En vrac, ça tue ration...

Cette année est une année polaire internationale. Aujourd’hui, c’est la troisième journée mondiale de lutte contre l’homophobie. Ségolène Royal est partie passer des vacances à Djerba pour une semaine. La Russie va entrer dans l’OCDE (Organisation de Coopération et Développement Economique, au cas où ça vous aurait échappé). Ingrid Betancourt est peut-être encore en vie.

Et tout le monde s’en fout.

Une année polaire internationale, c’est quand on dit à tout le monde qu’on va faire attention à la fonte de la banquise et au réchauffement planétaire. Ce n’est pas comme si, depuis des années, on ne proclamait pas à tire larigot des actions spéciales, journées écologiques, mouvements de soutien, expéditions scientifiques, et que sais-je encore…

Personne ne fait plus attention, surtout à un truc vide, blanc, chiant et très lointain.

Combien a-t-on de grandes causes nationales, de priorités nationales déjà ? L’emploi, le SIDA, l’éducation… Je ne sais plus. La lutte contre les discriminations en fait partie, d’où cette journée contre l’homophobie où, comme pour le reste, il ne s’est strictement rien passé en dehors de quelques associations confidentielles et d’une mention dans tel ou tel journal.

Déclarer, ça ne coûte rien, et ça fait plaisir aux gogos.

Que notre président tout frais soit parti sur le yacht de son copain riche et industriel faire la nouba après sa victoire, c’est un événement (encore que, pas mal de gens s’en fichent aussi, en définitive), mais Ségogole qui va au club-med « pour se réoxygéner », dit-elle, franchement, le peuple s’en bat les énormes couilles qu’il n’a qu’au sens métaphorique.

On se fout même de savoir si elle emmène sa femme, la Hollande, et ses gosses.

Au sujet de l’OCDE, je compte sur les doigts d’une main et demi celles de mes connaissances qui savent seulement ce que c’est et à quoi ça sert… Et savoir, plus de quinze ans après la chute du Mur, si la Russie y est ou non alors qu’elle collabore économiquement avec l’occident depuis longtemps, c’est légèrement superflu quand on voit ce que les russes font sur Internet !

L’OCDE, c’est le détail infime que personne ne comprend.

Et Ingrid Betancourt, qu’a-t-elle fait au juste ? C’est une française de l’UNESCO devenue sénateur en Colombie et qui a même créé son propre parti vaguement verdâtre. Qui le sait ? Qui s’en soucie ? Seul fait remarquable, elle s’est faite enlever en 2002 par allez savoir quelle faction. Mais cette année, on n’a pas eu le temps de s’occuper des républiques bananières : On essayait d’éviter d’en devenir une.

Ah lala, c'est malheureux, ma bonne dame, mais bon. Morte ou vivante, on zappe.

Alors bon, on peut déplorer que la mémoire du téléspectateur moyen soit celle du poisson rouge lambda. On peut déplorer le fait que les médias assènent, l’air important, de fausses nouvelles à un peuple abruti d’acronymes et de déclarations… Chaque brève se donne des airs de scoop, l’allure d’une Grande Première, de celles qui rentrent dans l’Histoire. Tintin, oui.

Gavé de futilités, c'est dur de voir ce qui dure.

L’avantage, si c’en est un, c’est que l’information est devenue comme un fast-food : A 13h, un genre de salade ou de club sandwich rafraîchissant de fausses nouvelles légères qui ne nourrissent pas, et à 20h un résumé avec un goût dense et prononcé, consistant, un hamburger de news avec un truc qui ressemble à de la viande, à des légumes, à du pain… Mais qui n’est presque que de l’intox.

Au moins sur Internet on peut choisir quoi grignoter.

C'est peut-être ça qui compte : Chacun choisit ce qui lui importe, parce qu'on ne peut pas se préoccuper de tout. Le problème, c'est quand quelqu'un choisit à notre place. L'affiche ci-dessous, de mai 68, semble aujourd'hui bien naïve. La surabondance apparente d'informations et de sons de cloches discordants, lesquels font les choux gras des journaleux friands de polémiques, ne fait que masquer l'essentiel.

Allez, ne les écoutez pas, il se passe des choses dans le monde, il suffit d'aller voir plutôt que d'attendre à domicile !