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Côté Beurre
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22 août 2006

O, for a muse of fire...

Vous êtes-vous déjà posé la question de comment bien démarrer un billet d’humeur ? Ou n'importe quel texte, à ce compte là ? Le vertige de la page blanche est un mal qui affecte presque tout le monde, écrivains, journalistes, bloggers, ou le quidam que la nécessité force encore à écrire un argumentaire quelconque. On s'en débrouille comme on peut, il faut bien commencer.
La solution de facilité, qui interpelle toujours le lecteur et le plonge ipso facto directement dans le sujet sans passer par la case "exposition", c’est de commencer par une question. Vous savez bien, comme ce billet. Comme ce que je fais tout le temps. La question en introduction est une technique vieille comme le monde, et qui marche dans toutes les bonnes dissertations y compris celles du BAC.
D'ailleurs ça s'apprend. Enfin, disons que les professeurs sérieux l'enseignent, et que d'autres apprennent sur le tas. Certes, il faut savoir la choisir pour qu’elle corresponde au sujet : si la question est à côté de la plaque, ça se voit tout de suite et le lecteur (ou pire, le correcteur) ne continue même pas. Mais elle reste l’outil d’un esprit trop indolent pour trouver une bonne accroche.
Pour un auteur parfait, point n'est besoin d'employer le mégaphone de la question pour crier un vulgaire "Hé, toi, là ! Oui, toi ! T’as déjà vu ça ? Lis, ça, reste sur ma page, continue mon bouquin, achète mon journal, vote pour moi, regarde moi dans les yeux Je te promet que c'est du neuf, que c'est du bon, du frais, du tout chaud, que c'est pour toi exclusivement, pas pour ton voisin…"
Et assimilés. C'est exactement ce que fait une question : elle fait s'arrêter le lecteur. Elle tente même de le faire réfléchir, si elle est bien posée. Poser une question, c'est transgresser la règle du "ce que je lis, ce n'est pas moi", comme si vous étiez en face du lecteur... Dans une conférence... Nenni, dans un entretien privé. On fait croire au lecteur qu'il est seul, que c'est personnalisé.
Il est évident, pourtant, que l'auteur ne connaît pas le lecteur, qu'il s'adresse au plus grand nombre ! Le fait est limpide, le lecteur ne va pas répondre à la question, surtout que l'auteur s'en contrefout... Ce qui l'intéresse c'est que, peut-être, le lecteur va se poser la question à lui-même, ou, s'il est familier avec le sujet, mieux s'identifier à ce qu'il y a dans le texte, que ce soit un héros ou une situation.
C'est une sacrée épine que l'auteur s'enlève du pied, mais par une paire de pinces à épiler un peu grosse. Et je n'ai pas honte de le dire, je le fais TROP souvent. On ne me le reproche pas... Pas encore. Que dire ? Je ne suis pas William Shakespeare, qui invitait à l’indulgence les spectateurs de ses pièces avec un tel talent qu’on cite souvent ses premières tirades pour elles-mêmes.
Je ne sais pas le faire... Et ça ne servirait de rien, ici. Ce sont des billets d'humeur, le style relevé des antiques et les vers de la Pléiade en sont nécessairement absents. Il faut être court, il faut être incisif, ou alors détailler lorsqu'on est trop long. Et surtout, il faut pondre, pondre, pondre, chaque jour. Sans prétention, mais aussi sans faute. C'est du sketch, du coup de gueule, du "le saviez-vous ?"...
C'est sûr, ça m'agace d'y recourir aussi souvent, au début-question. Autant que vous, sinon plus. Mais la solution de facilité, c'est comme la fausse modestie, déjà très bien. Elle a l'avantage de ne pas laisser le problème en suspens, de dispenser de prolégomènes superfétatoires et amphigouriques (du genre des mots que je viens d'employer, quoi), et de tout de suite passer au vif du sujet.
Libre à vous de me trouver mauvais, ou trop long, ou trop péremptoire... On me l'a encore dit récemment, c'est la raison de ce billet. Mais je vous signale que je ne me casse pas non plus. Je n'écris pas des joyaux de concision, ni des diamants stylistiques, même si j'ai parfois la prétention de faire des perles (de culture). En fait, un billet écrit ici est rarement une perle de quoi que ce soit.
Je réitère donc ce que j'ai dit quand j'ai commencé à Blogger : Personne ne vous force à lire. Pas plus qu'on me force à écrire. Je fais ça pour m'amuser, pas pour de l'argent (c'est gratuit des deux côtés), pas pour avoir des commentaires (même si ça fait plaisir), pas pour qu'on corrige mes coquilles (pour ceux qui n'ont que ça à foutre...), pas pour compter le nombre de visiteurs...
Juste parce que j'ai envie d'écrire ça.
Point, barre.
Et, comme disait l'Immortel Barde de Stratford-Upon-Avon, je vous Merde.

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Commentaires
M
Chouette ! J'aime bien voir les ficelles des autres, moi !<br /> Je te merde aussi, na !
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