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Côté Beurre
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28 août 2006

Tel est prière qui croyait prendre aujourd'hui

Il est de notoriété publique qu'il n'y a que la foi qui sauve. C'est à dire, qui sauve l'âme. Pour le corps, ça reste à voir... Nul n'a besoin d'être grand clerc pour constater que la "divine providence" n'a rien de rousseauiste. L'univers fait que la bonté et la foi ne sont pas des facteurs de survie, et que la justice "immanente et strictement distributive" c'est pas pour tout de suite.
Tout de même, on peut attribuer à la foi quelques vraies rédemptions... On sait des histoires de criminels, d'alcooliques, de drogués et autres joyeux drilles ayant renoncé aux vices de leurs jeunes années pour se tourner vers la religion. Ceux qui ont perdu la foi sont généralement pessimistes, et guérissent moins vite. Il n'y a pas de miracles, juste l'effet Placebo.
Le problème, c'est quand quelqu'un de très croyant est atteint de maladie grave et se sent comme Job, injustement puni par Dieu. L'histoire de Job n'est justement d'aucun réconfort dans ce cas-là, puisque la seule réponse qu'on lui fait c'est "c'est vrai, tu ne le mérites pas, mais c'est un genre de test, une épreuve, car tel est mon bon plaisir : mes voies sont impénétrables."
Dépression, rage, peur, doutes, abandon... Selon les personnes, cela peut vraiment beaucoup jouer sur la guérison. Tiens, en parlant de ça, vous savez pourquoi on doit systématiquement demander "ça va ?" à un malade grave ? Pour qu'il réponde "ça va" machinalement, de ce fait allant mieux, selon la méthode Coué... Et s'il répond non, c'est qu'il est encore assez en forme pour se plaindre.
Oui, la prière a donc un pouvoir, au moins d'une certaine manière. Mais qu'en est-il du pouvoir sur autrui ? Eh bien figurez-vous que des études ont été menées cliniquement et à grande échelle dés les années 80, avec des groupes de prières chrétiens (chaque groupe d'une confession différente) qui priaient "intensivement" pour un groupe de malade tiré au sort, l'autre étant le groupe témoin.
La première de ces études, sponsorisées à grands frais en Amérique, montrait que ceux ayant fait l'objet de prières étaient moins sujets aux complications et guérissaient plus vite que les autres. Néanmoins, il fut plus tard prouvé que le "scientifique" derrière tout ça était un arnaqueur connu sous plusieurs identités, avec un casier judiciaire... Voilà qui manque de rigueur dans le protocole expérimental.
La dernière étude en date, citée par le American Heart Journal (le must en cardiologie...) est d'ailleurs plus complexe : il s'agit de tester les effets de la prière sur trois groupes tirés au sort de patients atteints d'affections cardiaques similaires ou de même gravité (c'est déjà mieux que "des malades graves") : un groupe témoin pour lequel on ne prie pas, et deux autres pour lesquels on prie.
Le premier de ces deux groupe n'est pas au courant que l'on prie pour lui, ce qui évite de "polluer" les résultats par un éventuel effet Placebo (ou Nocebo, c'est à dire l'inverse, un effet psychosomatique nocif). Le second, pour mesurer cet éventuel effet, est parfaitement au courant que des groupes de chrétiens de confessions différentes prient avec ferveur pour sa guérison.
Eh bien les conclusions sont édifiantes : la prière, c'est de la blague, et le pouvoir divin, on n'en a pas vu de trace notable. Non seulement la prière sous cette forme n'a aucun effet sur le groupe qui ne sait pas qu'on prie pour lui (les statistiques sur la mortalité, les rémissions et la fréquence des nouveaux infarctus sont sensiblement les mêmes), mais elle a un effet nocif sur l'autre groupe !
Forcément. Vous imaginez-vous gravement malade, alité à l'hôpital, lorsqu'on vous informe que des tas d'inconnus prient pour vous chaque jour histoire que vous n'ayez pas de complications ? Moi ça me flanquerait les boules. Alors un type qui va avoir un pontage, vous pensez. Les scientifiques expliquent ce fait par le stress de se savoir malade au point d'avoir recours à des groupes de prière...
Ce sont les commanditaires de l'étude qui ont dû être sacrément déçus. Voire même douchés. Il faut vous dire que ces expériences sont financées en majorité par des associations religieuses (arnaques ou pas). Cette dernière étude a coûté 2,4 millions de dollars selon le New York Times, ce qui n'est pas rien, en majorité déboursés par la Fondation scientifique religieuse John Templeton.
Ledit John Templeton, self-made-man de Wall Street, ne désavoue point ces conclusions, ou du moins ne l'aurait pas fait (Il a maintenant plus de 93 ans, s'il n'est pas mort...) parce qu'il a créé sa fondation (et son prix) pour la recherche scientifique sur "les réalités spirituelles" dans un esprit d'ouverture. On ne peut pas en dire autant des athées forcenés, ni des fanatiques.
Finalement, les plus ouverts de tous, ce sont encore les arnaqueurs : ils s'en foutent, ils choisissent le camp ou il y a le plus de fric.

Albrecht_D_rer__mains_en_pri_re

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