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Côté Beurre
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6 mars 2007

J'aime pas les guitaristes !

Je m'aperçois que je me répands chez les autres... Ou plus exactement, je m'épands, je m'épanche sur les blogs de mes amis dans des commentaires parfois trop longs, parce que leurs billets me font réagir. C'est très bien, mais il me semble que c'est de la dispersion pure et simple, et qu'en attendant, ce blog-ci aurait bien besoin de cette solide matière, sous une forme à peine plus développée. Voici donc un billet d'humeur tiré de la substance d'un commentaire (sur le blog de Paf Ze Cat), revu et augmenté par mes soins...

Ce sont d’abord les cow-boys fringants qui m’ont fait réagir. Apparemment, il s’agit d’un groupe acoustique québécois bien innocent. Comme d’habitude avec les groupes de jeunes qui jouent de la guitare acoustique et ont des rythmes lancinants et des paroles engagées, c’est abject… Un peu comme ce que chantent, poing en l’air, les membres de cellules révolutionnaires communistes estudiantines, croyant avoir inventé la poudre alors qu’ils n’en ont même pas l’odeur et qu’ils seront tous de droite dans moins de cinq ans.

Je ne parle pas de l’Internationale, qui, au rang des chants révolutionnaires, s’en sort bien parce qu’elle reste littéraire… Non, je parle des cantiques des nouveaux bréviaires communistes ou reviennent les mots bourgeois, bandits, travailleurs, révolution, léniniste, voire même mort. Ne riez pas, il y en a encore… Il y en a toujours. D’ailleurs il y a bien des rues Lénine. Comment peut-on encore, en France, avoir une rue Lénine ? Cela me dépasse autant qu’une éventuelle rue Hitler ou Franco…

Rue Marx, j’aurais compris, c’est un théoricien politique et un historien, mais Lénine… La rue Lénine de Bagnolet contourne l'église, celle de l'île St Denis accueille les Verts (coïncidence ?)... Mais je digresse. Le fait est que la chanson des cow-boys fringants que j’ai fait l’effort d’écouter avait les mâles accents de révoltés de gauche, et pour cause, ils sont écolos. Ecologistes au sens français du terme, s’entend, c'est-à-dire vaguement à gauche du socialisme. Plutôt que de prétendre que le capitalisme viole et tue les innocents, ils prétendent qu’il détruit la planète.

C’est le genre d’alter-mondialisme à la mord-moi-le-MacDo que je déteste avec compassion, parce qu’ils participent du même principe que les racistes : Ils ont peur de ce qu’ils ne comprennent pas et préfèrent régresser qu’avancer, un peu comme les luddites ou les chrétiens scientistes… Avec en plus une dimension bourgeois bohème ! Oui, tout pour plaire, vraiment. L’anti-américanisme, l’alter-mondialisme, le non à l’Europe, le refus des OGM et des fringues chinoises, le démontage de fast-foods… C’est tendance.

C’est comme si ils voulaient vivre dans une France façon Amélie Poulain (voir mon billet à ce sujet), une espèce de rêve de parigot gouailleur ou Paris reste Paris, sans sa banlieue, cessant toute expansion… Dans lequel on revient dans les petits villages et ou chacun peut cultiver ses tomates, entre l’instituteur socialiste, et le brave paysan du terroir qui n’utilise même pas de pesticide ni de farines animales (et vend peu cher des produits gigantesques et savoureux, de toute évidence par miracle). On se prend à chercher Don Camillo !

Cet espèce de retour vers des années cinquante idéalisées et aseptisées, vers un équilibre gaullisme/communisme de bon aloi, vers une petite France comme il faut et repliée sur elle-même, tout ceci participe d’un refus hystérique de l’avenir, de l’autre, du reste du monde, en plus d’être faussement nostalgique. C’est tout ce que je déteste… Aujourd’hui, Jean-Marie Le Pen, Philippe de Villiers, Olivier Besancenot, Nicolas Dupont-Aignan, Arlette Laguiller et, bille en tête, José Bové, font leurs choux gras de cette retombée en enfance.

Et pourtant, quelle idée répandue que nous sommes, inexplicablement, une exception dans le monde, un pays autarcique, qui pourrait avoir à la fois le beurre et l’argent du beurre ! Vous savez bien, faire ses courses le dimanche mais ne pas bosser ce jour-là, exporter ses produits de façon libérale mais pousser les hauts cris dés que les chinois utilisent le même principe pour nous vendre des t-shirts, avoir une monnaie forte comme l’euro, mais sans le reste de l’Europe… Et soutenir les grévistes tout en hurlant à chaque fois qu’il y a une grève.

On veut une nourriture saine et abondante, mais sans OGM. Rappelons qu’il y a eu des études de faites sur les OGM, très sérieuses, et qu’il a été prouvé que certains OGM (pas tous) pouvaient, chez un pourcentage d’un groupe de souris qu’on ne nourrissait qu’avec ça, provoquer des lésions du foie et des reins. Cela tend à prouver que chez certains humains, en dix ou vingt ans à ne manger que des OGM, il pourrait y avoir un risque sanitaire… Comme avec tous les autres produits qui se trouvent sur le marché !

Je ne parle même pas des viandes aux hormones, des fruits couverts de pesticides, et des légumes aux graines ultra sélectionnées pour être infertiles, non, je vous parle du jambon à l’os qu’on achète chez le boucher et dans lequel on ne voit pas d’os… Pourquoi ? Parce qu’il s’agit de plusieurs morceaux de jambon collés à l’aide d’une enzyme alimentaire en une forme spécifique, jambonnesque, en usine. Vous ne me croyez pas ? Je vous mets au défi de trouver un porc qui a un jarret de la forme presque carrée de certains jambons !

Pourtant, la réputation des bouchers est irréprochable, et nul ne se plaint de ces petits écarts dans le monde de la malebouffe. Le fait est que si l’on veut une nourriture sans pesticides, sans enzymes, sans rien que du naturel, et issue en plus du commerce équitable, c’est aujourd’hui impossible à produire en quantité suffisante et en respectant les normes sanitaires de base. Et c’est une erreur de croire que les aliments que l’on a actuellement sont toxiques ou malsains… Moins sains, c’est possible, mais sains tout de même !

Il est même moins sain de manger des produits non sélectionnés. Avez-vous déjà goûté les racines noirâtres, rachitiques et amères de la carotte sauvage ? Berk. Et encore heureux que la vache naturelle, petite et sèche, n’existe plus, disparue grâce à des millénaires de sélection organisée par les hommes. Sans compter que si vous ne faites que manger n’importe quel produit, même sain, à l’exclusion de tout autre pendant longtemps, il est évident que vous allez en mourir. Il faut manger avec discernement, OGM ou pas.

Pour en revenir aux OGM, personne aujourd’hui ne peut savoir si c’est plus ou moins sain, toxique, et quelles conséquences cela pourrait avoir. Dans une ou deux générations, nous ne saurons peut-être plus, mais il est pour l’instant établi et reconnu par tous que ça se mange, et que c’est nutritif. Et ce qui est un peu nocif pour des souris aujourd’hui le sera peut-être moins demain, qui peut la dire ? Doit-on rappeler que le lait de vache était à l’origine toxique pour l’homme, mais que notre estomac s’est adapté en quelques siècles ?

Non, le problème avec les OGM est avant tout économique. Ceux qui contrôlent les OGM et risquent de le faire encore longtemps, pour les trente prochaines années au moins et jusqu’à échéance des brevets, ce sont certaines compagnies américaines (certains vous diraient les Américains dans leur ensemble, Bush et compagnie, encore une dérive raciste à mettre sur le compte des partisans de José Bové) en situation de monopole. Les agriculteurs du monde, pour acheter leurs graines, seraient obligés de les leur payer.

Le système des graines que l’on est obligé d’acheter chaque année à la compagnie qui les produit parce qu’elles sont infertiles, on n’a pas attendu l’invention des OGM pour le mettre en place. C’est dégoûtant, disent les agriculteurs, et on les comprend. C’est avant tout ce phénomène qu’ils combattent… L’aspect sanitaire et écolo, c’est la cerise sur le gâteau, c’est pour l’opinion publique. Ils aimeraient être communistes pour la production de semences et capitalistes quand il s’agit de les exporter ou de vendre les récoltes…

Tout ceci est d’ailleurs d’une hypocrisie sans borne : José Bové fait cette année un contre-salon de l’agriculture alors qu’il s’est très bien accommodé du salon les années précédentes. Il dit que c’est à la portée de tout le monde d’aller taper le cul des vaches et déguster les produits du terroir, et se targue de savoir ce qu’est la vie paysanne… Lui ! Ce fils de généticien et de professeur, cet homme éminemment politique ! Il ne possède une exploitation agricole que pour la montrer.

Ses ex-employés ont révélé que non seulement il est odieux et hypocrite avec son total look paysan à la moustache molle et à la pipe qui pue, mais qu’en plus il ne met jamais les pieds dans sa ferme. Il ne sait même pas conduire un tracteur ! De temps en temps il arrive sur ses terres comme un seigneur, il va voir un de ses ouvriers sur son tracteur et lui dit d’en descendre. Il monte dessus, met le contact, et arrive une cour de journalistes et photographes… Et après leur départ, il rend le tracteur à son employé !

Je ne nie pas que le réchauffement planétaire existe, encore qu’on puisse douter de l’interprétation et de la fiabilité de beaucoup de données… L’homme en est-il responsable ? C’est pour moi quelque chose de peu évident, parce que le réchauffement se poursuit à un rythme soutenu depuis bien avant l’industrialisation. Peu importe, c’est un point académique, il faut maintenant se concentrer sur notre adaptation à ce réchauffement. Mais qu’est-ce que les José Bové et consorts ont de prévu ? Nous sauveront-ils ?

Non. Evidemment non. Ils ont un programme (si on peut appeler ça un programme) purement économique, souvent protectionniste, et qui comprend l’interdiction des OGM, et donner de grosses amendes aux pollueurs. En quoi cela va-t-il corriger le tir en ce qui concerne le réchauffement climatique ? En rien. Cela ne va peut-être même pas empêcher qu’on pollue en France, et cela va grever les finances. Habituellement je ne fais pas de politique, et j’ai une dent contre tous les candidats, mais là, c’est d’une stupidité si évidente…

Les seules vraies solutions, pour reprendre l’expression journaleuse et politicarde consacrée, ne sont pas dans l’ajout de règles, d’impôts, de sanctions… Ce n’est pas en mettant un pansement plus large qu’on referme une plaie qui s’agrandit. L’éducation est la clé, la recherche est l’avenir, et c’est un tel cliché que je m’étonne que plus de gens ne le disent pas ! Economiser l’eau, éteindre les lumières pendant cinq minutes (ce qui permet aussi de faire péter les fusibles des centrales, d’ailleurs), faire des sommets, c’est bien joli… Mais inutile.

Ceux qui vont trouver les solutions, ce sont les scientifiques qui travaillent sur les nouvelles énergies et sur des moyens plus rentables d’exploiter les anciennes. Ce sont ceux qui font, pour le fric et le prix Nobel, des lave-vaisselle plus performants, des voitures plus jolies, de nouveaux combustibles, un meilleur piège à souris, et que sais-je encore… Qui oserait les taxer d’écologie ? Ils méprisent Greenpeace, sont ultralibéraux, et certains viennent de quitter la France pour une terre plus accueillante et un meilleur salaire, ou le droit de travailler !

On va encore dire que je mélange tout, mais c’est que tout est lié : Pour faire de la recherche il faut des moyens et des chercheurs, deux choses dont nous manquons en France. Passons. Je ne suis pas anti-écologiste (il faut bien tirer la sonnette d’alarme, après tout), je suis anti-con : Je suis pour ceux qui travaillent et qui cherchent, contre ceux qui manifestent et veulent une plus grosse part du gâteau, et surtout contre les imbéciles qui les suivent, manipulés. Ce sont eux les vrais exploités : Leur sentiment de révolte est une mine d’or médiatique.

Pauvres gens. Oh, il ne faut pas leur en vouloir, ils sont humains. Il est instinctif d’avoir peur du neuf et de l’inconnu, et nous vivons une époque où les passéismes sont forts et la réclame puissante… Oui, José Bové est à mettre avec les extrémistes, les intégristes religieux, il a la même démarche : Exciter la peur. A ceux qui en douteraient, songez qu’il se dit lui-même un rassembleur d’extrême gauche. Pourquoi cela fait-il encore recette dans le monde d’aujourd’hui ? Je ne sais pas vraiment.

C’est inexplicable : Le communisme est mort, il y a partout l’exemple d’extrémismes d’état ne menant jamais qu’à la dictature et à la misère généralisée, le libéralisme a visage humain gouverne le monde et, s’il n’a pas que des bons côtés (comme tous les régimes), il se trouve que jamais il n’y a eu, dans le monde, autant de maladies guéries, autant de gens nourris à leur faim, et autant de richesses créées. Il est vrai, ça n’est pas assez et ce n’est certes pas parfait… Mais quel est le bilan des extrêmes face à cela ?

Décidément, le nouveau visage de l’extrême gauche ne me séduit pas plus qu’avant, et je reconnais les mêmes yeux derrière un masque vert plutôt que rouge. Plus ça change et plus c’est pareil. A ceux qui me croiraient cynique, je réponds qu’au contraire je suis optimiste : Une fois de plus, c’est par le progrès et en dépit des dangereux obscurantismes que l’humanité pourra s’en sortir… Elle a cette étonnante capacité de régler au fur et à mesure les problèmes qu’elle se créé. Il en a toujours été ainsi, il serait présomptueux de croire le contraire.

Les_amours_secr_tes_de_L_nine__oui__c_est_un_vrai_livre

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Commentaires
E
Merci d'être un fan, Hervé... Patience. Je n'ai pas eu envie ces derniers temps, c'est tout... mais il reste en effet la cérémonie des hypocrites et celle des traitres dans le Jeu de la Haine ! Elles seront en tout cas faites et bien faites avant les présidentielles, pour que chacun puisse voter en connaissance de cause.
H
Salut !<br /> Toujours sympas tes billets d'humeur... Une question me taraude : qu'en est-il de la suite du grand jeu de la haine ? Il restait deux cérémonies, y-a-t'il trop de vainqueurs connus ? Ou as-tu décidé de mettre en suspens le résultat ?<br /> C'est pas que je suis impatient de savoir qui gagne à la fin. En fait si, je suis impatient, mais c'est pas vraiment poli pour toi.<br /> a une prochaine
E
Tu veux que je te dise ? Tu as bien raison.<br /> <br /> Je frôle l'amalgame... Et tu l'as fait remarquer, la chanson n'est pas le vrai thème du billet. Il est vrai que d'habitude je fais beaucoup moins politique, et c'est peut-être ce qui déclenche la polémique, aussi : Ce ton qui fait la spécificité de mon blog, et qui, parfois, exagère (exprès).<br /> <br /> Si ça pousse à la réponse et au débat avec des gens intelligents, tant mieux... Les cons haineux, on l'a bien vu, je m'en arrange.<br /> <br /> Mais il n'empêche que je déteste le message de la seule chanson des Cow Boys Fringants que j'ai écouté, et que son air est à mon oreille des plus horrifiques. Et finalement, ça n'est pas si à côté de la plaque que ça. Ils sont de toute évidence engagés, comme le montre la fondation qu'ils ont créée, voir leur site web tout de rouge vêtu.<br /> <br /> Mais ça ne serait pas les premiers guitaristes communistes à jouer de l'accordéon prolétaire. On aime ou on n'aime pas, moi je n'aime pas, et je connais des gens très bien qui aiment... Moi-même j'adore les icônes orthodoxes et les enluminures médiévales, pourtant je suis assez peu d'accord avec la Bible. Chacun ses goûts...<br /> <br /> Ce chant impie et blasphématoire aura au moins eu l'unique mérite de m'inspirer ce billet d'humeur.<br /> <br /> Ou va donc se loger l'inspiration ? Certains voient douze idées de romans dans la page cinq du journal du matin, et d'autres les accusent de ne pas faire attention à la "substantifique moelle" de la publication en question. Tant mieux pour les premiers, tant pis pour les seconds...<br /> <br /> A bon entendeur, salut.
P
Magnifique exposé, et je prends la peine de préciser que c'est sincère parcequ'on pourrait croire que je ne le suis pas, étant parfois adepte de l'ironie. Je suis comme toi, El, je crois beaucoup en la science, je suis scientiste ! euh non, scientifistique, scientifistologique ? euh bref...<br /> <br /> Juste un mot pour dire que j'ai beaucoup aimé le "scoop" sur l'ami Bové ^^<br /> <br /> A part ça, j'interviens surtout pour dire que tu frôle l'amalgame. Tu dis avoir fait l'effrot d'écouter une chanson, alors peut-être n'a tu même pas fait l'effort de te renseigner un minimum sur les Cowboy Fringants. D'abord, tout ce que t'en dis, c'est que c'est un groupe innocent de jeune qui chante sur de la guitare acoustique... <br /> Et bien c'est comme si je disais que Jules Verne écrivait que des romans sur des sous marins apres avoir lu le 4e de couv' de 20.000 lieux sous les mers : c'est malhonnête.<br /> <br /> Enfin bref, je ne vais pas discourir longtemps sur le sujet, puisque ce n'est pas vraiment ça, le thème du billet.<br /> <br /> Toujours est-il que les cowboy sont un groupe "engagé" mais intelligent (cf. Lettre à Levesque), avec une instrumentation complexe (harmonica, mandoline et kazoo sont au rendez-vous) et puis surtout, ils sont drole et leur musique est rythmé, ce qui est tout ce que je demande à une musique. Que les écolos tirent toutes les sonnettes qu'ils veulent, tant que je bouge la tête en écoutant du "bon son", je vivrais heureux ^^
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