Etalon Noir

Le monde a tout de même bien changé. Aujourd'hui, c'est un conflit armé et la rareté projetée des carburants fossiles qui fait augmenter les prix du pétrole, et donc, pour parler vulgairement, créée une économie qui pue la mort. Encore que le pouvoir d'achat et le niveau de vie, ainsi que la variété, l'accessibilité et la sophistication des produits de luxe aient tous augmenté... Du moins par chez-nous.
Qui se souvient du temps où la publicité disait "Nous, on n'a pas de pétrole, mais on a des idées" ? Encore plus loin, qui se souveint des privations de la guerre, qui ont répandu dans nos chaumières les ersatz tels la Margarine, le Tang, le Spigol, sans compter cet infâmie céréalière qu'on appelle tapioca ? Qui se souvient de la crise américaine du Gold Standard en 1908 ?
Cette crise, il est bon de le rappeler, était due à l'abandon par les Etats-Unis de l'Etalon Or au profit de l'Etalon Or et Argent. Le fait pour l'état de pouvoir garantir un poids en or pour la monnaie empêche sa dévaluation excessive, car l'état ne peut émettre plus de monnaie qu'il ne possède d'or. Garantir "soudain" la monnaie avec de l'argent ET de l'or créait une peur de la dévaluation...
De plus, ce système est compréhensible par tous et certain : vous pouvez aller échanger vos billets contre de l'or, en théorie, et tout mettre dans votre bas de laine sans avoir besoin de faire confiance aux banques. Un déficit public se traduit par moins d'or, donc moins de monnaie en circulation, donc les prix baissent... Et le système s'équilibre. Du moins en théorie... Mais ça n'est pas toujours vrai.
Pensez que nous n'avons à présent dans le monde presque que des monnaies fiduciaires. C'est à dire que leur valeur réelle est modulable et fluctue sans cesse, comme le pouvoir d'achat : nous n'avons que la "parole d'honneur" du gouvernement pour garantir que la monnaie vaut quoi que ce soit. Ce qui n'est pas grand chose. On rigole même doucement quand on y réfléchit cinq minutes.
Mais ça a l'air de marcher. Jusqu'à un certain point. Pour l'instant. A peu près. Ahem...