Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Côté Beurre
Côté Beurre
Derniers commentaires
Archives
7 novembre 2006

Je suis un asocial démocrate

Le saviez-vous ? Nous avons un ministre de la cohésion sociale. Si ! Même deux. Nous avons Jean-Louis Borloo qui est Ministre de l'Emploi, de la Cohésion sociale et du Logement (les majuscules sont apparemment importantes, puisqu'elles sont notées sur le site du gouvernement). et nous avons Catherine Vautrin, qui est Ministre déléguée à la Cohésion sociale et à la Parité.

J'ai vérifié après en avoir eu vent aux actualités. Je pensais qu'un terme aussi flou, à la fois si restreint et aussi large que la cohésion sociale ne méritait pas de ministère. C'est comme si on faisait un ministère de la voie lactée, ou de la douleur : la cohésion sociale, c'est du ressort de tout le monde, non ? Précisément, tout le monde, donc tous les ministères. C'est d'ailleurs exactement ce qui se passe.

Quand il y a une grève ou une émeute (ce qu'on appelle pudiquement un "mouvement social", comme si un coup de poing était un "geste vindicatif" au même titre qu'un bras d'honneur...), qui appelle-t-on ? Eh bien, le ministre des Transports si c'est la SNCF, le ministre de l'Education Nationale si ce sont les enseignants, le ministre de l'Industrie si ce sont des ouvriers, et caetera, ad nauseam.
Et si c'est vraiment important, on appelle le Premier Ministre, et même si c'est mineur il ne se fait pas prier pour faire une déclaration. Dans tous les cas, comme la police est là, le ministre de l'Intérieur est de la partie, tout comme le Garde des Sceaux. On n'appelle pas toujours le Président, mais, la conjoncture étant ce qu'elle est, on appelle presque tout le temps Jean-Louis Borloo, ministre du Travail.

Pardon, pas "ministre du Travail", mais "ministre de l'Emploi". On s'en voudrait de confondre les deux lorsque tant de fonctionnaires sont payés à ne rien faire. Ils ont d'ailleurs un ministre de tutelle, celui de la Fonction Publique, qui est censé s'occuper de tous les fonctionnaires administratifs qui ne dépendent pas du ministère où ils travaillent ou d'un autre domaine du gouvernement.
D'ailleurs c'est un terme politisé, "emploi" plutôt que "travail". Travail, ça fait de gauche... Mais peu importe. Alors à quoi sert la ministre déléguée à la cohésion sociale ? Mais à rien voyons, sinon à prendre les coups médiatiques à la place de Jean-Louis Borloo, comme, dans une certaine mesure, Gérard Larcher, le ministre délégué à l'Emploi, au Travail et à l'Insertion Professionnelle des Jeunes.

Il existe quantité de ministres comme ceux-là, qui sont là pour faire joli, et qui, selon l'expression consacrée, "cherchent leur bureau". C'est caricatural, mais à peine. Ils travaillent en général dans le même bâtiment que le grand ministre qui s'occupe réellement du problème, surtout s'ils sont secrétaires d'état ou délégués. Selon l'époque, selon le cabinet, les titres et le nombre de ministères change.
Ce sont ces ministres pour rire, aux titres à rallonges, totalement transitoires, nommés pour être dans l'air du temps et pour que les vrais ministres puissent refiler le bébé à quelqu'un quand il y a une tâche ingrate ou un blâme à donner. Cela amuse tout le monde, rassure les Français, et fait du remplissage dans le Journal Officiel. Oh, il arrive qu'ils aient effectivement du travail, mais c'est assez rare !

Par exemple, François Baroin, qui avait fait parler de lui il y a quelques années, est ministre de l'Outre-Mer. Un poste de peu de responsabilités : l'Intérieur s'occupe de la contrebande, les Transports s'occupent du tourisme, et ainsi de suite. Pourtant, lors de l'épidémie récente de cette maladie au nom imprononçable, il s'en est occupé. Ou a fait semblant en attendant le ministre de la Santé...
Le rôle d'un ministre pour rire est surtout de rassurer les pauvres gens pour laisser aux "grands" le loisir de travailler, si j'ose dire. Exemple type, le ministre délégué à la Sécurité Sociale, aux Personnes âgées, aux Personnes handicapées et à la Famille, qui est en fait l'âme damnée du ministre de la Santé (on a d'ailleurs rajouté "et des Solidarités" au titre du ministre de la Santé, histoire de dire).
Autre exemple, le ministre délégué au Tourisme n'est que le succédané du ministre des Transports (nous en parlions, justement), de l'Equipement, du Tourisme et de la Mer. Sachant que la Défense Nationale s'occupe naturellement de l'aspect militaire de ce qui se passe sur mer, y compris les sauveteurs et garde-côtes, et que l'Intérieur s'occupe de la police maritime et des douanes.

Ces recouvrements de juridiction, ces points de contacts entre ministères, ils changent à chaque nouveau cabinet, chaque nouveau gouvernement... Sauf pour les grands ministères. C'est normal, cela fait partie du jeu. Pour plaire aux anciens combattants, on leur nomme un ministre, qui n'aura rien à faire d'autre que répondre aux lettres des petites vieux et les transmettre à la caisse de retraite.
Pour plaire aux femmes on nomme un ministre de la condition féminine (aujourd'hui disparue, remplacée par la même Catherine Vautrin, qui s'occupe de la parité), en général une femme. Pour plaire aux maires et aux préfets pendant que le petit Nicolas fait le beau, on nomme un ministre délégué aux Collectivités territoriales. Leur seul vrai boulot c'est de faire tampon, et transmettre si c'est important.

Mais parfois, quand même, ça se voit trop que c'est pour rire. Désormais, et c'est une tradition, il faut que le gouvernement comporte obligatoirement au moins un ministre maghrébin d'origine. Il y a quelques temps, je crois me souvenir que c'était une jeune algérienne de la seconde génération. Ces jours-ci c'est Azouz Begag, le romancier. Tout le monde se demande ce qu'il fout là.
Et lui aussi d'ailleurs : Il a essayé d'émettre des critiques à l'encontre de certains autres ministres (notamment, encore lui, Nicolas S. de Neuilly, avec qui il est bien obligé de travailler), mais on l'a rabroué. Médiatiquement parlant, l'auteur du Gone du Chaaba ne fait plus vraiment recette : on a l'impression qu'il est passé à l'ennemi en saisissant sa chance de "changer les choses de l'intérieur".

Il est rare que ce genre de ministre ait son mot à dire sur les dossiers importants. L'étymologie du mot ministre n'a jamais été aussi bien respectée : Ce sont des serviteurs. D'ailleurs c'est précisé dans le titre, "délégué". Avant on disait même "secrétaire d'état", comme si ces gens n'étaient bons qu'à dactylographier. Quand on élimine un de ces ministères, il n'est que réabsorbé par celui dont il dépendait.
Ne me faites pas dire ce que je n'ai pas dit, pour devenir ministre, même tout petit, il faut quand même être raisonnablement qualifié : Un bon gestionnaire ou quelqu'un d'arrivé (arriviste ?)... Mais si tout se passe bien et qu'on ne fait pas de vagues, c'est la planque et la machine fonctionne toute seule. Le personnel ne change pas, d'ailleurs, quand change le ministre, même pour les "grands".

Mais pour en revenir à la ministre de la Cohésion sociale et de la Parité, rien qu'en entendant son titre j'ai pouffé de rire. Cohésion sociale ? Ce ministère discret existe depuis le début du gouvernement De Villepin, et a survécu aux grèves et aux émeutes multiformes, et on ose dire qu'il y a une cohésion sociale ? Aujourd'hui ? En France ? Laissez-moi rire. Si ce ministère existe, il ne fait pas son boulot.

Du reste, je n'ai aucun élan mou et gluant qui me pousse à dire que tous les hommes sont des frères. J'ai déjà du mal à supporter certains oncles, alors... Je n'ai pas très envie de me mêler aux gens qui ne sont pas de mon milieu, et je désapprouve totalement les 90% des grèves, égoïstes et stupides. Les autres m'indiffèrent légèrement. Et je ne parle pas des impôts et des minorités aliénées...

Cohésion sociale ? Croire que j'ai quoi que ce soit de commun avec cette pouffe de Ségolène ? Ce rat de Nicolas ? Ce vieux bulot de Chevènement ? Ce con de Le Pen ? Ce crétin de Besancenot ? Le mari alcoolique de ma concierge ? Les pensionnaires de la Santé ? C'est possible, en effet. Mais je m'insurge, je récuse : Ce n'est pas parce que je pète comme le Pape qu'on doit me confondre avec lui.

La_Cicrane_Politique__par_Pit_et_Rik

Publicité
Commentaires
Publicité
Newsletter
Côté Beurre
Publicité