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Côté Beurre
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3 octobre 2006

Conte pour enfants pas bien dans leur tête

La vieille et les petits enfants

            Il y avait dans un certain village à l’orée d’une certaine forêt dans une certaine contrée, un seul bûcheron. Cette pénurie, loin d’affecter les habitants, ne les choquait point : il en avait toujours été ainsi. Puisqu’il n’y avait qu’un seul charpentier, un seul menuisier, un seul prêtre, un seul meunier, un seul boulanger, pourquoi eut-il fallu plus d’un bûcheron ? Malgré tout, il fallait fournir en bois tout ce beau monde.

b_cheronLe bois était essentiel, pour la construction et le chauffage, pour le feu de la forge et le four du boulanger. Comme personne d’autre ne faisait le travail pour lui, il était le seul à s’aventurer dans la sombre forêt qui bordait le village, et encore ne coupait-il que les arbres à partir de l’orée. Le bûcheron devait donc travailler d’arrache-pied du matin au soir… mais il gagnait mieux sa vie que la plupart des bûcherons.

            Chaque soir, il rentrait si fatigué qu’il n’avait qu’un regard pour sa femme et ses enfants, au repas, avant de s’endormir. Du fait qu’il n’était point présent souvent et qu’il dépensait peu lui-même, il donnait toujours à sa femme plus d’argent qu’il n’en fallait. Celle-ci gâtait leurs deux enfants et faisait pour les repas des dépenses somptuaires, fournissant à la maisonnée viandes trop grasses et sauces trop riches.

            Les deux enfants, un jumeau et une jumelle qui passaient leur temps à dormir comme s’ils étaient confits dans la graisse, manquaient des leçons qu’un père peut donner. Ils étaient donc ignares et analphabètes. Oisifs et paresseux comme des chats, ils n’avaient connu que l’abondance. Il leur était aussi facile d’obéir à leurs parents que de leur désobéir puisque leur tendre mère ne les punissait jamais, aussi ne se préoccupaient ils pas du bien ni du mal.enfant_ob_se

            Un jour que leur mère houspillait une servante, les deux enfants s’éloignèrent de la maison sans s’en apercevoir ; leur mère n’avait pourtant détourné d’eux son regard que le temps qu’il y a entre deux sons de cloche après la messe, mais les enfants trouvent des moyens que les grandes personnes ne soupçonnent pas. Le garçonnet et la fillette se retrouvèrent donc perdus dans la forêt.

            Ils ne savaient pas comment rentrer à la maison, lorsque la petite fille eut une idée : « Petit frère, petit frère, ne pourrions-nous pas revenir sur nos pas en semant des miettes du pain doré que notre mère nous donna pour le goûter, ainsi nous saurons si nous tournons en rond ? » Ce sur quoi le frère répondit : « Petite sœur, petite sœur, on ne peut pas, ne te souviens-tu pas que nous avons dévoré notre goûter jusqu’à la dernière miette dés qu’on nous l’a donné, comme toujours ? »

            Se rendant à l’évidence, ils se mirent à pleurer. Comme l’heure avançait, ce qui n’était pas le cas pour les pleurs, ils finirent par se lever et marcher droit devant eux, songeant qu’ils arriveraient bien quelque part. Après s’être enfoncés profondément dans la sombre forêt, bien plus loin que les endroits où leur père défrichait habituellement la flore, ils atteignirent une clairière alors que le soir tombait. Au milieu de cette clairière, il y avait une hutte, et de la cheminée s’échappait de la fumée.

            C’était la hutte d’une toute petite vieille femme qui n’avait plus de famille. Elle se languissait à force d’être seule, et elle tricotait des hardes qu’elle allait vendre une fois le mois au marché. Elle n’avait presque plus de dents et ses cheveux filasses étaient rares. Presque sénile, elle avait un prénom chrétien dont personne ne se souvenait, si bien qu’on l’appelait « la vieille », tout simplement, ou « la sorcière » quand elle n’était pas là.

            Sa hutte était faite de bouse séchée, comme il est de coutume pour les indigents dans ces contrées car il s’agit d’un matériau peu cher. Les jumeaux n’avaient jamais rien vu de tel : ils ne connaissaient que la belle maison en pierre chaulée de leurs parents, et les quelques demeures à colombages qu’ils avaient aperçu au village les rares fois ou leur mère les avait emmené, pour les jours de foire.

Hansel_et_Gretel            Comme ils étaient gourmands et constamment affamés, ils crurent que la maison était faite de chocolat et de massepain, à l’image de la crèche comestible qu’on leur offrait chaque Noël. Ils coururent vers le mur le plus proche et en détachèrent de gros morceaux pour les manger. La vieille, qui n’était point sourde, sortit aussi vite qu’il lui était possible de sa hutte, c'est-à-dire avec une certaine lenteur. Elle vit que les immondes pourceaux avaient déjà bien entamé leur travail de sape. Comme tous les gloutons, ils avalaient d’abord et se préoccupaient ensuite du goût…

            Mais il arriva ce qui devait arriver, et les deux enfançons se mirent vite à vomir en se tenant les flancs. Toujours expectorant, sales, gras et puants, couverts de bouse, le garçonnet et la fillette avisèrent la vieille et prirent peur, car ils avaient entendu trop d’histoires à dormir debout : « Pitié, méchante sorcière, ne nous mangez point, et levez le sort qui nous donne mal au ventre ! » Dirent-ils avec empressement.

            Leur stupidité crédule, ainsi que les racontars que leurs parents avaient inventé pour les dissuader de quitter la maison, leur disait que toute forêt digne de ce nom regorgeait de sorcières. Les hurlements de la vieille échevelée qui tentait de les frapper mollement à coups de cannes ne faisaient que confirmer leur opinion… Ils répliquèrent donc aux coups de la vieille en se lançant sur elle, la poussant et la tirant de plus belle.

            La vieille, essoufflée, était fort âgée et amaigrie par sa vie de recluse. Elle se crut face aux démons de l’enfer, et n’eut plus qu’à mourir devant le spectacle affligeant qu’offraient ces deux petits rats démoniaques venus dévorer son humble demeure. Les deux enfants hurlèrent et pleurèrent tant et plus, mais les faits étaient là. Lorsqu’ils eurent vomi et que leur nausée fut quelque peu chassée, ils couchèrent dans le lit de la vieille.

            Ne sachant que faire du cadavre de l’ancêtre, ils le laissèrent sur le pas de la porte. Ne sachant comment cuire les provisions de fruits et de viande que la vieille avait accumulée, ils les mangèrent crues le lendemain, car l’appétit leur était revenu. Ne sachant comment faire sans domestiques et sans nourrice, ils ne se lavèrent point. Ne sachant comment puiser de l’eau, ils burent aux flaques croupies qui se trouvaient là. Ne sachant où aller, ils restèrent sur place jusqu’au soir.

            Le soir, leur père les retrouva enfin, car il avait fouillé les environs tout le jour. Hélas, il était trop tard pour ses deux enfants : ils moururent la honte au front, pleins de coliques et de bubons. Certains parlèrent de la peste, d’autres du choléra, et d’autres encore de la malédiction de la sorcière, toujours est-il que leur mère mourut de chagrin, que leur père se pendit, et que bien des gens au village tombèrent malade.Ta_m_re_suce_des_bites_en_enfeeeeer__

            Les autres s’en allèrent vivre ailleurs : chacun tombait malade ou partait, et plus personne n’avait de bois. La légende dit que la peste les emporta tous, et quelque mauvaise langue raconta même que la terre s’ouvrit sous les fuyards, et que c’était la vengeance de la méchante sorcière sur les enfants innocents qui l’avaient poussé dans son four. Ou quelque chose de ce genre…

Mais à la vérité quelques familles furent épargnées, sans lesquelles personne n’aurait eu vent de cette histoire. La morale en est d’abord qu’un village qui n’a pour chaque métier qu’un maître et pas d’apprenti n’attend qu’une chose : que la mort vienne les prendre et avec eux le reste du village. Ensuite, que les enfants trop gâtés et mal élevés n’amènent rien de bon, et qu’il vaut mieux instruire sa descendance que lui amasser du bien. Enfin, que le monde est cruel et sans moralité aucune, tout spécialement pour les vieilles qui n’ont rien demandé à personne.

Finis

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Commentaires
C
Ton conte est... affreux.<br /> <br /> un peu bordelium hein, les momes n'y comprendraient pas tout ^^
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