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Côté Beurre
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25 avril 2007

La Procure, 5

Le petit fonctionnaire moyen guette l’instant où l’aiguille des minutes atteint son point le plus bas, lui donnant licence d’aller verrouiller la porte d’entrée du tribunal d’instance : Entre midi et demie et une heure et demie, point de salut pour les justiciables. Celui qui a de la conscience professionnelle, moins pressé, ne guette rien, il attend que l’autre ait fait son petit manège. C’est plus simple…

Durant cette heure bénie, les parcs alentours se remplissent, les fast-foods font des affaires, les troquets voient leurs tables soudain envahies. Autour de ce havre syndico-intestinal, c’est l’heure de l’homme pressé. Entre midi et la demie, et juste avant deux heures, c’est le moment que choisissent pour effectuer leurs démarches tous les cadres et les employés de bureaux.

Telle femme, la midinette, doit absolument retourner au travail dans dix minutes, et elle est déjà en retard, alors elle écrit vite et mal. Cercle vicieux : plus elle se dépêche, plus elle fait de ratures, plus elle est frustrée, et plus elle se dépêche… Tel homme, le jeune actif aux dents longues du type qui se reposera quand il sera mort, paraphe expertement son formulaire d’une signature de vainqueur, faite et refaite.

Et puis l’autre jour il y a eu ce presque quinquagénaire en costume, élégant mais pas trop pour éviter de présenter mieux que le client. Il est arrivé frustré, stressé, mais encore aimable : Ayant l’expérience de ce genre de choses, il sait qu’il ne doit pas diriger sa colère vers ceux qui ne lui ont rien fait. Il voulait prendre des formulaires pour des procurations, comme beaucoup de gens mal informés.

A ceux qui ne le sauraient pas, il est impossible de remplir un formulaire chez-soi : la démarche se fait exclusivement sur place ou avec un officier de police assermenté si le mandant ne peut se déplacer. Mais je digresse… Voilà donc notre quadra (allez, je le rajeunis un peu par gentillesse) qui voudrait emporter quelques formulaires et se heurte au préposé et à la loi.

Après quelques explications, il s’est avéré que la procuration n’était même pas pour lui… Mais pour son patron. C'est l'homme pressé ultime, celui-là : Il est tellement à débordé qu'il n'est même pas là. Le quinquagénaire est reparti en disant "allons, bon…" , d’un ton faussement contrarié, mais avec un petit sourire en coin. Et visiblement soulagé. Ou goguenard…

Allez, c’est si tentant d’imaginer le boss…

Martine, un café ! Berthaud, il vient ce rapport ? Charlut, allez me faire une procuration, j’ai pas le temps !

Il y a tout de même des choses qu’on ne peut pas déléguer à un employé.

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Commentaires
J
Alors là je compassionne à l'extrème avec tous ces employés pressés!<br /> Merci pour ces jolis morceaux de sociologie de terrain. :)
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