Avis de perdu, recherche de vue !

Ingrid Betancourt (cette grande bourgeoise qui pique-nique aux frais de ses copains révolutionnaires sous-financés dans une jungle tropicale au bout du monde, dont j’ai déjà dit que ce n’était ni la première, ni la dernière, ni la plus méritante…) n’a pas le monopole de la disparition. Voyons ensemble d’autres « portés disparus » célèbres, que vous connaissez tous…

A commencer par Jacques Pradel, animateur et producteur d’émissions phares (et pas seulement bretons) de la télé-poubelle telles que Mystères, L’Odyssée de l’Etrange, Témoin n°1, et bien sûr (mais vous aviez deviné) Perdu de vue. En cela, il est l’un des grands précurseurs de la télé-réalité et de l’engouement télévisé pour l’étrange. Il a pris du poids et travaille à Europe 1 : autant dire qu’il a disparu.

On a aussi perdu Luciano Pavarotti, ce qui devrait relever le niveau de la musique internationale et du bon goût… Du moins dés qu’ils arrêteront de diffuser les infâmes medleys variétoches pour bar-mitsva et première communion que sont les concerts des trois ténors. C’est uniquement parce qu’il a mis sa notoriété au service de la variété que les chanteurs lyriques sont aujourd’hui libres d’être mauvais.

Après la gauche (et quand je dis gauche, je ne parle pas de la droiche des socialistes mais de la « vraie » gauche, ceux qui sont communistes ou pire), qui n’a pas attendu le renouveau commercial de Besancenot pour partir, c’est le programme du PS qui est porté disparu, perdu au milieu des déchirements d’un grands corps depuis trop longtemps sous perfusion. Il ne reste que l’euthanasie pour sauver quelques organes…

Dominique Marie François René Galouzeau de Villepin a enfin disparu, lui aussi. Mais il faut avouer qu’il n’a jamais vraiment vécu sur notre planète… L’aquilin et blême stratège de la dissolution, de la non-guerre en Irak, du CPE, et celui qui a voulu violer la France, a enfin perdu les restes de sa crédibilité en criant à l’injustice dans l’affaire Clearstream. Comme quoi, parfois, les victimes de viol se défendent.

Le dernier sport d’équipe à peu près potable aux fans encore suffisamment civilisés pour ne pas se foutre sur la gueule (du moins la plupart du temps, et peut-être parce que le jeu est violent et que les fans le pratiquent), est aussi porté disparu… Des joueurs professionnels déifiés, du merchandising, des calendriers, des sponsors, des clips débiles et l’intervention du Président ont fini de footballiser le rugby…

On a perdu Ben Laden, même si personne ne le pleure. Est-il vivant ? Est-il mort ? Est-il malade ? Est-il pauvre ? Est-il riche ? Possède-t-il une influence quelconque ? Est-il caché dans quelque grotte ? Est-il séquestré par un état quelconque ? Une chose est sûre, c’est la crédibilité du gouvernement américain actuel qui a disparue. A tel point que certains imbéciles se demandent si Oussama a jamais existé !

Le bon goût est mort, et c’est TF1 qui l’a tué… Mais ça on le savait déjà. Ce qui est plus risible, c’est que la télé-réalité n’en finit pas de mourir ! D’abord ça n’a jamais existé, puisque tout a toujours été truqué. Ensuite on s’aperçoit que ce sont les bonnes vieilles recettes à la Jerry Springer qui marchent le mieux : la plupart des émissions soi-disant novatrices ne font pas plus d’une ou deux saisons.

Enfin, la lettre E a disparu il y a longtemps du roman de George Perec, intitulé avec justesse et sobriété La Disparition. George Perec en a profité pour disparaître aussi, mais lui c’est normal. Je veux dire, c’était un magicien des mots ; alors la disparition faisait partie de son métier ! Et sur ces bonnes paroles, je vais disparaître à mon tour… jusqu’au prochain billet.