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Côté Beurre
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19 septembre 2007

La vieillesse savait, la vieillesse pouvait.

Il y a déjà quelques années, j’ai rencontré un comptable dans des circonstances vraiment pas très intéressantes C'est ce qui arrive en général quand on rencontre un comptable, que voulez-vous… Il ne vous appartient pas d’en savoir plus sur cet homme, mais cette rencontre marque le début inopiné d’une anecdote que m’en vais vous relater.

Je ne narre pas souvent d’anecdotes, alors tâchez de faire attention au joli conte que voilà :

Il y a quelques années, donc, le comptable moyen allait et venait en tout lieux pour faire les comptes des uns et des autres, emmenant avec lui son ordinateur portable et/ou une valise pleine de CD-Roms… Tout ceci étant nécessaire pour installer et utiliser les programmes de comptabilité. C’est déjà mieux que la machine à écrire et les paperasses, mais bon, ça pèse.

Quelle ne fut pas ma surprise lorsque ledit comptable, au lieu d’empiler près du PC qu’on lui allouait des tonnes de matériel, sortit de sa valisette une toute petite barrette profilée. « Comment ? » M’exclamai-je (je romance un peu), « Que n’apportiez-vous votre attirail, vous qui êtes venu là pour faire les comptes ? ». Ce sur quoi il répondit : « Noble sire, ne vous emportez point, c’est là tout ce qu’il me faut ! » (je romance encore.)

Bon, certes, il avait aussi un ordinateur portable, mais il ne s’en servit point.

Et de me montrer comment, en retirant le capuchon de sa petite barrette, il découvrait une prise USB, de l’insérer à l’avant du PC, et d’accéder directement à trois ou quatre programmes de compta pré-installés, ainsi que des données. « Quel est donc ce prodige ? » Dis-je (et il faut vraiment que j’arrête de romancer). Il me répondit qu’il s’agissait d’une clé USB, que c’était nouveau en France, et que ça allait faire un carton.

Je l’ai cru, bien sûr, et je lui ai tout de suite demandé où je pourrais m’en procurer. Il s’avéra qu’à cette époque, on n’en trouvait pas encore partout (pour tout dire, on n’en trouvait presque nulle part), aussi ne put-il pas me l’indiquer. Il me raconta en revanche comment il avait eu la sienne. C’était par un de ses clients, vous vous en doutez, ceux qui allaient vendre la chose en France.

Ce client, ou plutôt ces clients, c’étaient un petit groupe de retraités pas friqués du tout, mais qui boursicotaient à domicile ; un groupe de ces seniors surfeurs du web qui faisaient ça pour passer le temps entre le scrabble et le club de bridge. Parce que Internet c’est quand même vachement plus intéressant que tout ce qu’on peut faire quand on n’a QUE soixante ans et qu’on attend la visite annuelle de ses gosses.

Soixante ans, c’est un peu tôt pour fermer la porte de l’hospice et jeter la clé, non ?

A soixante ans et quelques, il reste presque quarante ans de vie à la plupart des gens, que diable ! Dans certaines professions, comme la recherche ou la littérature, on ne commence souvent à être réputé qu’à partir de cet âge là. L’expérience est un bienfait, et ce ne sont pas les nombreux cadres et formateurs de plus de cinquante ans sur la place de Paris qui me démentiront…

Bref, c’étaient de vieux copains. Ils avaient trouvé le gars quelque part en Asie ou je ne sais où, par le Net puis plus tard en vrai, LE gars qui fabriquait cet espèce de biniou simple comme bonjour : juste une barrette mémoire avec une prise USB générique. Et ils avaient trouvé le concept génial. Immédiatement, avec leur esprit pas compliqué, ils ont vu le potentiel d’un outil de stockage compact, et qui éludait totalement la fastidieuse gravure sur disque !

Ils avaient donc investi leurs économies là-dedans (c’est vrai, à quoi pouvaient-ils bien dépenser leur retraite ?), et fondé une société. A l’époque ou le comptable les a rencontré, ils débutaient et étaient gonflés de promesses. Aujourd’hui, la clé USB est un outil indispensable à quiconque travaille sur ordinateur, et ces commerciaux cacochymes vivent superbement dans leurs riches villas.

Le comptable les appelle ses « pépés », à chaque fois qu’il va les voir…

Cette histoire est authentique, à l'exception d'un fait notable : ce n'est pas à moi qu'elle est arrivée, mais à quelqu'un que je connais extrêmement bien. Je peux vous certifier qu'à part la licence poétique des dialogues, tout est véridique, jusques-et-y-compris le surnom que leur donne le comptable. J'ai moi-même rencontré les protagonistes par la suite : ce n'est pas un conte à morale ni de la propagande !

Qui a dit que les initiatives étaient réservées aux jeunes, et que la fortune ne venait jamais sur le tard ?

La_cl__des_vieux

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