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Côté Beurre
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19 septembre 2007

Tous des pourris, ouais !

Cela va en étonner certains, mais j’ai eu ma période de collectionnite aiguë. J’ai naturellement la tête à thésauriser, ce qui n’arrange rien. A une époque, c’était les cartes à jouer et à collectionner… Et comme j’ai toujours eu un certain standing, il s’agissait du premier et du meilleur jeu sur le marché : Magic. Qui ne connaît le franglais de marque déposée « Magic : L’Assemblée » ?

C’est un jeu qui a dépassé le cadre du petit monde des rôlistes. Il y a même eu des pubs à la télé.

C’était du temps ou ça commençait à se faire connaître en France : la première édition en français est sortie, je crois, un peu moins d’un an avant que je ne commence à collectionner. Donc, par souci d’homogénéité, j’ai toujours acheté les cartes écrites en anglais. Et puis un beau jour, bah, Magic, ça m’est passé. Vous savez comment sont les gosses.

Avant même de finir le lycée, je n’avais plus le temps ni l’envie de trier les cartes aux textes abscons et de concevoir des stratégies complexes autour de combos démoniaques… Et comme les circonstances ont fait qu’il y avait moins de joueur autour de moi et que personne n’était aussi bilingue que moi en anglais (ils s’étaient tous mis à l’édition française, les paresseux !), j’ai cessé.

J’ai toujours détesté les clubs. Et si c’était pour jouer hors club une fois l’an, hein…

Bref, à cause de tout ça et du fait que tout petit déjà j’avais un bon budget pour mes loisirs, je pèse actuellement mon poids en cartes anciennes, certaines fort rares, toutes en anglais. Et comme je ne joue plus avec, je me suis longtemps tâté pour les vendre. Je n’ai jamais pris le temps et ça m’a toujours fait un peu chier, vraiment, mais bon… Récemment, je me suis renseigné sur les prix de rachat.

Oh. My. Fucking. God. Je ne vous raconte pas l’ARNAQUE. Pire que le prix du SMS.

Déjà, le rachat sur Internet, c’est du grand n’importe quoi. Vous n’avez aucune garantie, et celui à qui vous vendez les cartes non plus, et ce même si vous passez par un de ces sites pour lesquels il vous faut un compte vendeur (racket de dix euros…) et/ou qui prennent une commission sur les ventes… Quant aux boutiques, c’est une véritable mafia.

Non seulement ils ne rachètent pas toutes les cartes, mais il s’agit d’un rachat pour une fraction dérisoire du prix de vente de la carte à l’unité… C’est certes toujours légèrement supérieur au prix ou vous payez la carte en paquet, mais pour en obtenir quelques unes qui valent vingt centimes d’euros au rachat en boutique, il faut bien sûr avoir acheté quelques dizaines de paquets de quinze cartes valant quatre euros !

Et si l’on considère l’achat de cartes en termes d’investissement, le rachat en boutique est tout sauf rentable.

Prenons l’exemple d’une carte un peu rare de la troisième édition. Cette carte (vous vous fichez de son nom) est vendue à l’unité sur un site que je ne nommerai pas (pour éviter de leur faire de la pub) 25 euros, « peu jouée ». Il y a plus cher… Si cette carte était plus ancienne, elle irait jusqu’à 90 euros. Et on a vu d’autres cartes qui en valaient des milliers… Une carte unique valant quelques millions est exposée au japon.

Mais passons, celle là vaut 25 euros. Ce qui n’est pas indécent, compte tenu du temps investi dans la collection de petits bouts de papiers, et du fait que c’est quand même moins cher de dépenser ça pour une carte spécifique que de jeter des milliers d’euros par les fenêtres ne achetant les pochettes recharge, pour finalement s’apercevoir que la carte, rare, ne s’y trouve pas.

D’autant que, dans le cas de cette édition, elle n’est plus commercialisée… Donc c’est ça ou rien.

Devinez combien la carte est rachetée (et uniquement en parfait état, pas juste « peu jouée ») sur le MÊME site ? Je vous laisse un peu de temps pour réfléchir. C’est tout de même le site de la boutique qui, selon ses propres dires, rachète vos cartes au meilleur prix… Il est vrai qu’il est presque impossible de faire jouer la concurrence. Il y a peu de boutiques sur Paris, et la majeure partie ne rachète pas les cartes.

C’est bon, vous avez réfléchi ? Allez, proposez un prix. Vingt euros ? Vous êtes fous. Vous vous dites que c’est douze euros cinquante… la moitié du prix, ça semble « rond », raisonnable, ça laisse une marge et ça tient compte de l’état parfois imparfait des cartes revendues… Même pas. Dix euros, ce serait scandaleusement bas, déjà… Mais vous n’y êtes toujours pas.

Trois euros. La carte est rachetée pour 3 euros, soit moins d’un huitième du prix. Et ce n’est pas le pire ratio.

Sur le forum de ce même site, il y a un joli sujet qui « explique » pourquoi les prix de rachat sont si bas. C’est la conjoncture, ma bonne dame ! Déjà, ils prennent un autre exemple dont le ratio est meilleur : une reprise à 11 euros d’une carte hyper rare revendue à 19,5 euros… Mais passons. Suit une petite colonne de sommes qui doivent, selon eux, être déduites du prix…

Environ deux euros au fisc pour la TVA, deux euros aux employés, deux euros aux comptables et avocats, quatre euros aux charges fixes (bureau, assurance, taxes…), moins d’un euro pour investissement de trésorerie et cinquante centime pour les frais de port (le prix d’un timbre). A ce prix là, m’sieur, on se tranche la gorge ! C’est carrément de la mendicité !

Ben voyons. Je conçois qu’il y ait un risque pris par l’acheteur, qui n’est pas toujours sûr de revendre, mais…

Premièrement… On ne va pas me faire croire que les employés sont payés au pourcentage sur chaque carte vendue, ni que sur chaque vente il y a un coût fixe qui entre dans l’entretien de l’arrière-boutique ! Tout ceci est déduit autrement, d’autant que la vente de cartes à l’unité est LOIN d’être le revenu principal des boutiques. C’est la vente de boosters qui paie tout, c’est évident !

Deuxièmement… Les charges et les taxes, c’est bien joli, mais ne me dites pas que tous les achats de cartes à l’unité sont déclarés ! Allons donc... Surtout les petits ! Alors oui, une boutique, ça paie des impôts. Oui, la conjoncture est mauvaise et c’est la crise, même quand on est une petite entreprise qui n’attire pas le fisc et qu’on a des aides quand on est jeune.

Mais enfin, quand même… Une marge brute de 87,5% et plus, en moyenne, vous ne trouvez pas ça UN PEU excessif ?

Sachant que les ceusses qui viennent vendre s’attendent quand même à être à peu près remboursés de ce qu’ils ont payé pour acheter leurs cartes au départ, et qu’ils ont le fol espoir d’en vendre beaucoup, sachant que le budget de ceux qui achètent les cartes à l’unité simplement pour jouer avec n’est pas forcément énorme… Tout ça est scandaleux.

C’est ce qui s’appelle une arnaque de proximité, non ? Au bout du compte, c’est ça qui est le plus indécent… Il ne s’agit pas de l’arnaque que constitue la firme Magic (il est possible de bien s’amuser avec très peu de cartes, sans collectionner !). On est loin des parachutes dorés des grands patrons… Mais au fond, qu’est-ce qu’un ou deux millions pour une multinationale qui pèse des dizaines de milliards ?

Non, l’exploitation d’un monopole, ce n’est pas réservé aux riches.

En attendant, moi, j’irai vendre mes cartes sur les bancs publics de la place Jussieu, illégalement, tel une marchande de poissons à la sauvette… Cela prendra, ma foi, le temps que ça prendra. Mais même à la moitié du prix de vente en boutique (ce qui défie toute concurrence) et sans tout vendre, il y a des chances pour que je me rembourse au moins du prix d’origine.

P.S. : Si vous voulez connaître la liste de mes cartes à vendre, histoire d’en acheter, n’hésitez pas à me contacter. Sans blague, je suis ouvert à toute proposition et négociation.

Richard_Garfield__la_carte

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