Goddamn hippies !
Je ne suis pas de ceux qui s’inquiètent de tout et de rien. On en rencontre de plus en plus, par exemple des gens qui s’inquiètent de l’eau. Est-ce qu’il va en manquer ? Est-ce qu’on peut la boire en ville ? Est-ce que cette eau contient les oligo-éléments nécessaires ? J’ai une nouvelle pour ce groupe particulier d’aquamaniaques : L’eau du robinet est potable sauf avis contraire, la vraie question est de savoir si vous pouvez payer la facture !
Il n’y a pas qu’eux, comme maniaques de la qualité. Il y a ceux qui s’inquiètent de celle de l’air, de celle du sol, de celle des nappes phréatiques (beaucoup ne comprennent pas le mot, mais ça n’est pas grave…) ; ils s’inquiètent des produits chimiques et autres pesticides (même s’ils sont bien contents de manger à leur faim des patates sans doryphores)…
Et puis il y a ceux qui s’inquiètent du sauvetage des espèces en danger. Bon, j’en ai déjà parlé plusieurs fois, alors je ne vais pas y aller par quatre chemins… Sauver les espèces en danger n’est rien qu’une tentative arrogante de plus pour contrôler la nature ! C’est un comportement touche-à-tout qui se fait passer pour de l’humilité, et c’est ce genre de choses que les partisans de cette cause sont censés combattre !
C’est pourtant d’une évidence à couper le souffle, non ? Ne voyez-vous pas que, quand on sauve quelque chose, on intervient exactement autant que quand on tue cette chose ? Saviez-vous que plus de 95% (je crois même que c’est encore beaucoup plus) de toutes les espèces qui ont vécu sur cette planète sont déjà mortes, éteintes, exterminées ?
Les dinosaures sont l’arbre qui cache la forêt, et il n’est pas prouvé qu’ils aient été éradiqués par un quelconque accident météorique… Et quand bien même, météorite ou pas, c’est bel et bien la sélection naturelle qui est à l’œuvre. Bref, toutes ces espèces sont parties pour jamais. Ce n’est pas de notre faute. C’est comme ça. On ne les a pas toutes exterminées, et il en reste encore plein !
Bien des gens pourtant raisonnablement intelligents (et ne croyant pas en une puissance supérieure, qui plus est) aiment à croire que la Terre est vivante, comme un individu, ou peut-être une sorte de grosse peluche… un doudou dont ils prennent soin et qui les rassure, et leur permet de dire qu’ils ne sont pas seuls… allez comprendre… Ces gens, donc, devraient dire que c’est le dessein de la Nature.
C’est comme ça que ça marche. Il apparaît de nouvelles espèces tous les jours. Si, si, je vous jure. On ne les voit pas forcément parce que personne n’y pense (encore faut-il les découvrir), mais il apparaît tous les jours grosso modo le même nombre d’espèces qu’il en disparaît… Soit environ 25 par jour ! Et ce, quel que soit notre comportement, peu importe que nous ayons contribué ou non à leur extinction.
Une espèce meurt ? Une autre prend sa place. La planète grouille suffisamment de vie pour qu’il y ait des survivants. Le poisson machin est en voie d’extinction à cause d’un polluant ? Pas de problème, son petit cousin le poisson truc prend la relève : il est immunisé. Nous apprenons tous à l’école comment s’opère la survivance des plus aptes (et parfois même en cours de biologie…).
L’exemple type est celui des éphémères de couleur beige dans les villes « noires » du temps du charbon… Je ne vous ferai pas l’insulte de rappeler cette illustration du principe de la sélection génétique. Autre pratique moins riante du phénomène de survivance des plus aptes malgré l’action destructrice des humains : les bactéries résistantes aux antibiotiques.
Vous savez pourquoi on n’a presque plus de coelacanthes et plus du tout de dodos ? Ce n’est pas à cause de nous, non madame. Ces deux espèces étaient déjà vraiment peu nombreuses, uniquement adaptées à leur tout petit microclimat, à leur niche précaire, comme les crétins des Alpes et les passereaux des îles lointaines. Elles n’étaient pas florissantes, à l’instar des pandas, léthargiques même dans leur habitat naturel.
Ce sont des espèces qui sont en train de s’éteindre, même si nous avons peut-être accéléré le processus de quelques décennies… Action qui provoque les accès d’une culpabilité toute citadine de la part de ceux qui n’aiment pas le sang versé (et c’est normal), mais qui n’est pas, je le répète, différent de ce que Mère Nature ferait d’elle-même. C’est vrai quoi, nous en faisons partie aussi, de la Mère Nature !
Question hypothétique : Un prédateur quelconque (ou mieux, un tigre en danger) tue un panda. Les écologistes vous diront que c’est la nature, donc bien, ou à peu près. Mais quand l’homme tue un panda, alors là, on ne sait pas pourquoi, c’est mal ! Oh, mais je vous vois venir. Vous allez dire que l’homme ne tue pas pour se nourrir. Ha ! Vous croyez que le glouton de Tasmanie se modère s’il n’a pas faim ?
Je n’approuve pas particulièrement la chasse pour le plaisir, je trouve ça extrêmement stupide. Mais il faut raison garder… De même, je suis entièrement d’accord avec l’écologie lorsqu’elle a pour but de permettre à l’homme de survivre, d’avoir de l’eau propre et de quoi manger. Mais je méprise et j’abhorre les gens qui ne réfléchissent pas deux secondes avant de prôner des… des…
Allez, appelons ça des éco-superstitions. Le terme est à la mode, entre éco-participation (un euphémisme pour « TVA supplémentaire ») et éco-sensible (un euphémisme pour « On a rajouté une étiquette parce que c’est emballé dans du papier recyclé moins cher, donc on vous le vend au prix fort parce que vous êtes prêts à raquer sans comprendre pour une cause qui paraît juste »).
Cette doctrine selon laquelle l’homme doit disparaître (en balayant derrière lui en plus !) pour sauver l’endroit où il vit… Je pense n’avoir pas entendu de croyance aussi aberrante depuis le dernier tract pour Monsieur Salif, Marabout Extraordinaire ! C’est comme si vous vous enfermiez chez-vous, assis sans bouger, en attendant de mourir de faim, pour ne pas user la porte de votre frigo.
Alors, pitié, s’il vous plaît, laissez les pandas partir dignement, pas d’acharnement thérapeutique.