la Toussaint entrent encore plus dans le moule païen, parce qu’ils n’ont PAS d’hagiographie. On les vénère en vrac, comme des puissances naturelles, on ne les connaît pas par leur nom et on ne connaît pas non plus l’étendue de leurs pouvoirs. Mais ce sont des martyrs, des gens dont le destin a été sanglant… Encore un fait particulièrement révélateur !

Les martyrs ont été sacrifiés de manière sanglante et douloureuse, et vous connaissez l’importance du sang dans la religion… Vous, chrétiens, qui vénérez des petits bouts de cadavres momifiés sous formes de reliques, et qui buvez le sang du Christ, mangez son corps par transsubstantiation, et pratiquez ainsi le cannibalisme à chaque eucharistie ! Eh oui, le christianisme est beaucoup plus païen qu’on ne le croit.

Quoi qu’il en soit, ces « morts qui dorment en christ », leur rendre hommage ets une fête aussi importante que Pâques ou Noël. Et la plupart des chrétiens ne savent pas pourquoi… Parce que les morts ne reposent pas en paix sans cela ? Parce qu’on craint les puissances de l’au-delà ? D’aucuns disent que c’est « pour ne pas oublier »… C’est en fait le témoignage de l’espérance chrétienne en la vie éternelle.

L’espérance, un mot avec lequel les cathos font du rentre-dedans : Entrez dans l’espérance, disent-ils ! L’espoir fait vivre, ils espèrent donc que leur espérance en l’au-delà sera récompensée.

On rend hommage aux morts, et c’est une manière d’affirmer qu’ils n’ont pas disparu mais qu’ils sont passés dans un ailleurs mal connu que l’on espère être le Paradis… Les moines de Cluny et quelques papes ont instauré cela peu après l’an Mil. Et le fait que ça soit juste un jour après la fête des morts de tant d’autres cultes n’est qu’une coïncidence. Ben voyons.

Bref, que ce soit la peur de mourir, la peur qu’il n’y ait pas d’au-delà, la peur que les morts reviennent, la peur des puissances inconnues, la fête de la Toussaint est une fête fondée sur la peur. Qu’elle soit solennelle ou joyeuse, c’est toujours pour conjurer la peur de l’inconnu, de l’inconnaissable… N’en déplaise aux catholiques bien pensants.

Pour conjurer le sort, ils prient, tout simplement, parce que c’est ce qu’on fait toujours dans ces cas-là… Plutôt que de hurler au hasard devant l’absurdité de la mort, ce qui ne sert à rien, on préfère offrir des fleurs aux défunts en espérant que ça serve à quelque chose. Faire pousser des chrysanthèmes plutôt que pousser des cris sans thème…

Chacun son truc, je suppose.

Chrysanth_mes

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