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Côté Beurre
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28 octobre 2007

L'autre Alex dans ma vie...

Mais qui est donc Alex Taylor ? C’est la question que me posent certains de mes amis. La question que moi, je me pose, c’est : Comment peut-on l’ignorer ? Certes, le monde dispose d’une multitude de Taylors célèbres, plus célèbres en tout cas que cet Alexander Mark Taylor. Ne cherchez pas, ils n’ont aucun lien de parenté : Taylor est chez les Anglo-Saxons un nom aussi courant que Martin en France.

Rien à voir, donc, avec Liz Taylor, la star aux yeux violets qui a épousé, si pas la moitié du monde, du moins la moitié de ceux qui comptaient en son temps. Rien à voir non plus avec Vince Taylor, le clone british d’Elvis à l’accent bâtard et maladroit, idole du scopitone… Ni même avec Robert Taylor, « l’homme au profil parfait », star d’Hollywood qui fut le héros de la série The Detectives dés 1959.

Le Taylor dont je parle, c’est celui qui a bercé la fin de mon enfance (le début des années 90), sur la chaîne qui ne s’appelait pas encore France 2, avec Continentales, le magazine de l’actualité européenne. C’est le premier magazine qui osait, à la fin, diffuser des épisodes en V.O.S.T. de séries kitschissimes comme les Golden Girls et Chapeau Melon et Bottes de Cuir.

Ma grand-mère maternelle en était friande.

Nous regardions donc ces séries débiles, moi à demi jouant par terre et elle me surveillant à moitié depuis le canapé du salon… Et je buvais, en même temps qu’une grenadine, les très excellentes actualités d’Alex Taylor, prononcées (au contraire des animateurs français habituels) avec un bon débit, une diction parfaite, et dans un français châtié, tempéré de l’accent britannique le plus léger…

Et le plus sexy, ne le nions pas.

Mais l’Europe, ma bonne dame, c’est loin du franchouillard de base, et ça ne fait pas vendre… Ce fut l’une des deux raisons pour laquelle Alex Taylor fut remercié. La deuxième est que, plutôt que de se cacher, il fit son coming-out dans un article de Elle. Enfin si l’on peut dire… Il ne fit que mentionner son partenaire par le pronom « Il » lorsqu’on l’Interviewa.

Ce pronom fut, dans l’article final, transformé en « Elle », malgré que, plusieurs fois, la journaliste de Elle eut demandé confirmation téléphonique après-coup à Alex Taylor. Le magazine a décidément eu des déboires avec un pronom qu’ils sont pourtant habitués à utiliser en titre… Elle a toujours été un magazine de pétasse bourgeoise (l’interview de l’ex-première dame, récemment, ça ne vous dit rien ?).

Voyant l’article publié, le futur ex-animateur leur envoya une lettre aimable leur disant qu’il ne souhaitait pas qu’on mente sur sa vie, que l’homosexualité était légale depuis 1981 et qu’il n’avait pas à se cacher. Ceci sonna le glas de sa carrière, au moins pour un temps, la deuxième chaîne ne pouvant admettre un présentateur publiquement gay si tôt (plus de dix ans !) après la dépénalisation.

Certes, il avait démarré comme animateur radio sur Fréquence Génération, vite devenue Fréquence Gaie, et son homosexualité était un secret de polichinelle… Mais, que voulez-vous ? Vox populi, vox vetravisio

Pourtant, cet anglais bon teint ayant grandi dans les Cornouailles, Scholar à Oxford (ayant eu la meilleure note dans chaque matière à l’examen d’entrée, oui madame !), a vraiment la tête du gendre idéal. Très grand, brun, les traits réguliers, le torse velu de James Bond et les yeux innocents d’un séminariste, il a tout pour plaire, non ? En tout cas il avait tout pour me plaire à l’époque.

Mon éveil sexuel de fit par, entre autres, Alex Taylor et Tom Selleck (le dimanche après-midi dans Magnum)… Et je garde jusqu’à aujourd’hui un goût certain pour les hommes velus !

Je ne le compris que plus tard, cet homme m’a enseigné une importante leçon. Et si je n’en étais pas exactement amoureux, c’est que je n’étais pas assez vieux pour l’être. Ce sont là des révélations personnelles comme on en trouve peu sur ce blog : Alex Taylor est le premier personnage public a m’avoir familiarisé avec l’homosexualité… et surtout ses aspects positifs.

C’est le premier à s’être montré jeune, beau, intelligent, professionnel, heureux, bien payé, en couple, aimable, doté d’un grand sens de l’humour, encore en vie, ET homosexuel, du moins à mes jeunes yeux. Je n’étais alors pas le moins du monde pubère, mais c’est bien Alex Taylor qui a semé en mon terreau fertile les graines de l’acceptation : l’homosexualité, ça n’est ni la mort, ni une tare !

D’autant qu’Alex Taylor ne tarda pas (trop) à retrouver du travail. Sa carrière est marquée par un poste sur Arte et un sur France Inter (pour la revue de presse européenne), des apparitions dans de très nombreux débats et colloques (il parle six langues européennes, le bougre !), à l’Eurovision, et plus récemment l’animation de débats dans Le Set sur la moribonde PinkTV…

Il a travaillé pour la BBC et pour France Info, il a été directeur des programmes pour Radio France Internationale… bref, il touche sa bille.

Et même s’il a présenté ce dont d’autres que lui auraient eu honte, comme les élections de Mr. Bear ou de sombres congrès d’entreprises oubliées, il a aussi eu l’honneur de commenter des visites en France de la Reine Elizabeth II, et d’animer d’importantes conférences sur l’Europe à la Sorbonne avec le président Chirac et ses ministres…

Et s’il a mangé de la vache enragée et avalé quelques couleuvres, il n’a jamais compromis son intégrité.

Pour Alex Taylor, un diplômé de langues étrangères d’une université ô combien prestigieuse, un Anglais qui a fui son pays répressif pour vivre dans une France nouvellement tolérante des homosexuels dans les années 80, qui a voyagé partout et découvert de nombreuses cultures et qui vit aujourd’hui à Berlin, l’Europe, ce n’est pas qu’une spécialité, c’est une évidence !

A mon humble avis (qui n’est pas humble du tout, mais tant pis), bien des gens devraient en prendre de la graine. Il n’y a guère que pour les grandes entreprises et les politiciens que l’Europe est une évidence, de nos jours, du moins aux yeux des français. Dans tous les autres pays européens, quel que soit le point de vue, l’Europe, ce n’est pas loin, ni flou, c’est l’avenir, c’est le présent !

C’est donc le cœur battant, bien que léger, que je suis allé quérir, jeudi dernier, à la librairie gaie Les Mots à la Bouche, une dédicace auprès d’Alex Taylor. J’avais en main son livre autobiographique, le Journal d’un Apprenti Pervers. L’éditeur JC Lattès vient en effet de publier la vie parfois triste et souvent drôle, haute en couleur, d’Alex Taylor, toujours journaliste et toujours indépendant.

De le rester longtemps, c’est tout le bien que je lui souhaite. Quant à vous, chers lecteurs, je vous souhaite de découvrir Alex Taylor avec sa barbe de trois jours et ses cuirs de moto (miam !), à travers son livre ou bien en vrai (c’est quelqu’un de très ouvert pour peu qu’on le retrouve sur Internet). Mais, par pitié, ne lui faites jamais, JAMAIS le coup de My Taylor is Rich

Jacques Chirac est loin d’avoir été le premier à la lui faire.

Taylor_suit

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Commentaires
E
En l'occurrence, après n'avoir écouté que deux chansons de Vince Taylor, et celles-ci ne m'ayant pas marquées, je l'ai trouvé très clone-d'Elvisesque. Mais je serai le premier à dire que mon avis n'engage que moi !
Y
bonsoir<br /> Vince Taylor, le clone british d’Elvis!!!<br /> qu'elle manque de savoir en matière de R'n'roll cher Mr!!!<br /> mais bon!!!chacun son avis..........<br /> Amicalement rock.<br /> ...Yepcats...
E
Après vérification auprès de l'interressé, Alex taylor n'a pas obtenu les meilleures notes dans TOUTES les matières... Juste en français et en allemand.<br /> <br /> Quant au nom de l'émission qu'il présentait sur PinkTV, c'était "Elevons le débat" et non "Le Set"... J'ai confondu les noms sans pour autant me tromper d'émission, cela dit !<br /> <br /> Bref, voilà, mea culpa.
H
merci de m'avoir remis en mémoire le nom de l'émission et de son présentateur (quel beau gosse, et anglais chic avec ça) qui a bercé également mon enfance ;-) Ah, par contre j'étais plus sensible à Diana Rigg, j'avoue...
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