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Côté Beurre
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30 octobre 2007

Le monde est petit, nous aussi.

Ces derniers temps, la mondialisation redevient à la mode… Ou, plus précisément, ce n’est plus trop à la mode de la descendre en flèche. L’heure est à la coopération, même pour les écologistes qui conspuent les multinationales. Cela tient-il à l’attitude du gouvernement et de son Grenelle chéri qui a coupé l’herbe (c’est le cas de le dire) sous les pieds de partis écologistes en pleine décrépitude ?

Peut-être, peut-être pas. Peut-être que c’est plus fin que ça, moins manichéen que It's a small world à la Disney(trade mark) contre Un autre monde est possible à la ONG.

Peut-être que la bulle de l’altermondialisme a crevé avec José Bové. Peut-être que, pour un temps au moins, les gens se sont aperçus que vider ses poubelles devant un McDo et se faire des copains en prison était moins productif que de mettre en place un dialogue… D’aucuns disent que l’activisme violent et forcené joue bel et bien un rôle, mais, assurément, il ne résout pas les problèmes !

Parce que l’activisme paysan ou altermondialiste n’a pas été spécialement efficace. La seule grande victoire de ces imbéciles producteurs de nourritures rurales (oui, un con fait des rations paysannes, que voulez-vous, j’aime les calembours…) a été celle des OGM… L’opinion publique a été sensibilisée à la cause anti-OGM, à tel point qu’il y a eu gel des cultures dans un certain nombre de cas.

Cette victoire est mitigée par le fait qu’on ne sait pas si les OGM sont néfastes à long terme, même s’il est prouvé que ça ne tue pas d’en manger un peu… au contraire des pesticides, du glutamate, des engrais, de certaines nourritures pour animaux et de tas d’autres choses peu ragoûtantes, pourtant toutes permises, et que les mêmes paysans utilisent allègrement !

J’ai déjà parlé de tout ça, alors je me tais… Mais, sachez-le, ce n’est qu’une histoire de monopole commercial, de gros sous appartenant à des gens qui jouent sur la peur de l’inconnu que VOUS éprouvez.

Oui, les français ont adoré hurler contre la mondialisation. Nous avons même inventé le mot mondialisation pour remplacer le terme globalization, qui aurait très bien pu se traduire littéralement en français par globalisation… Mais, l’exception culturelle française étant notre orgueil depuis bien longtemps, nous avons préféré Londres à London, Varsovie à Warszaw, Le Caire à Al Qurah, et mondialisation à globalisation.

Lorsque Mittal ou Danone sont menacées de rachat, tout le monde hurle… Et l’état, en bon représentant du peuple (et toujours à friand de points de popularité), n’hésite pas à payer et à bloquer ce genre de deal. Lorsque les jouets chinois de mauvaise qualité (et avant eux les t-shirts) ont déferlé sur nos pauvres grossistes comme la misère sur le pauvre monde, même les gens de droite les plus férus de libéralisme ont crié au scandale…

Tout cela est bel et bon, mais cela n’a pas arrêté la mondialisation, qui ressemble étonnamment à ce que Marx a décrit, dans une analyse puissante mais aujourd’hui dépassée, comme un processus historique inévitable (si du moins une telle chose existe). Les circonstances et les gens de la Terre ont changé : on préfère, à tout prendre, le capitalisme dit équitable de Max Havelaar au communisme déguisé de José Bové.

Parce que les français voient aujourd’hui de la mondialisation un meilleur visage.

La France exporte son savoir-faire en Méditerranée, ses centrales nucléaires dans les pays scandinaves, son vin en Chine, son eau minérale partout dans le monde, que sais-je encore… Bien sûr, ça fait longtemps que ça dure. Ce n’est pas parce que les étudiants manifestent que le commerce international s’arrête ! Mais depuis l’avènement de la droite décomplexée au pouvoir, on le dit. C’est une différence de taille.

Et ça, c’est effectivement à cause des médias, qui suivent l’opinion publique autant qu’ils la manipulent, sentent le vent venir, et adaptent l’information, ou plutôt le choix de la désinformation, en fonction. C’est le « message », comme dans une chanson à message, un terme exécrable qui sied plus aux postiers qu’aux journalistes, aux publicitaires qu’aux poètes, et dénonce surtout un manque de subtilité.

La mode est donc aujourd’hui à la fierté d’être français, et tous le mettent en avant, tant les publicitaires que les grands groupes médiatiques… Non à cause d’une prétendue propagande de l’état, mais parce que ça fait vendre, parce que c’est l’opinion publique qui dirige, et que, dernièrement, 85% des français sont allés accomplir leur devoir civique !

Mais tout cela, c’est du show-business, comme le disait Jean Yanne.

Peut-être qu’il s’agit d’un changement de mentalité et d’une étape historique, on le saura dans vingt ans… mais le changement, c’est constant et graduel. Celui-ci est d’ailleurs jalonné de compétitions sportives, à la fois symptômes et agents de la manipulation des mentalités : la coupe du monde de football, le pataquès autour des Jeux Olympiques qui n’auront pas lieu à Paris, dernièrement le rugby…

Panem et circenses ! De la baguette estampillée tradition et des cons dans un stade : les vieilles recettes marchent toujours.

Ce qui a changé, c’est l’image, un point c’est tout. Il ne s’agit pas que de nos produits du terroir, pourtant réputés : Cela fait longtemps que le train express entre Boston et New-York est un TGV déguisé, que les Anglo-Saxons du monde entier et les stars d’Hollywood ne jurent que par Evian et Perrier, que les usines de voitures françaises (à défaut des voitures elles-mêmes) font le tour du monde…

Même la diplomatie française fait son come-back. Elle n’a pas de quoi se vanter, d’ailleurs, mais ce que je veux dire c’est que la situation n’a pas changé : elle n’est pas plus efficace qu’avant !

Les français se croient envahis par les produits américains, la chanson anglo-saxonne et les anglicismes… Déjà, si la plupart des français étaient capables de faire une phrase correcte en anglais, ça se saurait, alors comment voulez-vous que le français soit en danger ? Il change, c’est tout. Ensuite, si les français faisaient autre chose que des chansons à texte en français (souvent nulles, de surcroît)…

Passons, on pourrait en dire bien d’avantage. Mais la prochaine fois que vous verrez une affiche pour Coca, Pepsi, Starbucks, Warner, ou quelque autre grand groupe méchant-pas-beau qui réveille votre anti-américanisme primaire, souvenez-vous que l’affiche se trouve presque immanquablement sur un abribus, un panneau ou un support construit et établi par la firme française JC Decaux.

JC Decaux ne fait pas de pub, mais exporte dans le monde entier ses espaces publicitaires… Le métro parisien, les panneaux publicitaires, L’aéroport de Los Angeles, des pans entiers d’immeubles londoniens, ce sont eux. Ils ont même payé pour construire tous les abribus (emplacement publicitaire compris) de la ville de Sydney… Payé, oui, vous avez bien entendu. Et l’état les subventionne, même.

Comme presque toutes les grandes entreprises qui exportent. C’est ce qu’on attend de l’état, non ?

C’est une idée de génie qu’a eu quelqu’un de chez Decaux : partout dans le monde, quel que soit la pub, ils gagnent un pourcentage sur tout ce qui est affiché sur l’un de leurs support ! Ils profitent comme personne des ce que d’aucuns considèrent comme les pires aspects de la mondialisation et du consumérisme… Et, dans ce qu’on appelle le oï polloï, le grand public, personne ne le sait.

Voilà un paradoxe : Tout le monde grogne contre la pub, et particulièrement l’invasion commerciale des autres pays. Des collectifs anti-pub se créent contre ce qui est perçu comme une menace visuelle… Mais chacun ignore superbement que ce sont des français subventionnés par l’état qui permettent la pub, qui en profitent, et que c’est bon pour l’économie !

Je trouve ça hilarant. Pas vous ?

Le_monde_est_petit

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